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Plusieurs milliers de personnes rendent un dernier hommage à Boris Nemtsov

Les obsèques de l'opposant russe ont eu lieu mardi à Moscou. Des personnalités politiques polonaises et lettones affirment s'être vu refuser l'entrée en Russie.

Le Monde.fr avec AFP et Reuters

Publié le 02 mars 2015 à 21h33, modifié le 03 mars 2015 à 18h35

Temps de Lecture 4 min.

L'essentiel

  • L'opposant russe Boris Nemtsov a été assassiné de quatre balles dans le dos vendredi 28 février à Moscou alors qu'il rentrait chez lui.
  • Ses obsèques se sont déroulées mardi dans la capitale russe.
  • Des personnalités politiques polonaises et lettones ont affirmé s'être vu refuser l'entrée en Russie.

C'est dans un climat de tension que se sont déroulées, mardi 3 mars, les obsèques de l'opposant russe Boris Nemtsov, assassiné par balle vendredi soir à Moscou. Des milliers de personnes ont fait le déplacement dans la capitale russe, ainsi que des ambassadeurs des pays européens et d'autres responsables étrangers, parmi lesquels le chef de la diplomatie lituanienne, Linas Linkevicius, le maire de Riga, la capitale lettonne, Nils Usakovs, et le vice-ministre des affaires étrangères polonais, Konrad Pawlik.

Plusieurs milliers de personnes sont venues rendre un dernier hommage à M. Nemtsov au Centre Sakharov, le musée consacré aux droits humains et à l'académicien dissident soviétique Andreï Sakharov. A l'issue de ce dernier hommage, le corps de l'ancien vice-premier ministre de Boris Eltsine a été transporté jusqu'au cimetière moscovite  Troïekourovskoïe, où il a été inhumé dans l'après-midi.

Lors de l'enterrement de l'opposant russe Boris Nemtsov, mardi 3 mars à Moscou.

Au Centre Sakharov, la mère et les enfants de Boris Nemtsov étaient devant le cercueil ouvert, comme le veut la tradition orthodoxe. Des anonymes et des personnalités sont venus s'incliner, faire le signe de croix et déposer des fleurs en hommage au défunt. Parmi eux se trouvaient Mikhaïl Kassianov, ancien premier ministre de Vladimir Poutine, passé à l'opposition, John Major, ancien premier ministre britannique, et John Tefft, ambassadeur des Etats-Unis en Russie, qui a présenté « les profondes condoléances du président et du peuple américain pour la mort de ce grand patriote russe ».

Une couronne de fleurs a été envoyée par le premier ministre russe, Dmitri Medvedev, et plusieurs membres du gouvernement sont venus rendre hommage à Boris Nemtsov, notamment les vice-premiers ministres Arkadi Dvorkovitch et Sergueï Prikhodko.

Empêchée d'assister aux obsèques de son compagnon Boris Nemtsov, Anna Douritska, mannequine ukrainienne de 23 ans, a pu quitter la Russie lundi 2 mars pour rejoindre Kiev. Elle avait précédemment affirmé, lors d'un entretien sur la chaîne de télévision câblée d'opposition Dojd, être retenue dans le pays par les autorités.

« Les raisons apparemment arbitraires »

Des responsables politiques occidentaux qui voulaient y assister ont annoncé, lundi, s'être vu refuser l'entrée en Russie. Le président du Sénat polonais, Bogdan Borusewicz, a ainsi déclaré que les autorités russes ne lui avaient pas accordé la permission de s'y rendre, en réponse aux sanctions européennes contre Moscou. « J'ai voulu rendre hommage à Boris Nemtsov, assassiné, à tous les Russes qui pensent comme il pensait, lui. Mais je viens d'apprendre que les autorités russes ne me laisseront pas assister à ses obsèques à Moscou », a déclaré l'ancien opposant anticommuniste.

L'eurodéputée lettonne Sandra Kalniete a elle annoncé dans la soirée avoir été refoulée à l'aéroport international de la capitale russe, Cheremetievo. « Après deux heures d'attente, on m'a informée que le droit d'entrée en Russie m'avait été refusé sur la base de l'article 27, alinéa 1 de leur code. J'ai demandé ce que voulait dire exactement cet article, mais personne n'a pu me l'expliquer. »

Le refus opposé par la Russie à ces deux élus européens a été dénoncé mardi par l'Union européenne, qui a regretté « les raisons apparemment arbitraires » avancées pour Moscou. Ce refus est « une claire violation des principes de base », a commenté une porte-parole du service diplomatique européen, Maja Kocijancic. Mme Kalniete « est porteuse d'un passeport diplomatique », at-elle souligné. « La justification qui a été donnée » pour la refouler « implique qu'elle représenterait une menace pour la sécurité de l'Etat ou l'ordre public de la Fédération de Russie. Cela n'apparaît pas comme une explication crédible à nos yeux », a poursuivi Mme Kocijancic.

Aucune piste écartée

Peu d'informations ont pour l'heure filtré sur le travail du comité d'enquête. Celui-ci n'a « pas vocation à révéler en temps réel chacune de ses avancées », avait prévenu son porte-parole, Vladimir Markine. Les enquêteurs ont déclaré n'écarter aucune piste : le crime politique comme la piste islamiste, en raison du soutien de l'opposant au journal satirique français Charlie Hebdo, ou encore celle d'un meurtre lié au conflit ukrainien et commis par des « éléments radicaux ».

La direction de l'enquête a été confiée au général Igor Krasnov, connu pour avoir beaucoup travaillé sur les milieux nationalistes et radicaux, notamment dans le cadre des enquêtes sur la tentative d'assassinat, en 2005, d'Anatoli Tchoubaïs, responsable d'une entreprise publique et ancien collègue de Boris Nemtsov au gouvernement dans les années 1990, et sur le meurtre de l'avocat Stanislav Markelov et de la journaliste Anastasia Babourova en 2009.

Un crime « minutieusement planifié »

Les compagnons de lutte politique de Boris Nemtsov se sont pour leur part étonnés que ce crime, « minutieusement planifié », selon les enquêteurs, ait pu avoir lieu au nez et à la barbe des forces de sécurité, à deux pas du Kremlin. « Il est quasi exclu que Boris Nemtsov n'ait pas fait l'objet d'une surveillance » des services de sécurité à l'approche de la manifestation d'opposition qui était prévue dimanche dernier à Moscou, a estimé le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny. Condamné à la fin de février à quinze jours de prison pour distribution « illégale » de tracts dans le métro de la capitale, cet opposant n'a pas été autorisé par la justice à assister aux obsèques de Boris Nemtsov. Des observateurs ont également souligné le fait que de nombreuses caméras surveillaient cette zone proche du Kremlin, dans laquelle circulent aussi des agents en civil.

Des images de mauvaise qualité diffusées samedi soir sur la chaîne de télévision TVC, prises par une caméra surplombant à grande distance le pont sur lequel l'opposant a été abattu, montrent ce qui est présenté comme le déroulement de l'assassinat. Au moment du meurtre, Boris Nemtsov et sa compagne sont cachés par un engin de déneigement, dans l'angle de la caméra. On peut ensuite apercevoir un individu, l'assassin présumé, courir vers la chaussée pour monter dans une voiture de couleur claire et quitter les lieux.

Le Monde.fr avec AFP et Reuters

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