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En route vers la Primaire - Alain Juppé

Alain Juppé à Olivet, dans le Loiret, le 18 février.
Alain Juppé à Olivet, dans le Loiret, le 18 février. © Paris Match
Virginie Le Guay

Fort de sa popularité, l'ancien Premier ministre entame un tour de France d'un an. Cibles privilégiées : les petites villes et les rencontres informelles.

Modestie et patience. Deux mots – deux vertus plutôt – qui a priori ne sont pas inscrites dans l’ADN d’Alain Juppé . Et pourtant, c’est ce à quoi s’applique jour après jour le candidat à la primaire UMP de 2016 . Encouragé par une popularité qui ne se dément pas (où il mène la course en tête, voir notre sondage), le maire de Bordeaux entame en ce début d’année un tour de France en immersion profonde. Pas de grandes villes ni de buffets somptueux et encore moins de cars de militants venus de tout le département. Et ne parlons même pas de protocole ou de voiture avec gyrophare. Après Le Temple-sur-Lot (997 habitants) il y a quinze jours, le maire de Bordeaux était mercredi dernier à Olivet (19 209 habitants), dans la banlieue d’Orléans, pour un apéritif-débat. Le principe est simple : tout le monde debout, y compris le candidat – qui se tient au milieu de l’assistance –, trois ou quatre questions préparées à l’avance et, entre les questions (chômage, agriculture, allègement des charges, code du travail...), des bavardages impromptus avec les uns ou les autres, accompagnés de quelques chips et d’un verre de cidre fermier.

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Un exercice inédit pour l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac qui arrive sur les lieux quasiment seul, sans notes ni dossier, armé de sa seule bonne volonté, et déterminé à être « concis et synthétique ». « Je prends mon temps », prévient Alain Juppé, apparemment ravi de ces micro déplacements « longue durée » : avant la salle des fêtes d’Olivet, le candidat a déjeuné place du Martroi à Orléans avec de jeunes chefs d’entreprise, puis visité avec le maire, Serge Grouard, le quartier de l’Argonne.

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"Notre adversaire le plus dangereux reste le Front National"

L’ambiance de la réunion est bon enfant. Matthieu Schlesinger, adjoint au maire d’Olivet mais surtout cofondateur du think tank UMP La Boîte à idées – sorte de Terra Nova de droite –, n’a eu aucun mal à « monter » le déplacement. Quelques e-mails ont suffi à remplir la liste des inscriptions. Il y a visiblement une forte « attente Juppé ». Et une vraie curiosité devant le retour inattendu de ce cabossé de la vie politique. « Ai-je changé ? Change-t-on vraiment ? On peut sans doute se bonifier », lance-t-il d’ailleurs avant d’ajouter : « Je viens d’une région où les bonnes bouteilles s’améliorent avec les années. »

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Les questions sont cash, les réponses vives. Pas de langue de bois pour ces Français indignés d’être « pris pour des cons à Paris ». A une habitante d’Olivet qui lui reproche sa position lors de la partielle du Doubs, le maire de Bordeaux répond, avec un soupçon de mauvaise foi : « Je n’ai pas appelé à voter socialiste, j’ai dit : “Voilà ce que je ferais si j’avais à voter dans cette circonscription.” Notre adversaire le plus dangereux reste le Front National . Je ne peux avoir la moindre complicité ni la plus petite bienveillance vis-à-vis de ce parti dont le programme, économique notamment, est insoutenable. La bataille va être dure, certains membres du FN ont du talent. Il va falloir se les payer. » Le sujet est de toute évidence sensible. « Nous allons devoir agir vite si nous ne voulons pas que nos campagnes s’embrasent », s’exclame en guise d’avertissement un agriculteur qui constate sur le terrain une radicalisation en faveur du mouvement d’extrême droite. « C’est l’histoire de Pierre et le loup. A force de ne pas prendre la menace frontiste au sérieux, voilà où nous en sommes », murmure, dans l’assistance, Serge Grouard.

La question des alliances, notamment entre l’UMP et le MoDem, provoque également des crispations. Pour beaucoup, François Bayrou reste celui qui a « trahi » Nicolas Sarkozy en 2012. Alain Juppé reste ferme sur ses positions : « Ceux qui sifflent à Paris quand je parle de la droite et du centre sont aussi ceux qui font des alliances sur le terrain. De la même façon, s’il y a des déçus du hollandisme qui veulent nous rejoindre, ils sont les bienvenus », rétorque-t-il en quittant la salle. Suite au prochain déplacement, prévu début mars en Seine-Saint-Denis. Pas un mot sur Sarkozy.

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2015, "une année plus complexe à gérer qu'il n'y paraît"

« L’année sera plus complexe à gérer qu’il n’y paraît », résume Benoist Apparu, député de la Marne. « 2015 est un faux plat. Nous allons devoir gérer nos annonces programmatiques mais éviter la surexposition médiatique. Ni trop ni trop peu. » En résumé : un à deux déplacements par mois, quelques grandes interviews dans les médias... jusqu’à l’entrée en campagne pour la primaire UMP prévue en novembre 2016. « Il faudra consolider nos acquis, monter en puissance. Etre réactifs sans saturer l’opinion, mais dire ce qu’on pense. Notamment que nous ne gagnerons qu’avec le centre », précise Gilles Boyer, son conseiller politique. « La dynamique est là », relève Edouard Philippe, député de la Seine-Maritime, qui note le « nombre croissant » de députés et de sénateurs présents lors des réunions entre Alain Juppé et les parlementaires un mardi sur deux au QG du 98 de la rue de l’Université : Guénhaël Huet, Marie-Jo Zimmermann, François Cornut-Gentille, Fabienne Keller, Christophe Béchu, Arnaud Danjean, Alain Lamassoure, Marie-Hélène des Esgaulx... et bien d’autres attirés par le « positionnement courageux » de l’ex-Premier ministre. « Il a le mérite de faire bouger les lignes : suppression de l’ISF, mariage pour tous, alliance avec le centre... », insiste un député venu à une réunion du mardi « par curiosité » mais qui n’a pas encore fait son choix entre Fillon et Juppé. « Fillon prépare un programme de rupture radicale avec ce que la droite a fait jusque-là. Le maire de Bordeaux semble plus prudent. Ira-t-il assez loin ? A-t-il le logiciel pour ? »

Tous relèvent la détermination « totale » de Juppé et sa volonté de ne jamais céder aux petites phrases, y compris et surtout au sujet de Sarkozy, sur lequel il est régulièrement interrogé. « Nous voulons rassembler et non cliver, la droite a trop souffert de divisions. La victoire ne pourra se faire qu’avec une union de tout notre camp », tranche Apparu.

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