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Des journalistes politiques consacrent un maire FN « élu local de l’année »

Le maire Front national d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) reçoit mardi à l’Assemblée nationale un prix décerné par « Le Trombinoscope ».

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Publié le 27 janvier 2015 à 19h00, modifié le 19 août 2019 à 13h39

Temps de Lecture 3 min.

Mayor of Henin-Beaumont Steve Briois delivers a speech to present his New Year wishes, on January 25, 2015 in Henin-Beaumont.     AFP PHOTO DENIS CHARLET

Qu’ont en commun Manuel Valls et Matteo Renzi, Gérard Larcher, le président du Sénat, Emmanuel Macron, le ministre de l’économie, ou encore Ségolène Royal, la ministre de l’écologie, avec Steeve Briois, le maire Front national d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) ? Tous doivent recevoir à l’Assemblée nationale, mardi 27 janvier à 18 heures, un prix décerné par Le Trombinoscope.

Ces récompenses « saluent l’action et le professionnalisme de personnalités politiques qui se sont particulièrement illustrées durant l’année écoulée dans le cadre de leur mandat ou de leur fonction », selon le site de cet annuaire qui présente depuis 1981 les acteurs de la vie politique française et européenne. M. Briois est, lui, désigné « élu local de l’année ».

Le boycott de Claude Bartolone

La présence, pour la première fois, d’un élu FN a de quoi surprendre. Le principal intéressé, n’en revient d’ailleurs toujours pas. « Cela répare une injustice : celle de ne pas avoir récompensé Marine Le Pen comme révélation politique il y a déjà quelques années », rappelle M. Briois. La présidente du Front national devait venir à la remise du prix. Mais elle n'y a finalement pas assisté, à cause de l'incendie de la maison de son père, Jean-Marie Le Pen. La cérémonie a lieu en fin d’après-midi à l’Hôtel de Lassay, lieu de la présidence de l’Assemblée. Sans la présence de son résident principal, Claude Bartolone ayant décidé de boycotter la soirée. Selon son entourage, « il ne sera pas présent comme c’est la tradition, car il refuse de participer à la normalisation du FN ».

Pour M. Briois, ce prix vient récompenser son « travail d’implantation ». Pas peu fier, il note que les autres « nordistes » qui l’ont précédé sont Pierre Mauroy et Jean-Louis Borloo. Cette décision de décerner un prix à l’élu frontiste a, en tout cas, mis en émoi David Noël, membre du PCF de la cité minière.

« Le jury du Trombinoscope était-il en état d’ébriété ? », s’interroge l’élu d’opposition avant d’égrener certaines décisions prises par l’équipe du Front national depuis son arrivée aux commandes de la ville, en mars 2014, telles que l’arrêté anti-mendicité ou l’expulsion de la Ligue des droits de l’homme de son local municipal.

« Nous ne récompensons pas un bilan, mais c’est une manière de mettre en évidence la percée du FN et son implantation locale », répond la journaliste Arlette Chabot, présidente du jury. Elle ajoute : « Que cela nous plaise ou non, il faut savoir reconnaître ce qui a été fait. On ne fait pas la courte échelle au FN. Nous constatons des réalités politiques. »

« Une reconnaissance »

Pour Mme Chabot, la remise de ce prix n’est en aucun cas un brevet de respectabilité donné au parti d’extrême droite, ni un argument qui le servirait dans sa stratégie de dédiabolisation. « Ignorer le FN en se bouchant le nez, ce ne serait pas convenable professionnellement. Nous avons souligné que le FN avait une stratégie gagnante en pariant sur des élus locaux, qui sont implantés », tranche la journaliste.

Gilles Leclerc, PDG de la chaîne Public Sénat, est un autre membre du jury. C’est lui qui doit remettre le prix à Steeve Briois mardi en fin d’après-midi. Il rappelle que, s’il y a eu débat au sein du jury, un « consensus » est néanmoins sorti des discussions. « Comment des journalistes professionnels pouvaient-ils dire ce qu’a été l’année politique 2014 en ignorant le FN ? Ce n’est pas une récompense mais une reconnaissance, un symbole, une illustration, une constatation. »

Laurent Joffrin, directeur de la rédaction de Libération, rappelle qu’il était absent lors de la discussion qui a eu lieu en décembre. « Je n’aurais certainement pas voté pour lui, affirme-t-il. Mais le FN n’est pas un parti illégal et des Français leur apportent leurs suffrages. »

Reste que, pour le FN, cette récompense le met dans une situation délicate. Cela constitue, certes, un pas de plus dans sa stratégie de « dédiabolisation ». Mais, en voyant l’un des siens recevoir un tel prix, le parti de Mme Le Pen se voit adoubé par le « système médiatico-politique » qu’il honnit à longueur de tracts et de discours. Il sera un peu plus difficile désormais pour Marine Le Pen et ses soutiens de jouer la partition du parti « antisystème ».

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