Le pays est réputé “le plus misérable du Moyen-Orient” et “en guerre depuis cinquante-trois ans”. A cela s’ajoute aujourd’hui le chaos politique. Le 22 janvier, le gouvernement et le président ont présenté leur démission au Parlement, dernier épisode, selon L’Orient-Le Jour, d’un “mortel bras de fer” opposant “d’une part, le pouvoir central incarné par le
président Abed Rabbo Mansour El-Hadi et son Premier ministre Khaled Bahah et,
d’autre part, les houthistes [affiliés au zaïdisme,
école de pensée théologique qui représente une branche du chiisme] menés par un
jeune chef charismatique, Abdel Malek Al-Houthi.”

Pour le quotidien de Beyrouth, ce qui anime les deux camps, c’est “l’attrait irrésistible du pouvoir”; sous de “fallacieux prétextes”: “récupération des droits spoliés pour les uns,
nécessité de respecter l’accord passé sous l’égide des Nations unies pour les
autres, redécoupage administratif en six régions [faisant du Yémen un Etat
fédéral], conformément à un projet de Constitution qui ne fait pas, il s’en
faut, l’unanimité.”
“Les
houthistes ne convainquent plus lorsqu’ils prétendent vouloir participer au
processus politique alors que, chaque fois que celui-ci marque le pas, ils
recourent aux armes. Ils l’ont fait à cinq reprises ces derniers mois avant
d’investir la capitale la sixième fois, et d’imposer, en s’appuyant sur la
milice des Ansarullah [les partisans d’Allah, bras armé des houthistes], leur loi
à leurs adversaires”, poursuit le quotidien.Voir clair sous le prisme tribal

Sur
le terrain, les miliciens chiites encerclent le palais présidentiel qu’ils ont
pris le 20 janvier, en dépit d’un accord par lequel ils s’étaient engagés à se
retirer de ce secteur et de la résidence du Premier ministre, et surtout à
libérer le chef de cabinet du président, Ahmad Awad ben Moubarak, enlevé le 17
janvier. En contrepartie, le président Hadi s’était engagé le 21 janvier à amender
le projet de Constitution. Selon les termes de l’accord, “les factions
politiques privées de représentation équitable dans les institutions de
l’Etat auront le droit d’être nommés dans ces institutions”. Ces
concessions n’ont été suivies d’aucun retrait des milices de la capitale et le
chef du cabinet du président n’a pas été libéré.”La situation se complique du fait que de nombreux facteurs doivent être
pris en considération, ce qui désespère les émissaires onusiens et les grandes
puissances incapables d’y voir clair sous le prisme tribal”, souligne L’Orient-Le Jour.
Ainsi, on prête à l’ex-président Ali Abdallah Saleh l’intention de tirer profit du réseau
qu’il a tissé au sein des tribus durant les trente-trois années qu’il a passées au pouvoir.
Destitué lors de la révolte populaire de
2011, il aurait, aussi, encore de l’influence auprès d’une large frange de l’armée.
A noter que tout au long des années passées au pouvoir, Saleh n’a jamais
cessé de mater la rébellion houthiste soutenue par l’Iran et retranchée dans
les montagnes du nord-ouest du pays.

Quant
à l’irruption sur la scène d’Al-Qaida dans la péninsule arabique
(Aqpa), considéré par Washington comme le bras le plus dangereux du réseau
extrémiste, et qui a revendiqué l’attentat contre Charlie Hebdo à Paris le
7 janvier, “elle contribue à brouiller l’image d’un pays en proie à une guerre civile”.