JUSTICEViolences sexuelles dans l'armée: 66 cas recensés par la cellule Thémis

Violences sexuelles dans l'armée: 66 cas recensés par la cellule Thémis

JUSTICEA une immense majorité, les victimes sont des femmes...
Un soldat français
Un soldat français - Joël Saget AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

La cellule Thémis, mise en place pour prendre en charge et accompagner des victimes de violences sexuelles dans l'armée, a été saisie de 66 cas depuis sa création à la mi-avril, a annoncé le jeudi son responsable.

«Elle a été saisie au total 192 fois mais les deux-tiers des appels concernaient des problèmes de harcèlement moral au travail» qui ne relèvent pas d'elle, a indiqué le contrôleur général Bernard Ducateau lors du point de presse hebdomadaire du ministère de la Défense.

Thémis s'est saisi du tiers restant, soit 66 dossiers au 1er décembre, concernant des situations de harcèlement sexuel ou des violences et des discriminations sexuelles.

Des femmes victimes dans 88% des cas rapportés

Sur ce total, 83% portent sur des personnels militaires, 17% sur des personnels civils et la grande majorité des cas (88%) concerne des femmes. Les victimes contactent le plus souvent la cellule par téléphone (50% des cas) ou via l'intranet du ministère (32%).

«Thémis permet aux victimes de passer outre la chaîne hiérarchique (...) On guide les victimes, on conseille le commandement. Thémis c'est aussi de la prévention et sensibilisation sur ce sujet très grave», a expliqué Bernard Ducateau. La cellule peut aussi réaliser des enquêtes, les contrôleurs généraux qui y travaillent ayant un pouvoir très important et agissant au nom du ministre.

La grande majorité des dossiers –53 cas sur 66– concernent des faits antérieurs à la création de Thémis le 15 avril. «Soit les victimes n'osaient pas parler sur des faits qui remontent parfois à plusieurs années. Soit ce sont des dossiers qui étaient connus de l'administration mais ont été mal traités. On est plutôt alors dans une sorte d'aide à reconnaître le statut de victime», a précisé Ducateau.

«Loi du silence»

Peu après la parution de La guerre invisible, un livre-enquête qui a dénoncé l'ampleur des violences et du harcèlement dans les armées, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait annoncé le 15 avril une série de mesures visant en premier lieu à accompagner les victimes, dont la création de la cellule Thémis.

Alors que les auteurs de l'enquête dénonçaient une forme de «loi du silence», les victimes étant selon elles régulièrement dissuadées de dénoncer les faits, Jean-Yves Le Drian a assuré qu'il «n'y avait pas d'omerta», mais des «insuffisances» dans la réponse des armées et dans l'information des droits des victimes.