"Trop laide pour être violée" : la phrase polémique d'un député brésilien

Jair Bolsonaro s'en est pris à Maria do Rosário Nunes, ancienne ministre des Droits de l'homme et députée de gauche, et a soulevé l'indignation dans le pays.

Source AFP

Maria do Rosario Nunes, ancienne ministre des Droits de l'homme et députée du Parti des travailleurs (PT, gauche) de la présidente Dilma Rousseff.
Maria do Rosario Nunes, ancienne ministre des Droits de l'homme et députée du Parti des travailleurs (PT, gauche) de la présidente Dilma Rousseff. © AFP

Temps de lecture : 3 min

"Je ne la violerais jamais, car elle est très laide" : la phrase machiste a été prononcée par un député brésilien à propos d'une de ses collègues et soulève l'indignation dans le pays sud-américain. Au Brésil, 137 agressions sexuelles sont dénoncées chaque jour. L'affaire remonte au 10 décembre, quand Jair Bolsonaro, député de l'opposition, s'en est pris à Maria do Rosário Nunes, ancienne ministre des Droits de l'homme et députée du Parti des travailleurs (PT, gauche) de la présidente Dilma Rousseff. Les deux députés sont en guerre depuis des années, et lors d'une session parlementaire, le militaire à la retraite de 59 ans est sorti de ses gonds après des propos de sa collègue contre la dictature (1964-1985).

La newsletter international

Tous les mardis à 11h

Recevez le meilleur de l’actualité internationale.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

"Il y a quelques jours, tu m'as traité de violeur. Et j'ai dit que je ne te violerais pas parce que tu ne le mérites pas !" s'est alors exclamé Jair Bolsonaro, connu pour ses attaques féroces contre la gauche. On ne sait pas dans quelles circonstances Maria do Rosário Nunes l'avait précédemment qualifié de "violeur". L'insulte avait alors déclenché une polémique sur l'échiquier politique brésilien, habitué pourtant aux coups bas en tous genres, et provoqué l'indignation de nombre de Brésiliens sur les réseaux sociaux.

"Appel à la violence contre les femmes"

Le bureau de l'ONU pour les droits de l'homme avait dénoncé des propos "inacceptables". Loin de faire son mea culpa, le député a mis de l'huile sur le feu le jour suivant, dans un entretien au journal Zero Hora, tout en expliquant que sa petite phrase n'était que de l'"ironie". "Elle ne mérite pas [d'être violée, NDLR], car [...] elle est très laide. Ce n'est pas mon type. Je ne la violerais jamais", a-t-il alors déclaré.

"Il faut dénoncer cela de manière véhémente", a réagi auprès de Lucia Rincon, dirigeante de l'Union nationale des femmes, une organisation féministe qui a organisé des manifestations contre Jair Bolsonaro à Brasilia, Rio de Janeiro et Manaus. "C'est un appel à la violence contre les femmes. Une personne avec une attitude comme celle de ce monsieur ne peut représenter aucun secteur de la société", a-t-elle insisté.

"143 000 viols par an"

Le député, qui souligne être en faveur de peines plus sévères en cas de viol, a assuré que "jamais [il] ne demander[ait] pardon" à la députée. Cette dernière a déposé une plainte pour injure et calomnie, de même que le ministère public, pour incitation publique au viol. "Je ne le fais pas pour moi, mais pour toutes les femmes brésiliennes, car aucune ne mérite d'être violée. Je n'accepte pas qu'au Parlement, ni dans aucun autre lieu, il existe l'incitation à la violence", a-t-elle expliqué.

L'affaire a servi de déclencheur pour un projet de loi, approuvé mercredi au Sénat, reconnaissant le crime de féminicide. La proposition devra être validée par les députés puis recevoir le feu vert présidentiel. Mais la polémique a aussi mis en exergue le fond machiste de la société brésilienne, où les agressions contre les femmes sont monnaie courante.

"En 2013, 50 320 agressions sexuelles ont été dénoncées, mais, grâce à des enquêtes internationales, nous savons qu'à peine 35 % des victimes portent plainte, donc au Brésil il peut y avoir jusqu'à 143 000 viols par an", a indiqué Samira Bueno, directrice du Forum brésilien de sécurité publique, qui publie chaque année une étude sur la violence. Selon elle, le phénomène est dû à une "tradition machiste bien ancrée, dans laquelle la femme est encore culpabilisée pour l'agression qu'elle subit, que ce soit pour sa façon de s'habiller ou de marcher".

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaires (11)

  • kaffka

    C'est une belle femme... Doit être miro le Bolsonaro !

  • Aoriste

    Et lui, il est suffisamment con pour être député de son parti ?

  • Lagritta

    C'est vrai que de ce côté certaines femmes sont plus en sécurité que d'autres - encore une injustice sociale dont il faudrait que les socialistes s'occupent