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GABON

Arrestation de notre Observateur Ballack Obame, étudiant à Libreville

La grogne des étudiants de l’université Omar Bongo de Libreville se déplace du campus au tribunal : après avoir protesté mercredi contre le report du procès de deux de leurs camarades détenus depuis six mois, plusieurs étudiants ont été arrêtés, dont notre Observateur Edvin Ballack Obame.

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Notre Observateur, dans l'émission de Ligne Directe consacré aux tensions sur le campus de l'université Omar Bongo. 

ACTUALISATION 2 (30/12 - 11h) : Notre Observateur Ballack Obame et trois autres leaders étudiants ont été remis en liberté provisoire le 29 décembre dans la soirée. Ils comparaîtront devant le justice le 12 janvier.

ACTUALISATION (22/12 13h) : Le Procureur de république nous a fait parvenir ce message où il justifie l'arrestation de notre Observateurs Ballack Obame : "S’agissant des étudiants interpellés et auditionnés par les enquêteurs de police judiciaire, ceux-ci sont soupçonnés d’avoir dans une organisation criminelle, préparé des actes de violence visant à exercer des sévices corporels sur les dépositaires du pouvoir de l’Etat ainsi que sur la destruction volontaire des biens publics et privés. Leur dessein concocté dans des milieux politiques a été matérialisé mardi 16 décembre 2014 par leur présence au sein de la salle des audiences correctionnelles du Palais de justice de Libreville où, y étant, ils ont imposé le jugement de leur camarade Ollo Firmin et après explication par le Procureur de la République quant à l’impossibilité procédurale à tenir une audience à l’endroit de leurs camarades, ils ont saccagé ladite salle, dégradé les baies vitrées de la salle des causes pas perdues et administré volontairement des coups aux agents en uniforme. Cette violence s’est ensuite poursuivie à l’université Omar Bongo où des véhicules d’enseignants et de passants ont été incendiés. Les responsables de la Mutuelle qui ont imposé la présence de leurs sympathisants, et qui ont par ailleurs pris part aux événements du Palais de justice, ont été arrêtés dans la salle des audiences correctionnelles à la demande du Procureur de la République évitant ainsi l’évasion des détenus présents dans la salle et peut-être mort d’homme, personnes et les biens. Sieur Ballack Obame a, après les événements du mardi où il avait été identifié comme étant l’auteur des coups reçus par l’agent de sécurité pénitentiaire, organisé une réunion au cours de laquelle il donnait instruction aux membres de la Mutuelle présents de tout casser le lendemain, fondant ainsi sa demande sur l’arrestation de ses pairs des amis. Le jeudi 18 décembre 2014, un bâtiment servant pour les cours était incendié outre les autres actes déplorables tels que la destruction des véhicules des passants."

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La grogne des étudiants de l’université Omar Bongo de Libreville se déplace du campus au tribunal : après avoir protesté mercredi contre le report du procès de deux de leurs camarades détenus depuis six mois, plusieurs étudiants ont été arrêtés, dont notre Observateur Edvin Ballack Obame.

Edvin Ballack Obame a témoigné à plusieurs reprises des tensions à l’Université Omar Bongo (UOB) sur le site et dans les émissions des Observateurs de France 24. Il avait notamment participé à notre émission Ligne Directe consacrée à ce sujet en mai 2013. Si les étudiants grévistes revendiquaient au départ le paiement de bourses et de meilleures conditions d’études, la libération de Firmin Ollo Obiang et Célestin Mitong Mitong, deux étudiants incarcérés depuis le mois de juillet à la prison centrale de Libreville pour "flagrant délit de destruction collective d'infrastructures publiques à l'université ", est désormais leur principale demande. C’est en marge de l’audience qui devait décider du sort de leurs deux camarades que de nouvelles violences ont éclaté cette semaine.

"Pour les autorités, des étudiants sont susceptibles de participer à la manifestation de l’opposition et d’y provoquer des violences"

Mahmat Yaya a étudié le droit à l‘université Omar Bongo de Libreville avant d’en être exclu il y a six mois, selon lui pour avoir participé aux révoltes étudiantes.

