A person holds a bulletin of adhesion for the Front national far-right party on November 26, 2012 in Nice.  AFP PHOTO / VALERY HACHE

La justice s'intéresse à des prêts consentis à des candidats FN et du matériel électoral vendus par la société Riwal et le micro-parti Jeanne.

AFP/Valéry Hache

Des soupçons de surfacturation, d'étranges coûts de prestations électorales, une campagne présidentielle au coeur d'une enquête judiciaire, un sous-traitant proche du leader d'un parti politique...l'affaire Bygmalion? Pas seulement. C'est également l'affaire Riwal, du nom d'une société détenue par Frédéric Chatillon, ami de Marine Le Pen. Celui-ci a été mis en examen pour "escroquerie" dans le cadre de plusieurs campagnes électorales.

Publicité

Riwal, un sous-traitant trop gourmand?

Les enquêteurs se demandent si les prestations fournies par Riwal pendant la présidentielle 2012 ont pu être surfacturées, alors que les dépenses de campagne sont remboursées par l'Etat. Or, le fondateur de Riwal s'appelle Frédéric Chatillon, proche de Marine Le Pen et ancien responsable du syndicat étudiant d'extrême droite GUD. Impression de documents électoraux, location de salles ou de moyens TV, envoi de courriels ou de SMS et même sondages comme le révélait Mediapart en 2013, Riwal représente une aide précieuse pour le FN.

Jeanne de la partie

L'enquête ne se concentre pas uniquement sur un sous-traitant. Elle se penche aussi sur le rôle du micro-parti de Marine Le Pen baptisé Jeanne, dont le trésorier est aussi l'un des actionnaires de Riwal, au moins jusqu'en octobre 2013. Là aussi, des prestations auraient pu être surfacturées (un kit de campagne -tract, photos, site Internet- coûtait environ 16 000 euros). Ce n'est pas tout: la justice se demande comment Jeanne a pu prêter de l'argent aux candidats FN aux législatives de 2012 à des taux allant jusqu'à 7%. En décembre, L'Obs soupçonnait le FN d'avoir ainsi détourné 6 millions d'euros.

Marine Le Pen en danger?

A l'UMP, l'affaire Bygmalion a poussé vers la sortie le président du parti, Jean-François Copé. Pour l'heure, Nicolas Sarkozy, réfugié derrière sa ligne de défense (je ne savais rien de Bygmalion) n'a pas encore été inquiété. Alors quel sort pour Marine Le Pen, à la fois présidente du FN et ex-candidate à la présidentielle. "Je n'ai pas été auditionnée. Je ne sais absolument pas de quoi retourne cette affaire. Elle ne me concerne pas juridiquement", a-t-elle expliqué à l'AFP. Elle ne va tout de même pas jusqu'à, comme Nicolas Sarkozy, nier sa connaissance des acteurs de l'affaire: "Evidemment, je ne vais pas vous dire que je ne connais pas Frédéric, et que je ne connais pas la manière dont s'est mise en oeuvre, de manière légale, le financement des différents candidats."

La même ligne de défense qu'à l'UMP

Des affaires Bygmalion à Riwal, on retrouve tout de même un trait commun dans les défenses des personnes mises en cause. Des deux côtés, on affirme que le financement des campagnes à été validé par la Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP). Cette instance n'a pourtant pas les moyens de vérifier si les prestations inscrites dans chaque ligne de budget sont surfacturées par rapport aux prix du marché. Elle valide l'ensemble des comptes mais ne mène pas l'enquête pour savoir si 16 000 euros pour des tracts, un site internet et des photos est un prix trop élevé. Cette enquête là est désormais entre les mains de la justice.


Publicité