VIDEO. Sahel : le drone, nouvelle arme fatale contre les jihadistes

Un troisième Reaper viendra bientôt compléter le dispositif militaire français dans cette région pour débusquer et éliminer les terroristes islamistes.

VIDEO. Sahel : le drone, nouvelle arme fatale contre les jihadistes

    Le soleil commence à cogner fort sur la base aérienne de Niamey, la capitale du Niger. Mais le drone Reaper de l'armée française, avec son fuselage gris et son nez rebondi, est tranquillement parqué à l'ombre, sous un immense hangar de toile et de fer. Sans crier gare, l'engin sans pilote se dirige vers la piste. Propulsé par une hélice argentée, il décolle comme un avion, vrombit tout doucement au-dessus du tarmac avant de disparaître à l'horizon, dans un ciel sans nuages. « C'est une merveille technologique capable de voler presque vingt-quatre heures d'affilée à une altitude maximale de 13 000 m, s'enthousiasme un haut gradé. C'est sûrement une de nos armes les plus précieuses contre les jihadistes. »

    Dans quelques semaines, un troisième Reaper (de fabrication américaine) viendra compléter le dispositif français au Sahel, qui compte également deux drones Harfang, sensiblement moins performants. Cinq appareils au total qui pourront se relayer quasiment en permanence au-dessus du Nord-Mali et de la frontière libyenne, là où les groupes islamistes sont à nouveau actifs.

    «A cette distance, on ne nous voit pas, on ne nous entend pas»

    Les engins sont pilotés à distance d'une cabine installée sur la base de Niamey. Des officiers en combinaison beige dirigent la manÅ?uvre comme s'ils étaient à bord. « Grâce à la puissance de nos caméras embarquées, on peut distinguer un homme en armes à 20 000 pieds (NDLR : environ 6 km d'altitude), détaille le capitaine Guillaume, qui a reçu une formation complémentaire aux Etats-Unis. A cette distance, on ne nous voit pas, on ne nous entend pas. L'effet de surprise est total. Il nous arrive de surveiller un bâtiment ou une colonne de véhicules suspects. Il existe aussi une liste de personnes que nous recherchons activement ».

    Des chefs islamistes que les Français éliminent sans états d'âme en faisant appel aux soldats ou à l'aviation après les avoir localisés. Récemment, le bras droit de Mokhtar Belmokhtar (le célèbre jihadiste borgne), Ahmed el-Tilemsi, a été tué. « C'était le responsable des opérations du groupe Mujao, un ancien émir, un gros bonnet, assure une source militaire. Nos drones ont contribué à sa traque pendant quatre jours avant qu'il ne soit neutralisé. Cela nous a permis de recueillir un nombre incalculable de renseignements. Dans la foulée, nous avons démantelé 42 caches d'armes et mis la main sur trois tonnes d'explosifs. Ainsi que sur un site de ressources logistique, une véritable usine à fabriquer des bombes. »

    Neuf Reaper supplémentaires d'ici à 2019

    En visite à Niamey, hier, puis à Gao, au Mali, pour saluer les troupes, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a réaffirmé qu'il faisait de la modernisation des armées une de ses priorités. A son initiative, la France se dotera d'ici à 2019 et la fin de la loi de programmation militaire de neuf Reaper supplémentaires, portant leur nombre total à douze.

    Dans un horizon nettement plus lointain, Paris réfléchit -- avec son partenaire britannique -- à la construction d'un drone de combat furtif. Un démonstrateur â?? sorte de prototype â??, le Neuron, a déjà été élaboré et présenté aux responsables militaires. Si le projet voit le jour, cet engin sera totalement indétectable. Il pourra écouter et filmer l'ennemi, mais aussi tirer des missiles. Il s'agirait alors d'une révolution dans la doctrine de la France, qui ne souhaite pas, pour l'instant, s'équiper de drones armés, contrairement aux Américains.

    VIDEO. Sahel : l'armée française ne peut plus se passer du drone Reaper