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Le sport réduirait les risques - Rechute de cancer

Thierry Bouillet, cancérologue au CHU d’Avicenne, président de la Fédération nationale Cami Sport & Cancer
Thierry Bouillet, cancérologue au CHU d’Avicenne, président de la Fédération nationale Cami Sport & Cancer © Emmanuel Bonnet
Par Sabine de La Brosse

Le Dr Thierry Bouillet, cancérologue au CHU d’Avicenne, président de la Fédération nationale Cami Sport & Cancer, expose les bénéfices de l’activité physique pour certains cancers.

Paris Match. Pour quels types de tumeurs des études internationales ont été réalisées afin d’évaluer les effets d’une activité physique ?
Dr Thierry Bouillet. De très nombreuses études ont été conduites sur les cancers du sein, du côlon et de la prostate. Leurs résultats, à peu près similaires, ont été publiés dans de rigoureuses revues scientifiques telles que le “Journal of Clinical Oncology” ou le “British Journal of Cancer”. La dernière, dont les résultats ont été rapportés dans “Critical Review in Oncology/ Hematology”, est une synthèse qui rassemble la bibliographie dans ce domaine.

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Quels ont été les résultats de ces études ?
Chez les patients ayant terminé leur traitement pour un cancer sans métastases, les bénéfices se sont révélés comparables : avec une activité physique régulière sur une période prolongée, on recensait une diminution de 40 à 50 % des récidives.

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Pour être bénéfique, quelle doit être la fréquence de l’exercice ?
Il doit inclure une activité musculaire contre résistance et des exercices à effet cardio-respiratoire. Pour être efficace, il est nécessaire de pratiquer une heure trois fois par semaine et durant une période d’au moins six à douze mois. L’exercice doit être suffisamment intense. La marche rapide est déjà une bonne approche. Le sport (vélo, natation , tennis…) est excellent. Il est important d’éprouver un certain plaisir, l’idéal est de pratiquer une activité en groupe.

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Par quels mécanismes un exercice intense agit-il sur les cellules tumorales ?
L’activité physique fait augmenter la consommation de glucose par les muscles et abaisse le taux d’insuline dans le sang. Cette hormone est un véritable carburant pour les cellules cancéreuses : elle favorise leur multiplication. D’ailleurs, à partir d’un niveau de dépense énergétique suff sante, on modifie non seulement les sécrétions d’insuline, mais aussi d’oestrogènes et de certaines hormones qui constituent des stimulants de cellules malignes déjà présentes dans l’organisme. Même sains, nous produisons tous des cellules cancéreuses, mais elles sont systématiquement détruites par le système immunitaire (sauf dans certains cas où elles prolifèrent sous l’action d’une hyperactivité délétère). Autre grand bénéfice de l’activité physique : elle réduit la fatigue et améliore la qualité de vie au cours des soins.

"Cette efficacité officiellement reconnue a permis la création de la Fédération nationale Cami Sport & Cancer"

Comment l’expliquez-vous ?
Un cancer induit une inflammation importante. Les cellules tumorales et inflammatoires sécrètent des protéines appelées cytokines. Par voie sanguine, elles vont vers les muscles et les empêchent de consommer du glucose, puis peu à peu contribuent à les détruire (sarcopénie). Les cytokines exercent aussi une action délétère au niveau cérébral en entraînant une fatigue, des troubles du sommeil... Si elle est suffisamment intense, l’activité physique abaisse le taux de cytokines, limitant leur action sur les muscles et le cerveau. Elle favorise aussi la pénétration du glucose dans les muscles et les empêche de s’affaiblir.

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Ces effets bénéfiques ont-ils, en complément des traitements anticancéreux, conduit à une prise en charge particulière ?
Cette efficacité officiellement reconnue a permis la création de la Fédération nationale Cami Sport & Cancer, dont le but est d’offrir aux patients des séances d’activité physique adaptées au cas par cas. Au programme : marche nordique, natation, karaté , gymnastique, danse, ping-pong… Soixante-cinq centres couvrant le territoire ont été mis en place. Tous sont ouverts aux malades pendant et après leur traitement.

Cette dépense physique régulière et intense peut-elle aussi exercer un effet préventif ?
Des résultats d’études ont permis d’observer que, si elle est pratiquée une heure trois fois par semaine durant plusieurs années, les risques d’apparition des principaux cancers, comme ceux du sein, du côlon et de la prostate, étaient diminués de 25 %.

A-t-on conduit une étude pour analyser à long terme le taux de guérison ?
Elle a été publiée dans “Critical Review in Oncology/ Hematology” et a permis d’évaluer ce taux. Les travaux ont porté sur huit cohortes de femmes de 30 à 75 ans (25 000 de toutes nationalités) ayant été traitées pour un cancer du sein non métastatique. Les résultats ont montré une augmentation de 5 à 10 % de guérison chez celles qui pratiquaient une activité physique. 

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