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HISTOIRE

Un témoignage sur des élèves «anti-Charlie» arrangé

Le dialogue de l'écrivain Mohamed Kacimi avec les élèves d'un lycée, qui a fait grand bruit, était en fait romancé.
par LIBERATION
publié le 29 janvier 2015 à 21h42

C'est un témoignage qui avait eu, au lendemain de l'attentat contre Charlie Hebdo, un certain retentissement. Le 12 janvier, l'écrivain et dramaturge Mohamed Kacimi racontait sur Facebook que lors d'une intervention dans un «lycée de banlieue», abordant le meurtre collectif face à deux classes, des élèves lui avaient répliqué qu'«ils l'ont bien cherché», qu'«ils ont eu ce qu'ils voulaient», qu'«on n'insulte pas les gens comme ça», ou encore que «y a que les juifs qui ont droit à l'humour».

Plusieurs médias, dont Les Echos, avaient alors relayé ce témoignage, qui a fini par arriver aux oreilles d'Alain Finkielkraut, lequel s'en est servi pendant une émission de Des paroles et des actes sur France 2 pour appuyer sa théorie d'un «racisme anti-blancs» à l'œuvre dans la société.

Pourtant, comme le souligne Marianne (qui avait aussi publié le texte) dans son édition de vendredi, ce témoignage était pour le moins arrangé. Le dialogue relaté par Mohamed Kacimi n'a jamais eu lieu, comme l'a d'abord signalé au Parisien l'équipe enseignante du lycée où s'était supposément déroulée la scène : «Nos élèves avaient échangé avec lui pendant cinquante minutes, raconte un professeur présent lors du débat. Il n'y a pas eu de violences, d'éclats de voix. C'est lui qui a parlé de Charlie Hebdo, alors que ce n'était pas du tout le sujet.» «Ce sont des lieux qui ont inspiré une de mes chroniques», se justifie maintenant Mohamed Kacimi auprès de Marianne, niant avoir présenté les faits comme se déroulant dans un seul établissement.

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