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High-Tech

Ces milliardaires qui se lancent dans la guerre de l'internet spatial

L’idée de Larry Page, Elon Musk, Richard Branson et les autres, est d’offrir, depuis l’espace, l’accès à Internet à toute les populations qui en sont exclues. 
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270115 Challenges Le projet Loon de Google
Le projet Loon de Google. Soutenu par le CNES, l’agence spatiale française, ce projet envisage des ballons stratosphériques qui connecteraient le monde à Internet, en croisant au-dessus des lignes aériennes.
(c) Google

La guerre de l’espace aura-t-elle lieu ? Les gros bonnets de la tech mondiale sont en tout cas en train d’en faire leur nouveau champ de bataille. La crème des entrepreneurs anglo-saxons- le fondateur de Google Larry Page, celui de Virgin Richard Branson, celui de SpaceX et Tesla Elon Musk-  s’est ainsi lancée dans une lutte impitoyable pour relier au réseau mondial, par une constellation de microsatellites, les 4,3 milliards de personnes pas encore connectées à Internet. Google, associé au fonds Fidelity, a ainsi investi un milliard de dollars dans la start-up spatiale SpaceX le 20 janvier, pour soutenir le projet d’Elon Musk de lancer 4.000 satellites en orbite basse.

Quelques jours plus tôt, c’est l’ancien "M. Satellites" de Google, Greg Wyler, qui annonçait l’arrivée de Virgin et du champion des processeurs pour mobiles Qualcomm au tour de table de sa start-up OneWeb. Celle-ci travaille sur un projet quasi-identique à  celui de SpaceX : une constellation de 648 satellites pour connecter le monde entier à l’internet haut débit. Avec cette double alliance, les forces en présence sont donc désormais clairement établies : d’un côté, un duo SpaceX-Google, autour d’un projet estimé à 10 milliards de dollars par Elon Musk ; de l’autre, un trio Virgin-Qualcomm-OneWeb, piloté par le fameux Greg Wyler. Une figure du spatial, fondateur de l’opérateur satellite O3B, qui travaillait encore début 2014 pour Google et avait discuté collaboration avec SpaceX, avant de se lancer en solo.

Pourquoi cette frénésie de projets ? Leurs promoteurs expliquent que les réseaux internet câblés (ADSL, fibre) n’atteindront jamais les endroits les plus reculés de la planète, faute de modèle économique viable. L’idée est donc d’offrir, depuis l’espace, l’accès à Internet à ces populations qui en sont exclues. Les satellites en orbite géostationnaire (GEO, soit 36.000 km de la Terre), détenus par les opérateurs type SES, Eutelsat ou Intelsat, permettent déjà d’offrir l’accès au web. Mais ces connexions ont un défaut : un temps de latence (le temps du transfert des données vers et depuis le satellite) trop important pour certaines applications, notamment professionnelles (téléphonie IP, logiciels ERP…).

Des satellites plus proches de la Terre

La solution est donc assez simple, au moins à première vue : placer des satellites sur une orbite plus proche de la Terre. L’opérateur O3B Networks (pour "Other 3 Billion", en référence à sa volonté de connecter à Internet les 3 milliards d’humains qui ne le sont pas) s’était lancé dès 2007 sur le créneau, avec un projet de constellation de satellites en orbite moyenne (MEO, ou 8.000 km). "A cette altitude, la latence est drastiquement réduite, d’où des performances similaires à celles de la fibre", assure la société. Après des débuts difficiles, la constellation est désormais opérationnelle, avec douze satellites dont les derniers ont été lancés par Soyouz en décembre dernier : "Nous avons 36 clients déjà signés, dont 60% d’opérateurs télécoms, mais aussi des sociétés dans l’énergie (2 "majors" du Oil & Gas), le maritime (Royal Carribean) ou des clients gouvernementaux", explique Steve Collar, DG de O3B Networks.

Avec leurs projets de constellations, SpaceX, OneWeb et leurs alliés visent des orbites encore plus basses, dites LEO (1.200 km pour OneWeb). "Cela permettrait de limiter encore la latence, mais plus vous êtes prêts de la Terre, plus la surface couverte est limitée, souligne Steve Collar. Il faut alors plus de satellites et un système bien plus complexe". Les satellites passent en effet très vite au-dessus des utilisateurs, ce qui rend la continuité du service complexe à mettre en œuvre, avec des basculements incessants d’un satellite à l’autre. "Les satellites passent beaucoup de temps au-dessus de zones où ils ne sont pas utiles, ce qui limite l’efficacité du système", explique Rachel Villain, directrice chez Euroconsult, cabinet spécialisé dans le spatial.

Le problème de la durée de vie du système

Ce n’est pas la seule difficulté des constellations en orbite basse. "La durée de vie du système est aussi un problème, poursuit Rachel Villain. Il faut des petits satellites : or plus un satellite est plus petit, moins il a de carburant, ce qui limite son espérance de vie sur la bonne orbite". Le lancement est aussi une problématique complexe : malgré l’irruption de SpaceX avec sa fusée low-cost Falcon 9, l’offre de lanceurs est encore assez limitée, ce qui rend difficilement envisageable le lancement rapide de 4.000 satellites promis par Elon Musk. Sauf à utiliser de nouvelles solutions technologiques, comme le LaucherOne de Virgin Galactic, pas encore sur le marché et dont on ne connait guère le degré de maturité technique et le véritable coût. Il faut aussi s’assurer d’avoir les fréquences, qui ne peuvent être demandées que par les Etats à l’UIT (Union internationale des télécommunications).

L’équation financière et technique des projets de SpaceX et OneWeb apparaît donc encore floue. "Le modèle économique des constellations est très difficile à trouver, souligne Rachel Villain. Il y a avait déjà eu des projets au milieu des années 90, dont seuls Iridium et GlobalStar ont survécu". Les deux sont d’ailleurs passés par la case faillite avant de trouver leur marché.

Google lui-même semble ne pas vouloir mettre tous ses œufs dans le même panier : loin de se limiter à son alliance avec SpaceX, le groupe, aussi actionnaire d'O3B, s’était offert mi-2014 le fabricant de petits satellites Skybox. Il travaille aussi sur le projet Loon de ballons stratosphériques qui croiseraient entre 18 et 20 km d’altitude, et s’est positionné sur le segment des drones en rachetant le spécialiste des drones solaires Titan Aerospace.  Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, avait quant à lui racheté Ascenta, petit acteur britannique des drones début 2014. Le directeur de l’ingénierie de Facebook Connectivity Lab, Yael Maguire, a depuis affirmé que la taille des engins envisagés par la firme était de l’ordre de celle d’un Boeing 747.

 

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