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France

Pourquoi la gauche n'en a pas fini avec Macron

Si ce jeune ministre a vu sa loi passer en force avec l'utilisation de l'article 49-3, il n'en demeure pas moins prêt à en découdre. Car l'ex-banquier ne dédaigne ni le rapport de force ni le conflit idéologique.
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Emmanuel Macron à l'Assemblée
Emmanuel Macron à l'Assemblée, le 18 février 2015.
CITIZENSIDE/AURÉLIEN MORISSARD

Quand Manuel Valls a annoncé l'utilisation de l'article 49-3 pour faire passer à coup sûr la désormais si célèbre loi Macron, quelques "professionnels" de la politique ont aussitôt voulu y voir une mauvaise manière du Premier ministre faite au ministre de l'Economie. Et de préciser aussitôt le "jeune" ministre de l'Economie, façon d'insister avec un tant soit peu de lourdeur sur son inexpérience politique. Le chef du gouvernement aurait ainsi voulu lui donner une leçon... Nous ne saurons jamais si cette arrière-pensée lui a oui ou non traversé l'esprit. Constatons au moins que s'il en est un que l'épisode ne trouble pas, c'est précisément Emmanuel Macron.

Macron, un politique qui assume la bagarre

Le technocrate est avant tout un politique ; l'ex-banquier, lui, ne dédaigne pas le rapport de force et le conflit idéologique. Au contraire, il le souhaite, l'assume, le provoque. Les bien-pensants de gauche affirment en chœur qu'il ne peut pas être de gauche puisque ex-banquier, libéral et réformiste - il ne peut y avoir pire au sein d'une partie de la gauche que ces trois spécificités accolées l'une à l'autre -, Macron assume et réplique : sa gauche est tout autant de gauche que leur gauche. Tout autant de gauche et efficace. Tout autant de gauche et capable de gouverner. Tout autant au service aussi des plus démunis. La bagarre, Macron l’assume et n'hésite à cogner quand il l'estime nécessaire.

Ainsi dans le dernier Journal du Dimanche : "Quand on est en situation d'urgence économique, on ne peut pas accepter d'être stoppé par le déni de réalité, les corporatismes ou les jeux d'appareils politiciens". Et une claque pour Benoit Hamon. Puis de se référer - comment en aurait-il pu être différemment ?- à Pierre Mendès France:"Il faut dire les choses et les faire". Et une pichenette à l'encontre de Martine Aubry qui, elle, l'appelle en public "Monsieur Macron" puisqu'un banquier, par définition, ne peut pas être un "camarade" ! Et on oserait prétendre que le sectarisme est en voie de disparition au parti socialiste? La preuve que non. La preuve par Macron.

Une gauche plurielle

Ce n'est pas pour autant que, sorti de ce jeu de rôles, les divergences ne soient pas à la fois réelles, importantes et respectables. Il ne fait aucun doute qu'Emmanuel Macron et Benoit Hamon incarnent deux gauches, deux conceptions de la gauche, deux pratiques de la gauche, deux manières de se vivre à gauche. Chacun peut préférer l'une à l'autre, mais elles sont l'une et l'autre fondées. La seule question qui vaille désormais, notamment après l'épisode du 49-3. Peuvent-elles coexister ensemble, ces deux conceptions ? Peuvent-elles cohabiter, ces deux conceptions, au sein du même parti, le PS ? Emmanuel Macron et Manuel Valls font-ils encore partie de la même famille politique, idéologique, culturelle - ce que prétend encore François Hollande ? Sans réponse claire, les Français continueront d'élection en élection de se détourner de la gauche, de toutes les gauches.

Dans cette indispensable et inéluctable éclaircissement, le ministre de l'Economie joue un rôle inattendu parce que important : plus et mieux qu'un provocateur brillant cherchant à tout prix à libéraliser la gauche, Macron, avec et derrière Valls, assume et enrichit le conflit théorique : c'est quoi la gauche du XXIe siècle? Celle du tandem Valls-Macron ? Celle du duo Aubry-Hamon ? Le président de la République adorerait échapper à cette contradiction apparemment insurmontable. Les Français pourraient ne pas lui en laisser le temps.

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