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Raif Badawi, le blogueur condamné  - "La flagellation est une honte pour l’Arabie saoudite"

Raif Badawi, le blogueur saoudien condamné.
Raif Badawi, le blogueur saoudien condamné. © DR
Anthony Verdot-Belaval

Le blogueur saoudien, Raif Badawi, condamné à 1000 coups de fouet et à 10 ans de prison par la justice saoudienne pour avoir créé un blog, est toujours en attente jeudi soir pour savoir si ou non il sera flagellé vendredi après la prière hebdomadaire. 

Le 9 janvier dernier, la condamnation de Raif Badawi a commencé , après la prière hebdomadaire, près de la mosquée de Djeddah. Cinquante coups de fouet que le blogueur a dû supporter avant de retourner dans l’une des prisons insalubres d’Arabie saoudite. Raif devait être à nouveau flagellé les semaines suivantes, toujours le vendredi, mais le médecin de la prison à annuler les séances pour «raisons médicales» . Sa femme, Ensaf Haidar, a confié à Paris Match lundi dernier que son époux «ne cicatrisait pas, ne s’alimentait pas assez», en ajoutant qu’elle «s’inquiétait pour sa santé». Vendredi 30 janvier, Raif devrait subir à nouveau la foudre de l’Etat saoudien, malgré les inquiétudes de sa famille et la pression internationale. De son côté, l'organisation de droits humains Amnesty International alerte : les conséquences sur la santé physique et mentale de Raif seront irréversibles si sa peine de 1000 coups de fouet est appliquée dans sa totalité. 

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«Le fait de flageller Raif Badawi est incroyablement cruel et choquant de la part des autorités saoudiennes. Ce châtiment porte atteinte à l'interdiction de la torture et des autres formes de mauvais traitements en vertu du droit international, et ne doit être appliqué sous aucune circonstance. Le faire de manière répétée est susceptible d'accentuer les souffrances, tant mentales que physiques, infligées à la victime», a déclaré Philip Luther, directeur du Programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International. 

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En effet, vendredi 30 janvier, Raif devrait être flagellé pour la deuxième fois. A nouveau 50 coups de fouet. Mireille Etchacar, membre d’Amnesty International Canada, a confié à Paris Match jeudi que le médecin de la prison «décidera au dernier moment», avant d’aller sur le site de la flagellation, si oui ou non, Raif sera torturé. 

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"Raif est un prisonnier d’opinion"

Si cette deuxième séance avait lieu, elle risquerait d’être encore plus dangereuse que celle du 9 janvier. Le Dr Juliet Cohen, responsable des médecins à Freedom From Torture, en est certaine. «Plus on administre de coups les uns sur les autres, plus le risque que cela ne cause des blessures ouvertes est élevé. Cela est important parce que ces lésions sont susceptibles d'être plus douloureuses et de s'infecter, ce qui occasionne des souffrances accrues sur une période plus longue, l'infection retardant la cicatrisation». Elle évoque aussi les souffrances mentales supportées par Raif depuis plusieurs semaines. «Psychologiquement, la flagellation peut provoquer des sensations de peur, d'anxiété, d'humiliation et de honte. Il est probable que la perspective de nouvelles flagellations suscite des émotions intenses, en particulier de peur et d'anxiété, ainsi que des difficultés à dormir [...] Éprouver peur et douleur en même temps sur une période prolongée a un effet débilitant, et se remettre de ce type d'expérience peut prendre un temps considérable», a-t-elle déclaré. 

Des rassemblements «Je suis Raif» commencent à naître partout dans le monde, en soutien au blogueur et plus largement au nom de la liberté d’expression. Ils demandent aux autorités saoudiennes de libérer et d’annuler immédiatement la condamnation de Raif Badawi. «Raif est un prisonnier d'opinion, dont le seul "crime" est d'avoir fondé un site Internet destiné à accueillir des discussions publiques, et les autorités saoudiennes doivent mettre fin à leur campagne malveillante à son égard. La flagellation est prohibée par le droit international, et appliquer un châtiment aussi cruel et inhumain de manière régulière est une honte pour le pays», a déclaré pour finir Philip Luther. 

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