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VENEZUELA

Maduro brandit la menace d’un coup d’État pour bâillonner l’opposition

Alors que le Venezuela connaît l’une des pires crises économiques de son histoire, le président Maduro tente de museler la contestation politique. Dernière offensive contre l’opposition : l’arrestation du maire de Caracas vendredi.

Une manifestation de soutien au maire de Caracas arrêté vendredi s'est organisée dans la ville samedi  20 février.
Une manifestation de soutien au maire de Caracas arrêté vendredi s'est organisée dans la ville samedi 20 février. Federico Parra, AFP
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La plupart des rayons des magasins sont vides et beaucoup de Vénézuéliens se passent depuis bien longtemps de lait et de papier toilette mais pour le président Nicolas Maduro, l’urgence n’est pas là. Persuadé que l’opposition prépare un coup d’État avec le soutien des États-Unis, il multiplie les arrestations d’opposants et les mesures sécuritaires.

Le placement en détention provisoire, vendredi 20 février, du maire de Caracas, Antonio Ledezma, 59 ans, ancien sénateur et vétéran de l’opposition vénézuélienne, en est le dernier exemple. L’édile a été brutalement interpellé jeudi soir dans ses bureaux par plusieurs dizaines d'agents des services secrets (Sebin) équipés d'armes, de cagoules et de gilets pare-balles. Deux procureurs lui ont signifié le lendemain qu'il était poursuivi pour "son implication présumée dans des faits relevant du complot pour organiser et exécuter des actions violentes contre le gouvernement".

C’est une lettre ouverte publiée la semaine dernière dans la presse, appelant à une transition démocratique à la tête du Venezuela et signée par Antonio Ledezma qui aurait provoqué son arrestation.

Contestation en berne

Le parti d'opposition Voluntad popular a organisé une marche dimanche 22 février pour réclamer la libération d'Antonio Ledezma et de deux autres opposants, Leopoldo Lopez et Daniel Ceballos.

Il y a un an, Leopoldo Lopez, fondateur du parti Voluntad popular, également maire de Caracas de 2000 à 2008, était mis aux arrêts pour "incendie volontaire, incitation à la violence, dommages sur des biens publics et association de malfaiteurs". Au moment de son arrestation, il était question que Leopoldo Lopez reste une quarantaine de jours en détention, le temps d'organiser son procès.

>> À lire sur France 24 : "Venezuela : Leopoldo Lopez, coqueluche de la contestation"

"Si le gouvernement le libère rapidement, se serait un signe de faiblesse", analysait à cette époque pour l’AFP Angel Oropeza, professeur de science politique à l’Université Simon-Bolivar. L’universitaire prévoyait alors un "embrasement du mouvement de contestation" si l’opposant était maintenu en détention.

Un an plus tard, force est de constater que la protestation a perdu de son , même si des événements sont toujours organisés pour réclamer la libération des opposants politiques. La pression croissante du gouvernement tend à décourager les Vénézuéliens de manifester publiquement leur mécontentement. En février et en mai 2014, des manifestations étudiantes étaient parties de San Cristobal, une ville de l’ouest du pays. La situation s'était envenimée et 43 personnes avaient été tuées selon le bilan officiel.

>> À lire sur France 24 : "Vaste opération policière contre les étudiants mobilisés à Caracas"

Appréhendé par les services vénézuéliens de la sûreté et du renseignement le 19 mars 2014, l’ancien maire de San Cristobal, Daniel Ceballos, est toujours en détention. Amnesty International rapporte que Miguel Rodriguez Torres, le ministre de la Justice et de l’Intérieur, avait déclaré sur Twitter à la suite de l’arrestation du maire que "[c'était] un acte de justice !" "Ce maire a favorisé et soutenu les violences irrationnelles qui ont éclaté à San Cristobal. Un maire a l’obligation d’appliquer la Constitution et la loi, pas de promouvoir la violence, l’anarchie et la rébellion civile !", avait-il ajouté.

 

Un modèle qui s’essouffle

Héritier politique du président Hugo Chavez, mort en mars 2013, Nicolas Maduro a jalonné ses deux ans de mandat de dénonciations de tentatives de coup d'État ou de meurtre, sans jamais parvenir à faire oublier la grave crise économique qui plombe sa gestion. Sa cote de popularité a plongé à 20 % d'opinions favorables. Jeudi, il a accusé le maire de Caracas de tramer un complot financé par les États-Unis, ce que Washington a immédiatement démenti.

>> À lire sur France 24 : "Venezuela : le président Maduro critiqué en ligne"

À quelques mois des élections législatives, les indicateurs économiques sont tous au rouge. L'inflation a battu en 2014 un nouveau record en atteignant les 68,5 %, les pénuries de denrées alimentaires ou de médicaments se multiplient. Et malgré un contrôle des changes strict instauré en 2003, les devises manquent en raison de la chute mondiale des cours du pétrole, principale ressource du Venezuela, qui dispose des plus importantes réserves de la planète.

Dans ce contexte, le modèle socialiste impulsé par Hugo Chavez, mêlant étatisation croissante de l'appareil économique et vaste redistribution de la manne pétrolière, s'essouffle.

Avec AFP
 

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