L’appel au meurtre du
pseudo-imam salafiste Hamadache contre l’écrivain et journaliste Kamel Daoud a
créé une onde de choc dans la société, mais a aussi mis à nu l’indigence du
régime face au fanatisme et les silences complices d’une certaine élite
soupçonneuse et dépassée.

“L’enquête a été enclenchée le 17 décembre par
le parquet, ici à Oran, et les services de sécurité m’ont indiqué que l’affaire était prise en charge”, a déclaré le 18 décembre l’auteur et journaliste Kamel
Daoud [finaliste du prix Goncourt 2014
pour son livre Meursault, contre-enquête (Actes Sud)]
à El-Watan Week-end. Daoud compte aussi poursuivre la chaîne de télévision privée Ennahar TV
après la diffusion en direct des appels au meurtre du salafiste Abdelfatah
Hamadache. “Un
fou remet en cause mon droit à la vie”

Le
chroniqueur du Quotidien d’Oran a indiqué aussi que plusieurs titres de la
presse privée se sont constitués partie civile contre Hamadache. Par ailleurs,
l’auteur de Meursault, contre-enquête
se dit “déterminé à ne pas lâcher cette personne qui l’a menacé”, car “il
s’agit d’un test pour observer nos réactions, mais nous ne laisserons
jamais passer cela”. “C’est une occasion civique, une occasion unique, pour
montrer que cela ne sera pas possible.”

“Si je
remets en cause la réconciliation nationale, je vais en prison. Mais quand un
fou remet en cause mon droit à la vie, il bénéficie de l’impunité. La
réconciliation le protège, mais ne me protège pas”, s’indigne l’écrivain. [La charte pour la
paix et la réconciliation nationale, lancée en 2005, s’inscrit dans le projet
de loi portant sur la Concorde civile,
soumis par le président Abdelaziz Bouteflika et plébiscité par voie
référendaire en 1999. Il s’agit
de tourner la page du conflit qui a opposé les Algériens pendant les années 1990, la décennie noire. La réconciliation nationale a notamment abouti à la libération
de prisonniers islamistes et à amnistier et réintégrer dans la vie
civile tous ceux
qui ont manifesté leur volonté de renoncer à la violence.]“Condamnés à un
Moyen-Age sans fin ?”

“Et cet élan
de solidarité, extraordinaire, que dire d’autre ? L’enjeu est nous tous, nos
enfants. De nombreuses personnes ont compris que l’enjeu était énorme et que les années 1990 restent une menace permanente, une possibilité si on baisse les bras”, poursuit
Kamel Daoud. [Des pétitions en France et en Algérie, des réactions sur les
réseaux sociaux et également des déclarations d’hommes politiques algériens ont rapidement émergé pour dénoncer l’appel au meurtre et soutenir Kamel
Daoud.]

Est-ce que
le journaliste craint pour sa vie ? “J’ai peur, mais je suis surtout en colère,
atterré par tant de violence, de bêtise et de haine. Sommes-nous condamnés à un
Moyen-Age sans fin ?”