Direction les quartiers nord Blois. "Derrière la ligne de chemin de fer", comme on dit ici. D'un côté de la voie ferrée, le château royal et les pavés du centre-ville ; de l'autre, l'ancienne "ZUP Nord".
Un gros quart de la commune (15.000 personnes en tout) vivent dans les dizaines de barres de crépi clair. Trois collèges se partagent les enfants du secteur : le collège Rabelais, le collège Michel Bégon, et un trottoir plus loin les grilles de Saint-Vincent-Père-Brottier.
"Je voulais aller dans un autre collège. Mais ma mère a préféré m'inscrire ici", raconte Lucas, qui vient de rentrer dans ce collège catholique privé. Dans le quartier, c'est la première porte où les classes moyennes tapent pour fuir la carte scolaire.
Séverine est pourtant née dans cette "ZUP Nord". Mais elle aussi a voulu éviter le public au moment d'inscrire sa fille au collège.
"C'était un collège de ZUP. Du coup, il y avait forcément des soucis particuliers proprement dits à son implantation géographique", explique-t-elle. Elle évoque "la délinquance, des problèmes avec d'autres élèves qui peuvent être dramatiques par la suite".
Une étiquette infondée dans les faits. Il y a eu eu à peine trois conseils de discipline de plus cette année au collège Rabelais par rapport à un établissement du centre-ville.
Le collège d'éducation prioritaire Rabelais est le dernier établissement de l'agglomération en terme de mixité sociale
Sina Mir, journaliste à RTL
Pour casser le stéréotype, Thibault Pontillon, son principal, doit donc faire preuve de trésors de communication. Il invite aux journées portes ouvertes, par exemple en fin d'année, des parents d'élèves inscrits pour défendre la réputation de son établissement face aux sceptiques.
Conséquence de cette étiquette tenace, le collège d'éducation prioritaire Rabelais est aujourd'hui le dernier établissement de l'agglomération en terme de mixité sociale. "Peu de mixité, cela se caractérise par des élèves qui sont issus de familles plutôt défavorisées, pour les trois-quarts d'entre eux", décrypte Thibault Pontillon, pour qui "cela nécessite de s'adapter".
"Le collège réussit sans doute moins bien qu'un collège de centre-ville, évidemment. Les conditions de travail des élèves ne sont pas les mêmes", poursuit-il.
"Pas les mêmes conditions" : est-ce la fin de l'égalité face à l'école ? Il faut regarder la réalité des chiffres. Dans les établissements ordinaires, 75% des élèves français maîtrisent les compétences de base en fin de Troisième. Ils sont seulement 40% dans les zones d'éducation prioritaire.
La concentration des étrangers primo-arrivants - ceux qui arrivent en France pour la première fois avec les familles les plus pauvres - rajoutent dans ces établissements des barrières, pour le principal de Rabelais.
"Dans un collège ordinaire, les familles vont aider et encadrer les élèves. Elles vont éventuellement leur apporter des éléments de culture. Ici, ils ont une culture qui est différente de notre culture occidentale", affirme Thibault Pontillon.
"Concernant les liens qu'ils pourraient faire avec telle ou telle oeuvre qui leur est présentée en classe, cela va être plus compliqué", soutient-il.
Ici, ils ont une culture qui est différente de notre culture occidentale
Thibault Pontillon, principal du collège Rabelais
Y a-t-il alors un moyen de rétablir cette mixité sociale à l'école ? Forcément, on pense en premier aux logements sociaux en centre-ville. Il s'agit d'amener certaines familles défavorisées hors du circuit d'éducation prioritaire.
Dans le sens inverse, comment maintenir les classes moyennes dans ces quartiers ? Un rapport de 2002 sur la mixité à l'école et au collège proposait déjà à l'époque de réduire encore la taille de ces établissements, par exemple. Maximiser l'encadrement pour réussir à enrailler la fuite des classes moyennes et cette spirale du décrochage.
Toute cette semaine, RTL propose une série de reportages pour faire un état des lieux des clivages qui existent au sein de la société française et qui ont éclaté au grand jour après les attentats contre Charlie Hebdo et la supérette casher de la porte de Vincennes.
La France aujourd'hui s'interroge douloureusement : comment trois enfants de la République ont-ils pu prendre les armes contre leurs propres compatriotes ?
RTL a choisi d'écouter et de donner la parole aux Français pour décrypter les fractures qui divisent notre pays et font craindre pour sa cohésion : crispations identitaires, chômage, échec scolaire, ghettoïsation ethnique et religieuse.
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