Au Kenya, la chasse aux chrétiens est lancée
Les jihadistes somaliens (Shebab) font payer à Nairobi son intervention armée en Somalie. Il faut savoir que le Kenya est à 82,5% chrétien.
- Publié le 02-12-2014 à 17h28
- Mis à jour le 03-12-2014 à 13h38
Pour la seconde fois en deux semaines, les jihadistes somaliens, les Shebabs, ont tué des dizaines de personnes, dans le nord-est du Kenya, pour la seule raison qu’elles n’étaient pas musulmanes. Trente-six ouvriers d’une carrière près de Mandera, à la frontière avec la Somalie, ont en effet été attaqués dans la nuit de lundi à mardi et tués d’une balle dans la tête, d’autres décapités. Plusieurs personnes ont disparu.
Le 23 novembre, un bus quittant Mandera avait déjà été attaqué par une septantaine de Shebabs, qui avaient séparé les musulmans des autres et tué ces derniers d’une balle dans la tête. Les 28 morts étaient, pour 24 d’entre eux, des enseignants et 3 étaient médecins. Six syndicats de médecins, enseignants et fonctionnaires ont appelé leurs membres à quitter le nord-est - ce qui accroîtrait encore la misère dans cette région particulièrement sous-développée du Kenya.
Pays à 82,5 % chrétien
Comme la côte kényane, la région proche de la frontière somalienne est majoritairement musulmane et les chrétiens y sont souvent originaires de plus au sud de ce pays qui compte 82,5 % de chrétiens.
Le Kenya a commencé à être aspiré dans la violence somalienne lorsque les Shebabs somaliens, qui trouvaient refuge auprès de la population kényane d’ethnie somalie, y ont fait du prosélytisme. Plusieurs rapts contre rançon ont poussé Nairobi à intervenir unilatéralement en Somalie en octobre 2011; cette opération armée a ensuite été "légalisée" en incluant le contingent kényan en Somalie dans la force d’intervention étrangère officielle.
Celle-ci a remporté des succès contre les Shebabs en Somalie, qui ont "puni" Nairobi par des attentats de plus en plus nombreux. Le plus spectaculaire fut, en septembre 2013, l’attaque d’un centre commercial de Nairobi (67 morts).
Elu président quelques mois plus tôt, Uhuru Kenyatta avait promis d’assurer la sécurité de ses compatriotes mais - que ce soit par incompétence ou parce qu’il était trop occupé à se défendre devant la Cour pénale internationale (CPI) avec son vice-président, William Ruto, qui les accuse des massacres interethniques de 2007 - il n’a rien fait. L’été dernier, plusieurs attaques contre des localités de la côte - musulmane - près du touristique archipel de Lamu, avaient fait une centaine de morts et laminé l’industrie touristique.
Alors que la responsabilité présidentielle était mise en cause, ces derniers jours, le ministre de l’Intérieur et le chef de la police ont été remerciés mardi.