FORMATIONSciences Factor: Un concours pour rendre plus attractifs les métiers scientifiques

Sciences Factor: Un concours pour rendre plus attractifs les métiers scientifiques

FORMATIONCe mercredi, des récompenses seront remises aux élèves français qui ont mené des projets scientifiques ambitieux, une façon de redonner le goût des sciences aux jeunes qui boudent ces filières...
Illustration d'une chercheuse à l'hopital Cochin.
Illustration d'une chercheuse à l'hopital Cochin. - A. GELEBART / 20 MINUTES
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

Porter un t-shirt avec des capteurs solaires pour recharger son portable. Installer sur ses volets des plantes qui absorbent bruit extérieur et pollution intérieure. Ces inventions, dignes du concours Lépine, sont le fruit d’un travail collectif de collégiens français. Avec un gros coup de pouce nommé Science Factor, un rendez-vous qui depuis quatre ans tente de rendre plus concrets les métiers scientifiques… et plus attractifs.

Remise du Prix de Science Factor au ministère

Cette année, 1.000 élèves ont mené des projets scientifiques aussi inventifs qu’utiles. Deux de ces équipes de collégiens et lycéens repartiront ce mercredi avec un prix remis au ministère de l’Enseignement supérieur, qui organise avec le cabinet d’études Global Contact ce concours. Car le constat est alarmant: les métiers scientifiques ont du mal à faire rêver les jeunes. Selon un rapport du CSA datant de septembre 2014 seulement un tiers des jeunes (33%) s’imaginent travailler dans les sciences.

Avec des nuances selon les filières. Selon une enquête de Pôle emploi en 2014, sur 11.000 recrutements en ingénierie et R&D (recherche et développement), plus de la moitié des postes n’ont pas reçu assez de candidatures. Comment expliquer ces réticences? «D’un côté il y a une perception d’études très difficiles et longues, de l’autre un manque de reconnaissance», souligne Claudine Schmuck, fondatrice de Global Contact et organisatrice de Science Factor. Les jeunes ne se rendent pas compte que beaucoup de métiers ne nécessitent pas forcément un diplôme d’ingénieurs.»

La méconnaissance explique donc beaucoup ce désamour. «Les écoles de commerce ont plus de succès auprès des jeunes, reconnaît Didier Goguenheim, directeur de l’ISEN Toulon. Mais nous devons transformer l’idée de difficulté en challenge. Et rappeler qu’un ingénieur cherche un emploi moins longtemps qu’un diplômé d’école de commerce (à l’ISEN Toulon, 90% des diplômés ont un emploi trois mois après leur sortie d’école), a un salaire important et une perspective d’évolution large.»

«Il faut valoriser cette créativité»

Mais le manque d’attractivité de l’informatique, du numérique, semble paradoxal pour ces «digital natives», qui savent pianoter sur un clavier avant de marcher. «Ces jeunes ne font pas la connexion entre smartphone et science», assure Claudine Schmuck. D’où la volonté de ce concours qui «ne récompense pas l’excellence scientifique mais l’innovation. Ces adolescents ne sont pas les meilleurs de la classe, ne lisent pas Sciences et Vie junior, mais ils sont en prise avec les enjeux de demain. Il faut valoriser cette créativité.»

Concrétiser ces prototypes

Ce Science Factor lutte contre les stéréotypes en concrétisant ces esquisses d’inventions. «Cette année, le prix ne représente pas l’aboutissement mais le point de départ, confie l’organisatrice. Deux équipes viennent présenter des prototypes, et nous espérons que des entreprises pourront les développer.»

Si ce genre d’initiative aide à incarner la science, d’autres évolutions pourraient changer les clichés. «Depuis la crise, les jeunes sont plus sensibles aux débouchés des études, souligne Claudine Schmuck. Le fait que les métiers scientifiques affichent un taux de chômage de moins de 5% compte. D’autre part, les jeunes rêvent d’un métier qui ait du sens, qui soit utile.» Enfin, le travail doit venir de l’enseignement pour faciliter les ponts entre lycée, grandes écoles et métiers divers. «Nous devons faire un effort d’information pour lier notre formation aux mots management, talents, innovation», explique Didier Goguenheim.

>> Dès le primaire, les «savanturiers» montent des projets scientifiques, épaulés par des chercheurs

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