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FRANCE

"Charlie Hebdo" : les théories conspirationnistes démontées point par point

"Tout est clair à qui veut voir" expliquent les adeptes de la théorie du complot depuis les attaques contre "Charlie Hebdo", de Dammartin-en-Goële et de l’hypermarché de la Porte de Vincennes. Sur Internet, les pseudo-analyses d’images se multiplient dans le but de montrer que la vérité nous est cachée, voire que l’attaque a été orchestrée "en haut lieu". Des démonstrations d’apparences logiques et argumentées, mais qui ne sont que des élucubrations.

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Capture d'écran d'une vidéo d'Europe 1 sur laquelle un homme se rend alors que la prise d'otage est encore en cours.

"Tout est clair à qui veut voir" expliquent les adeptes de la théorie du complot depuis les attaques de "Charlie Hebdo", de Dammartin-en-Goële et de l’hypermarché de la Porte de Vincennes. Sur Internet, les pseudo-analyses d’images se multiplient dans le but de démontrer que la vérité nous est cachée, voire que l’attaque a été orchestrée "en haut lieu". Des démonstrations d’apparences logiques et argumentées, mais qui ne sont que des élucubrations.

 

Quelques heures après que les premières images amateurs de l’attaque de "Charlie Hebdo" ont été diffusées sur les écrans des chaînes d’information, les premiers adeptes des théories du complot les reprenaient à leur compte pour poster leurs "analyses". Le photomontage ci-dessous circulant sur Internet et envoyé à notre rédaction en est un exemple.

Image envoyée à la rédaction regroupant plusieurs preuves supposées de désinformation.

 

"Bizarre" la présence de gilets pare-balles ? Non.

Les complotistes s’interrogent notamment sur le port de gilets pare-balles par des rescapés sur le toit de "Charlie Hebdo". Rien d’étonnant pourtant que certaines personnes sur le toit en portent. Le bâtiment accueille la rédaction de l’agence de presse Premières Lignes qui, au même titre que la plupart des rédactions amenées à travailler sur des terrains de conflits, est équipée de gilets pare-balles. Les employés ont eu le reflexe de les mettre après avoir entendu les premiers tirs.

 

Des rétroviseurs de couleurs différentes ?

Autre détail qui a fait couler beaucoup d’encre : les rétroviseurs de la voiture des assaillants. Alors que les frères Kouachi prennent la fuite, plusieurs amateurs vont réussir à filmer leur véhicule, une Citroën C3 noire modèle "Sélection".

En haut,  elle est à l’arrêt au moment où les terroristes vont abattre le policier. Les rétroviseurs apparaissent de couleur clair. Tandis qu'en bas, elle est photographiée dans le XIXe après avoir été abandonnée par les deux frères, mais les rétroviseurs apparaissent noirs. Y aurait-il deux voitures et non une comme le disent les médias ? Plusieurs internautes s’engouffrent dans la brèche. Pourtant la réalité est qu’il s’agit de rétroviseurs chromés qui changent donc de ton en fonction de la lumière réfléchie. Pour preuve, ces deux photos de la voiture au même endroit, mais photographiée sous deux angles différents.

 

Un mystérieux "complice" pendant l’attaque de la Porte de Vincennes

Le soir même de l’attaque perpétrée contre une épicerie casher de la Porte de Vincennes, un témoin direct de la scène est interrogé sur iTélé. Il dit avoir vu une première personne se rendre juste après les premiers échanges de tirs, alors que la prise d’otage était encore en cours.  Europe 1 diffusera en parallèle les images de cet homme. On le voit à proximité du magasin marcher les mains en l’air, puis  il est arrêté par la police. La scène a été filmée par l’employé d’une station-service qui croit savoir que l’homme était armé.

 

Capture d'écran de la vidéo sur laquelle un homme se rend alors que la prise d'otage a toujours cours.

 

La question de l’identité de cet homme passera toutefois vite au second plan au vu de l’évolution rapide des événements. Mais les conspirationnistes ressortent cette information et s’interrogent sur la présence de ce  mystérieux complice sur les lieux de l’attaque, tout en s’étonnant que les médias ne parlent plus de lui.

