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CENTRAFRIQUE

Bain de sang à Bangui : "On est certains que ça ne va pas en rester là"

 Alors que l’ONU vient de donner son feu vert à la France et à l’Union africaine pour protéger les civils en Centrafrique, Bangui est en alerte maximale après l’attaque meurtrière menée la nuit dernière par des milices anti-Balaka. Deux témoins reviennent sur cette opération.  

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Des anti-Balaka en pleine opération dans les rues de Bangui ce matin. Photo Hippolyte Donossio.

 

Alors que l’ONU vient de donner son feu vert à la France et à l’Union africaine pour protéger les civils en Centrafrique, Bangui est en alerte maximale après l’attaque meurtrière menée la nuit dernière par des milices anti-Balaka. Deux témoins reviennent sur cette opération

 

Dans la nuit de mercredi à jeudi, des groupes d’anti-balaka, les milices d’auto-défense qui s’opposent aux anciens rebelles de la Séléka, ont attaqué la capitale centrafricaine en entrant par le quartier Boy Rabe, un fief de l’ex-président François Bozizé. Rapidement, les forces de l’ex-Séléka ont été prises de cours par une opération coordonnée aux quatre coins de la capitale.

 

Selon des soutiens de François Bozizé basés en France, qui affirment être en contact avec des anti-balakas à Bangui, l’objectif de l’opération de ce matin était d’ "envoyer un message fort aux médias internationaux à quelques heures du vote". Ils évoquent une "stratégie militaire" sans donner plus de détails.

 

ATTENTION CERTAINES IMAGES QUI SUIVENT SONT CHOQUANTES

"Les assaillants criaient ‘on est là pour rétablir l’ordre constitutionnel !"

À 5 heures du matin, Nicolas (pseudonyme) qui habite à quelques centaines de mètres du camp Béal, le siège de l’état major centrafricain, au nord de la ville, est réveillé par des coups de feu.

 

Les anti-balaka avaient des gourdins, des machettes et des armes artisanales. Ils portaient des accoutrements ruraux et des gris-gris. En d’autres termes, ils semblaient très insuffisamment armés pour faire quoi que ce soit. Mais ça ne les a pas empêchés de s’adonner à un vrai carnage : lorsque je suis sorti, une trentaine de cadavres jonchaient les rues devant chez moi. Plusieurs maisons ont également été intégralement détruites.

 

Photo prise par Nicolas devant chez lui. Un anti-balaka qui portait une matraque a été abattu par les ex-Seleka.

 

Les assaillants criaient "On est là pour rétablir l’ordre constitutionnel " d’autres ont dit qu’ils étaient déjà 400 à Bangui et que leur objectif était de prendre de cours l’ex-Séléka. L’un d’eux a même fait référence à des récents financements apportés par l’ex-président Bozizé et Edouard Patrick Ngaissona [NDLR ex-ministre des sports centrafricain jusqu’en mars 2013, proche de François Bozizé] qui auraient permis de passer à l’attaque [dans l’après midi, Nicolas affirmait que la Séléka avait repris le contrôle du quartier].

"Ils étaient clairement à la recherche des musulmans"

À l’ouest de la ville, Iritimbi (son nom a été changé) assiste à un autre assaut dans le quartier du KM5, où une forte communauté tchadienne est présente. Les rebelles de l’ex-Séléka sont souvent perçus comme des Tchadiens bien que ces derniers soient minoritaires dans le mouvement.

 

Lorsque les assaillants sont arrivés dans notre quartier, ils ont érigé des barricades et commencé méthodiquement à fouiller les maisons. Mais pas n’importe lesquelles : ils étaient clairement à la recherche des musulmans. Ils ont affirmé que les non-musulmans n’avaient rien à craindre, et que certains de leurs "agents", présents depuis plusieurs semaines à Bangui, avaient fait un travail de repérage [de nombreux Observateurs contactés à Bangui affirment que, dans les combats, les anti-balakas ont aussi tué des non-musulmans].

 

"Beaucoup portaient les insignes des Forces armées centrafricaines"

 

C’était une opération prévue de longue date, mais qui était vouée à l’échec, une sorte d’opération suicide : leurs troupes étaient un mélange étrange entre des personnes armées très sommairement et des assaillants plus lourdement armés avec des mortiers ou des Kalachnikov. Parmi ces derniers, beaucoup portaient les insignes des Forces armées centrafricaines [les Faca ex-forces de l’armée centrafricaine sous François Bozizé]. On est certains que ça ne va pas en rester là et que les 24 prochaines heures risquent d’être encore sanglantes.

 

À Bangui, on craint la suite car les ex-Séléka [qui ont repris partiellement le contrôle de la ville NDLR] affirment qu’ils vont se venger. Et comme d’habitude, c’est la population qui trinque.

 

 

Photo prise par un Observateur au quartier KM5, des musulmans victimes des anti-balaka.

 

Les affrontements de ce matin auraient fait au moins 120 morts. Au sud-ouest de la ville, les résidences du président Michel Djotodia et du premier ministre Nicolas Tiangaye ont également été pillées. Deux cent cinquante soldats français se sont positionnés pour sécuriser les rues de Bangui dans le cadre de l’opération Sangayis. Au totale, plus de 1200 soldats français doivent participer à l’opération en Centrafrique.

 

 

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