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À La Une - Religion

Prier et consommer : aux Philippines, l'Eglise au coeur des galeries marchandes

La chapelle Santo Nino de Paz à Manille.

Aux Philippines, le temple s'invite chez les marchands: l'Eglise accueille ses fidèles par millions dans des chapelles aménagées au coeur des centres commerciaux, entre magasins de luxe, restaurants et bars à hôtesses.

En visite cette semaine dans l'archipel philippin, le pape François n'a pas manqué de fustiger le "matérialisme" qui constitue à ses yeux une "grande menace" pour l'unité d'un pays dont un habitant sur quatre est indigent.

Le père Rufino Sescon, membre du comité local d'organisation de la visite papale, ne voit pourtant aucune contradiction dans la cohabitation entre les maisons de Dieu et les cathédrales du consumérisme. N'oublions pas, avance le prêtre, que "Jésus se rendait sur les marchés pour annoncer la bonne nouvelle du salut. Nous devons être où sont les gens" et "pas attendre qu'ils daignent venir dans les églises de nos paroisses.

La chapelle Santo Nino de Paz existe depuis trois décennies. Elle est installée dans le centre commercial Greenbelt, au coeur du quartier d'affaires de Makati, cernée par les boutiques de luxe, les restaurants, une mare à poissons pour amuser les enfants, et des bars où les prostituées font commerce.
A l'approche du soir, le père Paul Marquez préside aux vêpres tandis que des femmes fardées et des travestis font le guet sur des chaises hautes avec vue imprenable sur l'autel. "Jésus est allé vers les prostituées, les collecteurs d'impôt. On l'a critiqué mais nous ne pouvons rester une Eglise antiseptique", justifie l'ecclésiastique.

Susana, qui dit exercer sa profession de "sexothérapeute" dans les bars du centre commercial, juge rassurante la présence de lieux de culte à proximité. "Je vais prier à l'occasion. Je prie pour avoir une bonne santé, pour que mes enfants sortent diplômés de l'école et pour gagner de quoi payer mes factures", dit-elle.

"Vieilles églises poussiéreuses"

Une avocate, Cherry Bayot, jette un oeil aussi bienveillant sur les établissements à néons. "Dieu est partout et la prière est une démarche très personnelle".

La multiplication des chapelles dans les centres commerciaux, les Philippines la doivent largement à Henry Sy et sa famille. L'homme le plus riche du pays a bâti sa fortune avec ces centres et il règne toujours sur le marché.
Au départ, les salles de prière étaient réservées aux employés des magasins, avant leur ouverture aux clients. La fille du magnat, Teresita Sy-Coson, assure qu'elles ne sont pas destinées à attirer le chaland mais à leur faciliter la vie. "C'est un service de confort aux familles réunies le dimanche. Les messes apportent une dimension spirituelle à la vie moderne", plaide-t-elle dans un communiqué.

Les chapelles ne jouissent pas des mêmes prérogatives que les églises traditionnelles. Esteban Lu, qui officie dans la chapelle d'un énorme centre commercial, explique qu'elles sont "bénies" mais pas consacrées, de façon à être transformées en magasin si elles ne servent plus. On ne peut y organiser que des messes et y entendre des confessions. Le mariage et le baptême y sont interdits.

Malgré ces restrictions, le prêtre Reynaldo Reyes y voit de bien concrets avantages. "La direction (du centre commercial) paye tout. L'autel, les bancs, la maintenance, le personnel d'entretien, la climatisation. Ce qui nous permet d'utiliser le denier du culte pour le catéchisme.
Les chapelles sont bien équipées, nettoyées, fraîches. "Pas comme les vieilles églises poussiéreuses", lance Editha Ramos, une fonctionnaire retraitée.

Aux Philippines, le temple s'invite chez les marchands: l'Eglise accueille ses fidèles par millions dans des chapelles aménagées au coeur des centres commerciaux, entre magasins de luxe, restaurants et bars à hôtesses.En visite cette semaine dans l'archipel philippin, le pape François n'a pas manqué de fustiger le "matérialisme" qui constitue à ses yeux une "grande menace"...

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