Le projet a été baptisé “Belgrade sur l’eau”. Il prévoit la construction d’un nouveau quartier d’affaires qui s’étendra sur près de 2 millions de mètres carrés (utilisables, y compris en hauteur). D’après l’hebdomadaire Vreme, il comprendra “des appartements et des locaux de luxe, des centres commerciaux, des hôtels, une tour d’une hauteur de 200 mètres – la plus haute des Balkans –, et des ‘Champs Elysées’ serbes qui suivront le tracé de l’ancienne voie ferrée”.

Al-Abbar se serait engagé à investir 3,1 milliards d’euros dans le projet qui a été confié à sa société Eagle Hills, et la Serbie à défricher le terrain. Le coût total de l’opération immobilière n’est pas divulgué. Ce n’est pas la seule zone d’ombre de ce méga projet qui a manqué de transparence dès son début en 2012.

Sous le titre “Belgrade en eau trouble”, Vreme affirme que “le projet immobilier ne respecte pas la loi en matière de changements importants du plan d’urbanisme”. L’hebdomadaire ajoute : “On ne sait pas non plus comment certaines entreprises du BTP ont obtenu les chantiers, ni qui finance la campagne de promotion du projet.”

La goutte d’eau qui pourrait faire déborder le vase

Afin de couper court aux accusations de non-respect de la loi d’urbanisme, le gouvernement serbe a décidé de frapper fort. Le 9 mars, il a envoyé au Parlement, en procédure d’urgence, une proposition de lex specialis. “Si elle est adoptée, cette loi permettrait les expropriations et l’obtention des permis de construire selon une procédure spéciale”, explique Politika.

Une goutte d’eau qui risque de faire déborder le vase et de donner raison aux critiques du projet Belgrade sur l’eau qui lui reprochent de ne pas être très démocratique.

Les architectes et les urbanistes de Belgrade ont également tiré la sonnette d’alarme. Selon le quotidien Blic, “l’Académie d’architecture de Serbie a demandé au gouvernement d’arrêter le projet de toute urgence pour éviter les dégâts irréparables qu’il risque de provoquer. Les grands projets demandent une procédure démocratique, et celui-ci a besoin d’un appel d’offres public, serbe et international.”

Plus gros investisseur

Pourtant, le Premier ministre serbe, Aleksandar Vucic, persiste et signe. Il a annoncé le début des travaux pour l’été, en qualifiant le projet Belgrade sur l’eau d‘ “historique”. Avec le rachat d’Air Serbia par Etihad – la compagnie aérienne nationale des Emirats arabes unis – et l’acquisition de plus de 10 000 hectares de terre arable en Voïvodine (dans le nord de la Serbie) par le groupe émirati Al-Dahra, les Emirats arabes unis sont en passe de devenir le plus gros investisseur étranger en Serbie.