Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
Père du jeu vidéo
Le Monde.fr

Existe-il vraiment un « père des jeux vidéo » ?

Par 
Publié le 09 décembre 2014 à 15h13, modifié le 09 décembre 2014 à 18h44

Temps de Lecture 3 min.

Nolan Bushnell, lors de la "Games Developper Conference" de 2011.

Depuis dimanche soir 7 décembre, articles et tweets sont nombreux à rendre hommage à Ralph Baer, inventeur de la toute première console connue de l'histoire et codétenteur du brevet sur le jeu vidéo TV, mort la veille dans sa maison de Manchester (Etats-Unis). Mais pour les amoureux d'histoire du jeu vidéo, nombre de nécrologies se trompent sur le réel apport de l'Américain. Et pour cause : d'autres sont passés avant lui.

Longtemps, Nolan Bushnell a été considéré comme l'inventeur du jeu vidéo. L'idée date des années 1970, et on la doit au service de communication d'Atari, qui a tout fait pour mettre son cofondateur en avant dans les médias. En réalité, l'entrepreneur n'a pas eu l'idée de Pong, son premier jeu à succès, qu'il a reprise de l'Odyssey de Magnavox, console qu'il a eu l'occasion d'essayer six mois avant sa sortie.

Le jeu de tennis de Magnavox se base sur celui développé par l'équipe de Ralph Baer pour son prototype de console, la Brown Box, entre 1966 et 1969. Cette console a la particularité d'être protégée par un brevet au champ d'application très large, tellement large que pendant plus de vingt ans, tout jeu vidéo sur écran cathodique tombait sous sa lame.

C'est sur ce point que Ralph Baer base son argumentation dans son autobiographie, Mémoires du père des jeux vidéo :

Le Monde
Offre spéciale étudiants et enseignants
Accédez à tous nos contenus en illimité à partir de 9,99 €/mois au lieu de 11,99 €.
S’abonner

« En conséquence, quand Sanders a déposé la première demande de brevet sur mon invention, mi-1967, l'identité du premier à avoir eu l'idée de jouer sur l'écran d'un poste de télévision venait d'être établie, une bonne fois pour toutes : moi. Cela fait de moi, par définition, le père des jeux vidéo, à la fois aux Etats-Unis, où le “premier à inventer” est un facteur déterminant dans l'attribution d'une invention par une délivrance de brevet, et dans le monde, où généralement le “premier à déposer une demande de brevet” détermine qui a la chance d'être reconnu comme le véritable inventeur. »

Pour autant, cela ne fait pas de Ralph Baer le tout premier créateur de jeu vidéo au sens large. En 1961, un chercheur du Massachusetts Institute of Technology, Steve Russell, conçoit Spacewar, un jeu à affichage vectoriel programmé sur ordinateur et terminé en 1962. Celui-ci n'a toutefois pas été breveté, et l'ordinateur le faisant tourner coûtant alors 120 000 dollars, il n'eut aucune existence commerciale avant 1971, quand Nolan Bushnell d'un côté et Bill Pits de l'autre en ont conçu une version sous forme de machine d'arcade. Sans succès commercial.

Avant Russell, d'autres se sont amusés à détourner la technologie pour proposer des expériences ludiques. C'est le cas de William Higinbotham, physicien américain qui a réussi à afficher un jeu de tennis avec une vue de côté, Tennis for Two, sur un oscilloscope, en 1958. Il s'agissait alors d'une installation temporaire mise en place pour distraire les visiteurs lors des journées portes ouvertes annuelles du laboratoire de Brookhaven, à New York, mais il est encore régulièrement cité dans les livres d'histoire du jeu vidéo.

L'exemple a par ailleurs été agité par Nintendo en 1986 pour attaquer la validité du brevet déposé par Ralph Baer et se sortir d'un guêpier juridique. Mais l'argument de la société japonaise a été rejeté par les tribunaux, qui ont estimé que cette installation était techniquement différente d'un jeu vidéo sur téléviseur, et n'invalidait donc pas le brevet de la Brown Box.

Quelques années plus tôt, en 1952, un doctorant britannique en informatique, Alexander Douglas, avait réussi à afficher un jeu de morpion sur un écran d'ordinateur. Il est souvent présenté comme l'inventeur du jeu vidéo PC, même si en réalité de nombreux jeux d'échecs et de dames existaient déjà depuis quelques années. Son réel apport a été d'imaginer une interface homme-machine ergonomique, en l'occurrence un cadran téléphonique pour choisir sur laquelle des neuf cases tracer sa croix. En revanche, l'idée n'a eu aucune exploitation industrielle.

Enfin, le plus vieil exemple connu de « jeu vidéo » préhistorique date de l'immédiat après-guerre. On le connaît grâce à un brevet déposé en 1947 par Thomas Goldsmith Jr, président de la firme Dumont, et portant sur un « périphérique de divertissement sur tube cathodique ». Il devait alors s'agir de mimer une fusée visant sa cible, mais aucun prototype n'est parvenu jusqu'à nous, et il semble que le brevet n'ait jamais été exploité. Ironie du sort, il avait déjà expiré quand celui de Ralph Baer a été accordé par le bureau américain des brevets, en 1973.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.