Daesh : enquête sur une multinationale du terrorisme

VIDÉO. Arte diffuse mardi soir un documentaire décryptant le fonctionnement de l'organisation État islamique, désormais riche à milliards.

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Temps de lecture : 3 min


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Daesh : le nom arabe de l'organisation État islamique en Irak et au Levant est sur toutes les lèvres. Celles des terroristes, qui de plus en plus s'en réclament lors de leurs exactions, mais aussi celles des chercheurs, des politiques et de l'homme de la rue qui, tous, essaient de comprendre quelle organisation se cache derrière cet acronyme inconnu il y a un an encore.

Auteur de travaux remarqués sur la face cachée d'entreprises comme Goldman Sachs ou encore Mittal, le journaliste Jérôme Fritel présente mardi soir sur Arte un documentaire consacré au fonctionnement de la multinationale du terrorisme qu'est Daesh. Pour comprendre comment cette start-up née en Irak sous l'occupation américaine a grandi jusqu'à dominer aujourd'hui un État de 10 millions d'habitants, Jérôme Fritel et son complice Stephan Villeneuve ont sillonné pendant un mois les frontières du "califat" autoproclamé.

Territoire ennemi

Si les deux journalistes n'ont pas cherché à pénétrer le territoire ennemi, ils l'ont approché au plus près, emmenant le téléspectateur avec eux jusqu'au check-point de Maktab Khalid, à la frontière entre l'État islamique et le Kurdistan. On y découvre des civils terrorisés, continuant à mener une vie en apparence normale sous l'oeil vigilant des nouveaux maîtres, qui leur interdisent de fumer en public ou de sortir sans le voile intégral sous peine de mort.

Évitant le voyeurisme, le documentaire évoque sans sombrer dans le gore les crucifixions et décapitations menées par les arrivants lorsqu'ils prennent d'assaut une ville. Les images suivantes, celles de ces maisons marquées d'une inscription en arabe pour signaler aux djihadistes la présence de familles kurdes, sont presque encore plus terribles.

Épuration à l'oeuvre

Là où les différentes ethnies cohabitaient hier en bonne intelligence, l'épuration ethnique est désormais à l'oeuvre. Comme le rappelle le documentaire en préambule, l'État islamique (EI) est né d'une alliance contre nature : celle des anciens proches de Saddam Hussein avec une poignée d'islamistes radicaux anciennement membres d'al-Qaida emmenés par Abou Bakr al-Baghdadi. Détenus ensemble dans les geôles irakiennes du temps de l'occupation américaine, ces deux clans que tout opposait se sont alliés pour chasser leurs ennemis communs, chiites et Occidentaux.

S'appuyant sur une stratégie longuement murie en cellule, les cerveaux de l'organisation misent sur la frustration des populations sunnites maltraitées en Irak comme en Syrie pour mener la conquête territoriale. Une entreprise facilitée par la corruption qui gangrène les forces armées régulières, dont on s'aperçoit qu'elles ont fui sans combattre, abandonnant derrière elles le matériel dernier cri que leur avaient laissé les Américains. Et par les moyens désormais colossaux dont dispose l'EI.

Milliers de barils de brut bradé

Car c'est sans doute là le véritable apport de ce documentaire. Il nous rappelle que Daesh, contrairement à al-Qaida, est une organisation capable de s'autofinancer. Qui sera peut-être demain en mesure de mettre en place une administration et de proposer des services sociaux à ses habitants. L'État islamique contrôlerait en effet une vingtaine de puits de pétrole sur son territoire et réaliserait entre 500 000 et un million d'euros de chiffre d'affaires par jour. Loin d'être coupé du monde, le "califat" exporte chaque jour par camion des milliers de barils de brut bradé, qui rejoignent ensuite le circuit classique via la Turquie et la Jordanie. Plus embarrassant pour les puissances occidentales : les islamistes d'Al-Baghdadi ont la main sur des banques locales qui n'ont pas été exclues du système financier international et qui continuent donc chaque jour à effectuer des transactions avec le reste du monde.

Si le documentaire de Jérôme Fritel se contente d'exposer les faits, n'explorant pas la voie des solutions, il montre que l'action militaire ne peut être la seule clé. L'Émirat doit être aussi vite que possible "débranché" de ses sources de financement, sans quoi il sera impossible d'éviter la croissance vertigineuse de cette entreprise de destruction qu'est Daesh.

"Daesh, naissance d'un État terroriste", mardi 10 février à 20 h 55, dans le cadre d'une soirée spéciale consacrée par Arte à une enquête au coeur de "L'État islamique".

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Commentaires (6)

  • gtum

    Il serait temps de réagir vigoureusement contre cette invasion. Nous sommes trop bons pour ces truands.

  • Dumè

    Les puissances occidentales se bouchent volontiers les yeux, le nez et les oreilles...

  • jeanbob84

    Les islamistes d'Al-Baghdadi ont la main sur des banques locales qui n'ont pas été exclues du système financier international et qui continuent donc chaque jour à effectuer des transactions avec le reste du monde.
    En 2015 on n'est pas capable d'isoler ces banques du circuit de la finance international ? Les marchands d'armes doivent se frotter les mains, et de grosses fortunes privées sont surement en train de remplir des compte en suisse ou ailleurs ?