Mercredi, l’audience du procès de Firmin et Célestin était censée se tenir. Le syndicat des étudiants de l’UOB avait décidé de se rendre au tribunal pour assister au verdict. Environ 200 étudiants étaient sur place, dont moi-même. L’audience n’a duré que quelques minutes, avant qu’il soit annoncé qu’elle était reportée. Cela a provoqué la colère de certains étudiants, ils ont dénoncé les erreurs judiciaires et le fait que l’accusateur principal de nos camarades, le doyen de la faculté de droit, ne se soit pas présenté à l’audience.

La tension est montée et des coups sont partis entre les étudiants et les agents de sécurité du pénitencier. Résultat, le procureur a demandé l’arrestation du président et du secrétaire général du syndicat. Les étudiants sont retournés à l’université et ont tenu une assemblée générale qui a décidé de barricader le portail de l’UOB. Cela a provoqué des affrontements avec la police, à la suite desquels une vingtaine d’étudiants ont été arrêtés.

Selon la télévision d’Etat gabonaise, les étudiants sont responsables de ces troubles. La procureure de la République interrogée dans le reportage ci-dessous affirme qu’à la fin de l’audience, le tribunal a été envahi par "des étudiants qui scandaient des chants, tapaient et marchaient sur les bancs ".

Le lendemain, nous avons tenu une conférence de presse pour annoncer que nous bloquerions le portail jusqu’à ce que le président et le secrétaire général soient libérés. À 14h30, Edvin a reçu un appel du président du syndicat, qui lui disait qu’il était détenu à la Direction de sécurité générale (DSG) et qu’il devait l’y retrouver urgemment. Edvin s’est rendu sur place, et en fin de journée, on a appris qu’il était désormais également détenu à la DSG.

Il est bien possible que ce soit une arrestation préventive : Edvin ne cache pas qu’il avait l’intention de participer à une grande manifestation de l’opposition ce samedi. Les autorités ont pu considérer qu’il était en mesure de mobiliser d’autres étudiants avec lui. Or, elles voient dans les étudiants des éléments susceptibles de participer à la manifestation et d’y provoquer des violences.

Le syndicat et l’ensemble de mouvement étudiant sont également soupçonnés de soutenir l’opposition, mais je tiens à souligner que nous sommes neutres politiquement, et ne participons jamais aux meetings de l’opposition en tant que syndicat. Cela n’empêche pas certains étudiants de s’y rendre à titre individuel. Personnellement, je ne manifesterai pas.

Je n’ai pas de nouvelles d’Edvin mais je suis sûr que ses conditions de détention sont très mauvaises. A la DSG, les cellules sont étroites, sales et insalubres. Je ne sais pas quand ils le relâcheront, ça sera peut-être rapide, le temps que la manifestation soit passée.

Contacté par France 24, une source proche de la présidence a expliqué qu’Edvin Ballack Obame avait été arrêté pour "destruction de bien publics "et "voie de fait sur agent des forces de l’ordre ". Nous avons également contacté la procureure de la République pour avoir plus de précisions sur les raisons de cette arrestation. Nous n’avions pas reçu sa réponse au moment de la publication de cet article. Nous la publierons dès qu’elle nous parviendra.

Le conflit opposant des étudiants de l’UOB à leur administration dure depuis 2012. Les contestataires dénonçaient au départ les retards dans le paiement de leurs bourses, demandaient l’adoption de la réforme LMD (Licence-Master-Doctorat) au Gabon, ainsi que la remise à neuf des locaux de leur université et des logements du campus. Selon Mahmat Yaya, les étudiants se sont depuis vus accorder un compte bancaire, qui doit faciliter le paiement des bourses. Des travaux doivent par ailleurs être entamés en février prochain pour refaire la voierie, et l’été prochain pour réhabiliter les logements du campus.

Article écrit en collaboration avec Corentin Bainier (@cbainier), journaliste à France 24.

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