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Le combat contre une décharge géante dans l'Orne

En mai 2012, lors de la construction de la décharge, à quelques mètres du haras national du Pin, lieu d'élevage de chevaux mondialement connus. CHARLY TRIBALLEAU/AFP

Ils se font appeler les bonnets verts et s'opposent à une immense décharge dans l'Orne à Nonant-Le-Pin, lieu d'élevage de chevaux mondialement connus. Selon eux, cette activité industrielle polluera le site. Un combat qui mêle justice et paillettes. De nombreuses vedettes dont Thierry Ardisson ou Luc Besson, les soutiennent.

Le bras de fer continue entre GDE, une entreprise spécialisée dans le recyclage qui a ouvert une décharge géante dans l'Orne à Nonant-Le-Pin, et des riverains en colère, persuadés que cette installation aura des conséquences nuisibles et durables sur l'environnement. La bataille se joue dans les champs mais aussi à la barre des tribunaux. Le juge des référés d'Argentan doit examiner ce jeudi 5 recours.

Blocage des habitants

Depuis le 24 octobre dernier, ce centre de stockage qui avait reçu le feu vert pour démarrer ses activités deux jours plus tôt, le 22 octobre, est bloqué par les habitants du coin. GDE a eu à peine le temps d'acheminer quelques camions de détritus, que des tracteurs se sont mis en travers de la chaussée, entravant l'accès à cette décharge destinée à recevoir 150.000 tonnes de déchets par an. Des résidus de broyage automobile et «des déchets industriels banals».

Depuis, le barrage continue. 24h sur 24, la population qui se fait appeler les «bonnets verts» monte la garde. Et comme le temps pourrait paraître un peu long à ces sentinelles qui se relaient jour et nuit, ces dernières ont décidé de joindre l'utile à l'agréable en organisant des petites soirées. Le mercredi soir est ainsi devenu «le mercredi du front de résistance de l'Orne». Parmi les tentes, les barbecues et les tracteurs, ces combattants de Normandie organisent des débats, font venir des invités… «On est parfois 500 à se rassembler au portes du site», indique Jacques Carles, qui dirige un cabinet de conseil et qui prête main forte au mouvement.

Des dizaines de millions d'euros investis

Mais derrière cette bonne humeur, la détermination est là. Sur ces terres qui accueillent la plus grande concentration de haras de France, la population refuse tout net cette activité industrielle. Car selon eux, les nappes phréatiques seraient atteintes et par ricochet, les ruisseaux, les terres, l'herbage et au bout de la chaîne les habitants et les chevaux. «On n'est pas prêt à laisser saboter notre région», avertit Éric Puérari, éleveur de chevaux et président de «Sauvegarde des terres d'élevage», l'une des deux associations créées pour «résister» à GDE. Avec sa partenaire, Nonant-Environnement, Éric Puérari a fait intervenir un hydrogéologue. Son verdict est sans appel. Il y a un risque majeur de pollution des nappes phréatiques.

Mais GDE, qui a produit des études attestant du contraire et qui a eu toutes les autorisations pour ouvrir ce centre, commence à trouver le temps long. Avec un outil de travail non utilisé, elle perd de l'argent. Une situation qui inquiète d'ailleurs, le préfet. Jean-Christophe Moraud. «C'est un investissement qui avoisine pas loin de 30 millions d'euros. Dans l'Orne des investissements industriels de cette nature, ces deux dernières années, il n'y en a pas eu beaucoup», a-t-il récemment déclaré lors d'un point presse. Et d'ajouter que cette décharge crée de l'emploi: «13 directs et une vingtaine indirects», selon lui. «Par les temps qui courent ça se regarde. Quand vous avez une entreprise qui dans l'Orne comme ailleurs créée 10 emplois en CDI, c'est tout juste si vous ne pleurez pas de joie», a-t-il conclu.

«Préserver une région et son activité»

Du coup, GDE réagit et demande aux associations de faire cesser le blocage sous peine de lourdes astreintes. Une requête que doit examiner ce jeudi le juge des référés.

Les quatre autres recours sont introduits par les associations qui demandent à GDE de produire des pièces et de les remettre à un expert désigné par la justice. Elles veulent aussi l'évacuation des premiers déchets déversés ainsi que la mise sous scellés du site, le temps que toutes les études d'impact soient réalisées. Autre requête: une estimation de la valeur actuelle des exploitations. «S'il y a par la suite pollution, on pourra à partir de cette photographie d'ordre économique, chiffrer les montants des dommages et intérêts à réclamer», poursuit Jacques Carles.

Ardisson, Besson, Canet et Deutsch mobilisés

«GDE met en avant le nom des deux présidentes d'associations qui sont de la famille Guerlain pour réduire leur action à un combat de nantis voulant préserver leur patrimoine. Mais cela n'a rien à voir. Il s'agit de préserver une région et son activité autour de l'élevage», insiste l'un des avocats, Me Alexandre Faro. Et il est vrai que les bonnets verts attirent du beau monde: Thierry Ardisson, Luc Besson, Guillaume Canet, Lorànt Deutsch ou encore Chantal Thomass leur apportent leur soutien. Les paillettes s'invitent au combat.

La semaine prochaine, ce dernier se poursuit. GDE porte l'affaire devant le tribunal correctionnel et demande réparation des dégradations commises sur son site en poursuivant les deux structures associatives, tenues pour responsables. En janvier encore une autre audiences est prévue. De l'avis tous l'affaire est loin d'être finie… Contacté par Le Figaro, le conseil de GDE n'a pas voulu s'exprimer.

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