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Dans les salons de coiffure afro à Paris, la détresse derrière les tresses

Plaintes à répétition, grèves, infractions au code du travail... Derrière les vitrines de Château-d'Eau prospère une économie parallèle qui exploite les salariés.

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Publié le 25 janvier 2015 à 14h56, modifié le 25 janvier 2015 à 16h34

Temps de Lecture 8 min.

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Dans le salon Dallas Afro Coiffure, situé  au 57, boulevard  de Strasbourg, à Paris.

Château-d'Eau, 14 h 30. Une femme en boubou s'avance en traînant une valise qu'elle ouvre en plein milieu d'un salon de coiffure. Elle en sort des boîtes en plastique de bonbons Haribo remplies de riz et de poisson tièdes. Les coiffeuses l'ignorent, une cliente lui lance quelques euros et commence à dépiauter son déjeuner du bout des doigts. L'odeur des solvants utilisés par les manucures qui travaillent derrière elle ne la perturbe pas. Le tressage reprend. Sur ses genoux, un koala en peluche piqué d'aiguilles, dont la coiffeuse se saisit une par une pour coudre les mèches à même les cheveux de sa cliente. Dans le salon, il n'y a que des Noirs, de la musique camerounaise, des affiches défraîchies montrant des femmes aux coiffures improbables, des sacs de voyage énormes, des fils électriques qui pendent. Sur le trottoir, des équipes de rabatteurs alpaguent les passants. Scène de vie ordinaire à Château-d'Eau, rendez-vous de l'Afrique à Paris depuis que cette partie du 10e arrondissement, nichée entre Strasbourg-Saint-Denis et la gare de l'Est, est devenue la Mecque de la coiffure afro. Sous ses dehors exotiques, elle demeure impénétrable, voire hostile, à tous ceux qui, journalistes et photographes en tête, tentent d'en saisir les codes...

Ironie de l'histoire, ce quartier black doit son existence à un Blanc. « C'est moi qui ai fait le boulevard de Strasbourg », a coutume de clamer Marcel Georges Cohen, fondateur de MGC et pionnier de la cosmétique afro à Paris. Ancien vendeur du Sentier, le sexagénaire s'est installé en 1982 sur le boulevard, qui était alors le fief des fourreurs et des grossistes en prêt-à-porter. A l'époque, il fournissait des produits capillaires à des coiffeurs « blancs ». En rentrant d'un voyage aux Etats-Unis, où il découvre les produits de coiffure « noire », il décide de se spécialiser dans l'ethnique. Son business explose. Il rachète une dizaine de boutiques autour du passage de l'Industrie, où il distribue accessoires et produits de soin : fers à lisser, mèches et perruques, shampooings, teintures, crèmes éclaircissantes, maquillage, bigoudis...

« Champs-Elysées black »

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