INTERVIEWFusillades de Copenhague: «Les juifs sont devenus la cible numéro un»

Fusillades de Copenhague: «Les juifs sont devenus la cible numéro un»

INTERVIEWJoël Mergui, président du Consistoire central israélite de France, réagit aux attentats de Copenhague...
Une femme allume une bougie devant la synagogue de Copenhague, le 15 février 2015
Une femme allume une bougie devant la synagogue de Copenhague, le 15 février 2015 - Michael Bothager Scanpix Danmark
Nicolas Beunaiche

Propos recueillis par Nicolas Beunaiche

Un mois après les attentats de Paris, Copenhague est à son tour touchée par le terrorisme. Samedi, un débat sur la liberté d’expression a d’abord été pris pour cible dans la capitale danoise, puis c’est une synagogue qui a essuyé des tirs. Bilan: deux morts, dont un juif. Une nouvelle attaque qui inquiète la communauté juive, de nouveau appelée par Benjamin Netanyahou à quitter l’Europe pour s’installer en Israël. Le président du Consistoire central israélite de France, Joël Mergui, réagit pour 20 Minutes à ces nouveaux événements.

Estimez-vous que les juifs sont la cible numéro un des terroristes?

Oui, la communauté juive est leur cible numéro un, même si elle n’est pas non plus la seule cible. Des militaires, des policiers, des dessinateurs ont aussi perdu la vie ces dernières années. Je note simplement qu’à Toulouse, en 2012, à Bruxelles, en 2014, puis à Paris et Copenhague, en 2015, à chaque fois, des juifs ont été visés. Nous avons mis du temps à prendre conscience de la montée de ce mal en Europe. Dès 2012, à Toulouse, les ingrédients étaient déjà réunis et les autorités n’ont pas réagi suffisamment. Il est inconcevable que, 70 ans après la Shoah, on assiste à une nouvelle montée d’un antisémitisme qui tue en Europe.

Que répondez-vous à l’appel de Netanyahou, qui invite les juifs à s’installer en Israël?

Benjamin Netanyahou est le Premier ministre du seul Etat juif du monde, il est complètement dans son rôle. Maintenant, ce n’est pas parce qu’il invite les juifs à s’installer en Israël qu’ils vont automatiquement le faire. Chaque citoyen européen doit choisir où il a envie de vivre en fonction de son travail, de sa famille, de ses envies… Mais je me félicite de l’entendre dire cela, comme je me réjouis du discours de Manuel Valls, quand il réaffirme que «la France sans les juifs de France n'est pas la France». Je préfère ce moment de l’histoire où l’on se dispute notre présence à celui, 70 ans plus tôt, où les juifs ne savaient plus où aller.

Qu’attendez-vous des autorités françaises et européennes?

Dès ce matin, j’ai eu l’assurance que le dispositif de sécurité autour des écoles et lieux de culte juifs serait maintenu. Mais il faut aller plus loin et que les Etats européens et les Etats-Unis allient leurs efforts. En France, le gouvernement doit notamment s’attaquer aux cités où circulent des armes. Il est impératif d’identifier les lieux suspects et les personnes impliquées dans le djihad.

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