Italie : Matteo Renzi, le maire de Florence, prend la tête du Parti démocrate

Italie : Matteo Renzi, le maire de Florence, prend la tête du Parti démocrate

    En Italie, le maire de Florence Matteo Renzi, issu de l'aile chrétienne démocrate, a été élu triomphalement dimanche à la tête de la première formation de gauche, le Parti démocrate. D'aucuns, dont Silvio Berlusconi récemment déchu de son poste de sénateur, parient déjà sur une rupture entre le président du Conseil Enrico Letta et Renzi, pourtant membres du même parti, rêvant de nouvelles élections législatives.

    Mais Francesco Lo Sardo, éditorialiste d'Europa, organe officiel du PD, pense que Letta pourrait opter pour une autre voie: «Mettre du Renzi dans le moteur pour transformer le véhicule utilitaire du gouvernement en un bolide qui fasse manger la poussière à Berlusconi et (Beppe) Grillo», l'ex-comique chef d'un mouvement contestataire anti-austérité. En tout cas, Enrico Letta s'est empressé de féliciter Matteo Renzi, disant vouloir «travailler avec lui dans un esprit d'équipe qui sera fructueux, utile au pays et au centre gauche.

    Pratiquement inconnu il y a un an et demi, Renzi est, à 38 ans, un «jeunot» de la politique italienne et étranger à l'appareil du parti, dont le programme initial a consisté à «mettre à la casse» les caciques de son parti. Il y est déjà parvenu puisque aussi bien l'apparatchik Massimo D'Alema, ex-Premier ministre, que l'ancien maire de Rome Walter Veltroni, ex-aspirant Premier ministre, ont renoncé à participer aux législatives de février dernier.

    Un gendre idéal qui veut s'inspirer de Tony Blair

    Des élections primaires de son parti, il sort conforté ce dimanche avec environ 68% des suffrages alors que «le peuple de gauche» s'est fortement mobilisé, avec plus de 2,5 millions de votants. Saluant la forte affluence aux urnes, il a estimé que «les Italiens ont montré qu'ils valent bien mieux que leur classe dirigeante.»

    Matteo Renzi dit vouloir refonder le PD, à la manière du «New Labor» promu en 1994 par celui qui deviendra ensuite le Premier ministre britannique Tony Blair, pour en faire «un parti plus agile et innovateur». Ce qui semble certain, c'est que les Italiens semblent enclin à un changement de cap radical après le score décevant de Pierluigi Bersani, un homme d'appareil dont la victoire exiguë aux législatives a contraint la gauche à s'allier à la droite pour gouverner.

    Dynamique, ce grand brun, au physique de gendre idéal et à l'accent toscan teinté d'un léger zozotement, est considéré comme un personnage «transversal», capable de séduire à droite, au point d'impressionner jusqu'à Silvio Berlusconi. Dans le classement des dirigeants auxquels les Italiens font le plus confiance, Matteo Renzi, avec 48%, est arrivé cette semaine juste derrière le respecté président Giorgio Napolitano (49%), selon un sondage d'un institut de Trieste.

    Un humour florentin qui fait mouche

    Critiqué pour un programme politique aux contours flous (moins de dépenses publiques, moins de bureaucratie), plutôt distant du monde syndical, Renzi se distingue surtout par ses talents de tribun. Ses petites phrases à l'humour florentin font mouche: «On m'accuse de voler des voix à droite mais je vous donne un scoop: on a perdu les dernières élections.» Peu marqué idéologiquement, il était conseillé à un certain moment par l'ex-golden boy de la communication de Berlusconi, Giorgio Gori.

    Dans l'allure, il s'inspire volontiers du président américain Barack Obama, aimant se présenter manches de chemise retroussées. Souvent vu en train de participer à des marathons ou circulant à bicyclette dans sa ville, il aime arborer une veste de cuir qui lui a valu des satires le montrant comme Fonzie, héros de la série américaine «Happy Days» (Les Jours Heureux).

    Né le 11 janvier 1975 à Florence, ce diplômé en droit, ancien chef scout catholique, commence à militer à 19 ans sur les traces de son père, un élu local démocrate-chrétien. Avant de se lancer en politique, Matteo Renzi travaille pour la société de services marketing CHIL qui appartient à sa famille, et réalise la majeure partie de son chiffre d'affaires grâce au journal centriste de Florence, «La Nazione». Il est marié à une ancienne camarade de scoutisme, Agnese, enseignante d'italien à contrats précaires. Ils ont trois enfants.

    Le grand saut a lieu en 2001 quand le futur «tombeur de caciques» devient le coordinateur local du parti chrétien de centre gauche La Margherita. Ce modéré est choisi par le centre gauche pour les élections provinciales de juin 2004 qu'il remporte haut la main avec 58,8% des voix.  Mais c'est dans la course à la mairie de Florence qu'il se fait le plus remarquer. Le PD a un autre candidat mais Matteo Renzi gagne par surprise les primaires du centre gauche en février 2009, prélude à sa victoire aux municipales en juin suivant.