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Draghi  n’a pas de « plan B » pour la zone euro

Le président de la BCE prépare les esprits à un nouveau stimulus monétaire, et estime que l’Europe doit aussi accélérer sur la voie des réformes

Par Jean-Philippe Lacour

Publié le 2 janv. 2015 à 18:00

Le refrain est désormais connu : en dépit d’une politique monétaire accommodante sous la houlette de Mario Draghi, les Etats de la zone euro n’utilisent pas le temps offert pour forcer le rythme des réformes. Pour sa première intervention publique de l’année 2015, le président de la BCE en vient à se répéter : il rappelle les gouvernants à leurs devoirs, et nourrit les spéculations en vue d’un nouveau stimulus monétaire pour soutenir la croissance et l’inflation. Et ce, au prix d’une division au conseil de la BCE.

« Nous sommes en pleine préparation technique pour ajuster l’ampleur, le rythme et la nature des mesures qui seraient à prendre début 2015 s’il devient nécessaire de réagir à une trop longue période de faible inflation », affirmait, vendredi, Mario Draghi dans une interview au « Handelsblatt ». En clair, l’institut est prêt à racheter des obligations souveraines dans l’ensemble de la zone euro. S’y opposant, le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, voit la BCE flirter ici avec l’interdiction de financer les Etats, et devenir de fait l’« esclave des marchés » en devant remplir leurs attentes même si elles s’avèrent injustifiées.

« Super Mario » a lui-même mis les marchés en appétit, en annonçant l’an dernier que le bilan de la BCE allait se hisser au niveau de 2012, soit à 3.000 milliards d’euros, afin de préserver les attentes d’inflation au bon niveau. A fin décembre, malgré deux salves de prêts à long terme aux banques, le total du bilan affiche 2.150 milliards d’euros, restant loin du compte.

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Evasif sur l’ampleur du stimulus

En attendant, Mario Draghi reste évasif quant à l’ampleur d’un nouveau stimulus à venir. Celui-ci sera encore plus nécessaire si l’inflation en zone euro devrait encore s’affaisser en décembre, après 0,3% en novembre. L’objectif de stabilité des prix, défini comme une inflation proche de 2% à moyen terme, s’éloigne à cause de la chute des prix du pétrole. Mais pas seulement. « Il est clair que notre politique monétaire aurait plus d’effet si les gouvernements appliquaient les réformes structurelles », martèle le banquier central. Il cite à cet égard la réduction de la fiscalité et de la bureaucratie, afin de soutenir la reprise qui reste « fragile et inégale ». Dans une tribune au quotidien « Il Sole 24 Ore », il prévient du risque accru d’une implosion de la zone euro si les efforts de réformes restent insuffisants. Mais l’intégrité de la zone euro doit demeurer, et donc « il n’y a pas besoin de plan B », affirme-t-il au « Handelsblatt ».

La BCE décidera le 22 janvier du cours de sa politique monétaire, trois jours avant des élections cruciales en Grèce. La gauche radicale, donnée favorite, veut en finir avec l’austérité. De nouveaux sacrifices pourraient être demandés à ses créanciers… dont la BCE pourrait bientôt faire partie. Une chose est sûre, Mario Draghi veut aller au terme de son mandat à la BCE en 2019. Il a coupé la rumeur qui le voyait se porter candidat pour succéder à Giorgio Napolitano à la présidence italienne. Les déclarations du banquier central continuent, elles, d’influer l’euro. Vendredi, la monnaie unique chutait à 1,2037 dollar, son plus bas niveau depuis 4 ans.

Correspondant à Francfort

Jean-Philippe Lacour (Correspondant ? Francfort)

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