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Santé

Plus de 97 % de la nourriture vendue en Europe contient des résidus de pesticides

Mais ces traces n’excèdent pas les valeurs limites légales, selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments. Explications.
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Légumes
Les dépassements les plus importants ont été constatés dans des brocolis, des choux fleurs, des raisins de table, des poivrons et des aubergines.
©SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA

C’est l’éternelle question du verre à moitié vide ou à moitié plein. Certains se réjouiront qu’à quelques exceptions près, les produits agricoles vendus en Europe respectent les limites maximales de résidus (LMR) édictés par la législation européenne, selon le rapport rendu public par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) le 11 décembre. Les autres noteront que seulement 54 % des échantillons analysés ne contiennent absolument aucune trace de pesticides...

78.390 échantillons passés au crible

Au total, les services des 28 Etats membres ainsi que la Norvège et l’Islande, ont passé au crible 78.390 échantillons de plus de 750 produits alimentaires où ont été traqués les molécules de près de 800 pesticides. Les dépassements de LMR les plus importants ont été constatés dans des brocolis, des choux fleurs, des raisins de table, des poivrons et des aubergines. En revanche, les petits pois écossés, l’huile d’olive, le blé et les bananes ont présenté les plus faibles taux de présence. Rien n’a été détecté dans le jus d’orange, le beurre et les œufs. En France, c’est la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes qui fournit les données à l’EFSA. Ses résultats sont proches de ceux constatés dans le reste de l’Europe.

LIMITES MAXIMALES. Les LMR constituent une tolérance pour l’agriculture, les seuils définis par les toxicologues étant en principe bien en dessous des doses létales d’une molécule constatées chez les souris. Ainsi, l’EFSA assure avoir évalué si l’exposition aux résidus de pesticides perdurant dans la nourriture pouvait faire courir un risque sanitaire aux consommateurs. Et l’autorité a conclu qu’il était "improbable" que ces traces dans les aliments aient un effet à long terme sur la santé des consommateurs.

L’analyse des mécanismes d’action confirme que les risques sanitaires liés à l’exposition à ces molécules de pesticides doivent être reconsidérés avec attention"

Ces affirmations sont de plus en plus mises en doute. La revue médicale Prescrire de décembre revient ainsi sur l'expertise collective de l’Inserm de 2013 sur les connaissances actuelles en matière d’exposition aux pesticides. Ce rapport présente comme "présomption forte" les liens entre les expositions maternelles pendant la grossesse dans des cadres professionnels, mais aussi au domicile et un risque accru de leucémie. Même niveau de présomption pour une exposition des enfants in utero reliée à la survenue de tumeurs cérébrales et de malformations congénitales. Le rapport montre que des substances actives autorisées en France et en Europe devraient être surveillées car pouvant potentiellement provoquer des affections graves. "L’analyse des mécanismes d’action confirme que les risques sanitaires liés à l’exposition à ces molécules de pesticides doivent être reconsidérés avec attention", soulignent les auteurs du rapport.

Le rapport cite ainsi un insecticide organophosphoré, le chlorpyrifos, des fongicides de la famille des dithiocarbamates, et un herbicide bien connu, le glyphosate (vendu sous le nom de Round-up) suspecté de provoquer des lymphomes non hodgikiniens. Quant aux substances dangereuses interdites en France depuis la fin des années 70, comme les organochlorés, elles persistent dans l’environnement. Depuis leur interdiction, l’exposition des populations à ces polluants organiques persistants se fait principalement par l’ingestion d’aliments et de boissons.

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