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Multiplication de « Coexist » sur les murs de Paris

A l’appel du street artiste Combo, agressé la semaine passée pour avoir tagué ce slogan œcuménique, une centaine de personnes ont participé dimanche à un collage collectif.

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Publié le 08 février 2015 à 17h42, modifié le 19 août 2019 à 13h31

Temps de Lecture 3 min.

Le graf

Ils sont une centaine à être venus au rendez-vous à l’Institut du monde arabe à Paris, bravant le vent frileux qui exaspère les doigts et rosit les joues. Graphistes, grapheurs, citoyens en tout genre… A midi trente, dimanche 8 février, à l’heure où ces oiseaux de nuit sont le plus souvent encore au lit et quand leurs concitoyens mangent le gigot familial, ils sont venus chercher des affiches, des seaux de colle et des pinceaux pour tapisser Paris d’un seul mot d’ordre : « Coexist ». Un mot-slogan tracé de manière stylisée : le croissant de l’Islam à la place du C, l’étoile de David pour le X, et une croix pour le T.

C’est en traçant cette inscription sur un mur, près de la porte Dorée à Paris, huit jours plus tôt, que le street artiste Combo, barbu sans religion, s’est fait rouer de coups. C’est pour ne pas en rester là qu’il a appelé sur sa page Facebook à ce happening collectif. Jack Lang, patron du lieu, a offert l’hospitalité à l’Institut du monde arabe (IMA). Les réseaux sociaux ont fait le reste. Et c’est triomphant et enthousiaste que, sous l’œil des caméras, Combo et ses acolytes collent sur les fenêtres de l’immeuble construit par Jean Nouvel, le premier exemplaire du « Coexist ».

Un désir de rencontre

« Pour moi, la paix est quelque chose d’essentiel pour l’humanité, souffle Céline, assistante de vie à domicile, qui a fait le trajet depuis Orsay en banlieue Sud. « Je suis chrétienne d’origine, même si je ne pratique plus. J’étais invitée à un colloque à Lille ce week-end sur le thème coexister. Ce n’était pas possible de ne pas être ici aujourd’hui. » Passé le moment protocolaire, chacun prend ses affiches, un grand seau, un pinceau, se rassemble pour former des groupes qui s’éparpillent dans Paris. Mehdi, commercial, Johanna, assistante, Pascale et Raphaël partent vers Beaubourg, Châtelet, Hôtel de ville… « Qui veut venir avec nous ? », demandent-ils à la cantonade. « On va là où il y a du monde… » Coexister dans un désir de rencontre et de confrontation. La question de l’altérité posée dans cette action douce et symbolique.

Sophie Courade, historienne de l’art de formation, enseigne la communication en BTS dans des établissements privés. « Depuis les événements de janvier, je n’en reviens pas, pas un seul de mes élèves n’a ouvert un Charlie. Le rapport à la presse n’existe pas. Je les ai fait travailler sur le Coexist, comme je les avais fait travailler sur Banksy ou Zoo Project. » Ses élèves ne sont pas là. Elle oui, avec deux amis qui ont déjà des affiches sous le bras, prêts à aller coller. Didier Eclimont aussi est dans la communication, à la tête de sa socité Delix, il est venu avec sa fille Juliette, qui étudie à l’université la gestion et la protection de la nature. « Où est-ce qu’on va ? Ça te dit République, papa ? »

Pacifique ramdam, « Dji-art »

Combo est satisfait. Cinq cents affiches ont été distribuées. Il a été entendu. Plus qu’il ne l’imaginait. L’article du Monde, mercredi dernier, a fait le tour des réseaux sociaux. « Depuis trois jours, mon téléphone sonne sans cesse. Je n’ai même pas pu répondre vendredi à mes parents qui voulaient me souhaiter un bon anniversaire, sourit-il. Mais non, ce “Coexist” n’est pas une marque déposée, hausse des épaules Clément, son ami et néanmoins agent – mère juive, père arabe. L’idée n’est d’ailleurs pas nouvelle, c’est l’utilisation qu’il en a faite qui est importante ! »

La bande à Mamadou, Jeanne et Sabrina, a rallié Justin de Lyon et Antonin de Grenoble, qui étudient tous les deux le design au Lycée Léonard de Vinci à Villefontaine, dans l’Isère. Eux foncent vers le nord. Jusqu’à porte de Saint-Ouen. « Et s’il nous en reste, on les collera demain à La Courneuve, aux 4 000… », assure Jeanne. Son association YMCIA (Young Municipal Council International Action) y a ses bureaux. L’œil mal réveillé sous son sweat à capuche, mais passablement émerveillé par ce pacifique ramdam, un grapheur s’étonne, reprenant les mots de Combo qu’il a découverts sur Facebook : « C’est le ''Dji-art'' ! »

« Je suis pour le monde des Bisounours », rit Sabrina, qui n’a ni la langue dans sa poche ni l’énergie en berne. Community Manager sur des sites de grosses entreprises françaises, elle brandit le pinceau à colle pour désigner le petit groupe qui s’égaye sur le parvis de l’IMA : « L’homme, l’humanité, c’est si important… Pourquoi faut-il que nous ayons besoin de drames pour que tout le monde se rapproche ? »

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