 

Lassana filmé par BFM le jour de l'attaque.

 

Il s’avère que ce prétendu "complice" filmé par le gérant et dont parle le témoin d’iTélé n’est autre que Lassana Bathily, l’employé malien du magasin dont l’histoire a fait le tour des médias après la prise d’otages. En effet, le jeune homme a eu le courage de cacher des otages dans la chambre froide au début de l'attaque. Il leur a ensuite proposé de s'échapper avec lui, ce qu'ils ont refusé. L'employé a donc pris seul une issue de secours et est sorti les mains en l’air. On reconnaît d’ailleurs ses vêtements sur la vidéo et sur les photos de lui prises juste après le drame.

 

Non, Coulibaly n’est pas mort "menotté"

Capture d'écran de la vidéo ci-dessous.

Une autre image, qui a apporté de l’eau au moulin des conspirationnistes, est celle de la sortie d’Amedi Coulibaly du magasin au moment de l’assaut. Bien que diffusée par la chaine de télévision France 3 à une heure de grande écoute, elle est présentée par les internautes qui l’a reprennent comme la version "non-censurée" de l’opération du raid sur l’hypermarché.

 

Vidéo de France 3 repostée par le site Infolibre TV.

 

Quelques secondes après que l’assaut a été lancé sur le magasin, on aperçoit Coulibaly, armé, se diriger vers la porte coulissante derrière laquelle se trouvent les hommes du Raid. Le forcené, probablement sonné par une grenade assourdissante, semble percuter la porte et chute. En quelques secondes l’homme est abattu. Mais ce qui a intrigué certains, c’est la position des mains du terroriste au moment de sa chute. "Il était menotté !"  affirment-ils pour prouver que la vérité leur est cachée.

 

Il est pourtant  inimaginable que Coulibaly ait été menotté. L’homme a tué quatre personnes pendant sa prise d’otages. Cette impression de mains entravées n’est rien d’autre que la position fortuite des mains du forcené pendant sa chute. Ce découpage d’images, bien que de mauvaise qualité, montre d’ailleurs que l’homme ouvre les bras dans sa chute.

Par ailleurs, plusieurs chaines américaines ont diffusé des captures d'écran issues d'une caméra de surveillance du magasin. On y voit Coulibaly de trois-quarts tenant une arme dans sa main droite. Il n'est pas menotté.

 

Dates "révélatrices" et manipulation d’image éhontée

Ces derniers jours ont aussi été l’occasion pour des internautes malintentionnés de manipuler de vieilles photos. Ici, l’un d’entre eux poste ce prétendu cliché de la place de la République au moment du rassemblement dimanche, laissant penser que la statue était couverte de drapeaux palestiniens. Elle a en fait été prise lors d’une manifestation en soutien à Gaza en juillet 2014.

 

Pour d’autres encore, nul besoin de faits ou d’analyse d’images, ce sont les dates des attaques qui parlent d’elles-mêmes et donnent le nom du coupable. Une déduction ridicule qui a tout de même été retweetée plus de 3 500 fois.

 

Si certains internautes repostent naïvement ces éléments, d’autres les utilisent depuis des années dans le cadre de véritables démonstrations conspirationnistes. Et leurs arguments servent toujours les mêmes thèses que l’on peut résumer ainsi :derrière ces attaques terroristes, on trouve la main des États-Unis et Israël, alliés d’un complot judéo-maçonnique, et dont le seul but est de diviser la population tout en salissant l’image de l’Islam.

Dix sept personnes sont décédées la semaine dernière dans ces attaques sans précédent sur le territoire français. Celle menée par les frères Kouachi contre "Charlie Hebdo" a été revendiquée par Al-Qaïda au Yémen (Aqpa) et était clairement préparée. Les opérations d'Amedy Coulibaly, visiblement plus aléatoires, ont été perpétrées au nom de l’État islamique, a expliqué le forcené. Hayat Boumédienne, présumée complice, est actuellement en fuite.  

Billet écrit avec la collaboration de Ségolène Malterre @segoF24, journaliste à FRANCE 24.

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