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Santé

Connaissez-vous l'angoisse de séparation de... l'iPhone ?

Une nouvelle étude met en évidence une baisse des performances cognitives lors de la séparation avec l'iPhone. La conséquence d'une réelle addiction ?
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Connaissez-vous l'angoisse de séparation de... l'iPhone ?
En 2013, des chercheurs en psychiatrie ont défini un terme pour décrire la peur exagérée de perdre contact avec son téléphone : la nomophobie.
© VOISIN/Phanie/AFP

"Mon téléphone c'est comme mon string, je l'ai toujours sur moi", s'amusait Nabilla Benattia, icône déchue de la série Les anges de la téléréalité diffusée sur la chaîne polémique NRJ12 destinée aux adolescents. La remarque (stupide ?) prête à sourire. Pourtant, elle pourrait bien refléter une certaine réalité. Des travaux scientifiques avaient déjà mis en évidence l'existence d'une angoisse de séparation liée au téléphone, notamment chez les gros utilisateurs. Une étude américaine, publiée en janvier 2015 dans le Journal of Computer-Mediated Communication, le confirme et ajoute même que cette séparation engendre une diminution des performances cognitives !

Une diminution des performances cognitives

Les chercheurs ont recruté 208 étudiants en journalisme via un questionnaire censé évalué "l'usage des médias parmi un échantillon d'universitaires" et comprenant de nombreux items "distractifs" (destinés à noyer le poisson) concernant les journaux, les réseaux sociaux... Parmi eux, 41 utilisateurs d'iPhone ont accepté de participer aux tests en laboratoire. Les chercheurs ont créé deux grilles différentes de mots mêlés grâce à un générateur en ligne de puzzle (que vous pouvez utiliser ici). Le but : retrouver 50 noms d'États américains. Les étudiants devaient réaliser une fois le test avec l'iPhone à proximité en mode silencieux, et une autre fois alors que l'iPhone était éloigné et sonnait (les scientifiques prétextaient une "interférence des signaux" pour justifier l'éloignement et le faisaient sonner).

SYSTÈME MOTIVATIONNEL. Résultat, le niveau d'anxiété (mesuré à l'aide d'un questionnaire mais également par le relevé de la tension artérielle), le rythme cardiaque (ici considéré comme un indicateur de stress) et le mal-être (sentiments désagréables décrits) étaient plus élevés lors de la séparation avec l'iPhone que quand les cobayes l'avaient à proximité. Malgré l'interdiction, une participante s'est même levée pendant le test pour répondre à son téléphone (ses résultats n'ont pas été pris en compte). Et ce n'est pas tout. Les performances cognitives, basées sur le nombre de pays retrouvés dans la grille, ont diminué lorsque les personnes étaient privées de leur iPhone. Pour les scientifiques, cela pourrait être une conséquence de l'activation du système motivationnel "aversif" (celui qui provoque la fuite ou l'évitement en cas de déplaisirs).

Nomophobe, vraiment ?

Certes, il ne s'agit que de résultats préliminaires. En effet, il est difficile de savoir si c'est l'angoisse de séparation (et le déplaisir qui en découle) ou le simple fait d'être distrait qui explique la baisse des performances. Il faudrait mesurer l'état émotionnel des participants par électromyographie faciale et vérifier l'activation du système motivationnel aversif grâce à la conductance de la peau, conseillent les auteurs. Et bien sûr étendre les tests à d'autres téléphones, pourquoi pas d'autres technologies d'ailleurs. En outre, l'étude n'a été réalisée que sur une petite population (40 personnes) assez homogène puisque les étudiants étaient tous en premier cycle d'études de journalisme. "Les utilisateurs auraient pu minimiser leur anxiété dans les questionnaires", précisent les auteurs.

Toujours est-il que le sujet n'a pas fini de faire couler d'encre. Le téléphone portable prend une importance de plus en plus considérable dans la société. À titre d'exemple, les jeunes adultes de 18 à 24 ans passent en moyenne près de 4 heures par jour sur leur téléphone (94 minutes à envoyer et lire des textos, 33 minutes à téléphoner, 48 minutes à consulter et rédiger ses mails...). En 2013, des chercheurs en psychiatrie ont même défini un terme pour décrire la peur exagérée de perdre contact avec son téléphone : la nomophobie, contraction de "no mobile phone" et "phobie".

En route vers une désintoxication...

S'agit-il pour autant d'une nouvelle addiction ? C'est en tout en cas une réelle préoccupation. Comme le rapportait Courrier International dans un dossier, à l'instar de leurs voisins américains, les Québécois organisent des camps de vacances pour adultes destinés à les désintoxiquer des nouvelles technologies numériques (très souvent le téléphone portable). Il existe même des applications permettant de tester son addiction au portable. Par exemple, "Socials Addict" mesure le temps passé sur tous les réseaux sociaux (via le téléphone sur lequel elle est installée) et permet de faire un décompte total, et "Checky" calcule le temps passé par jour à consulter son téléphone. Et dans un registre plus moqueur (encore que...), le Daily Dot a même proposé une solution pour se désintoxiquer : le NoPhone, constitué d'une coque en plastique sans batterie ni écran, destinée à réduire "l'addiction physique" en mimant le téléphone.

Un autocollant réfléchissant collé sur une face du NoPhone permet même à son possesseur de faire des (faux) selfies.

Une blague ? N'empêche que le projet mis en ligne en octobre 2014 par la NoPhoneTeam sur la plateforme KickStarter a récolté plus de 18.000 dollars. "La première fois que je l'ai vu, j'ai ri, a confié au Daily Dot Mike Mc Gregor, vice-président de la communication de Kickstater. C'est évidemment un regard sur un phénomène qui a pris de l'importance dans notre monde. C'est assez fou de penser à ce qui s'est passé durant les sept dernières années, depuis qu'Apple a lancé l'AppStore."

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