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À La Une - sécurité

Au Canada, la loi antiterroriste fait débat

Les députés canadiens ont débuté mardi l'examen d'une nouvelle loi antiterroriste donnant plus de pouvoirs aux services de renseignement. AFP PHOTO/PETER MCCABE

La loi antiterroriste, promise après les deux attaques mortelles contre des militaires à l'automne sur le sol canadien, est vivement critiquée et mardi le gouvernement conservateur a défendu au Parlement l'urgence de donner des pouvoirs élargis aux services de renseignement.

Outre la prévention d'attaques d'apprentis jihadistes comme celles de Saint-Jean-sur-Richelieu au Québec, ou au Parlement d'Ottawa en octobre, le gouvernement veut aussi des moyens pour empêcher de jeunes Canadiens de se joindre aux rangs du groupe Etat islamique en Irak ou en Syrie.

Capable de "détecter des menaces de sécurité", le SCRS (Service canadien du renseignement de sécurité) est "dans l'incapacité d'agir", a déclaré mardi Steven Blaney, ministre de la Sécurité publique. Aussi, avec cette loi, "il sera autorisé à prendre des mesures immédiates pour contrer les menaces à la sécurité du Canada".
Pour répondre aux menaces, il faut surveiller et traquer les individus qui cherchent à nuire, "ici ou à l'étranger", a-t-il expliqué, premier d'une cinquantaine de personnalités qui vont apporter leur soutien ou critiquer cette loi devant le comité parlementaire chargé de son examen en seconde lecture.

Jusqu'ici cantonnées à la collecte d'informations et à la surveillance, les missions du SCRS vont être, selon le texte de loi, élargies à un rôle réservé à la police.
Les services du renseignement vont pouvoir, par exemple, bloquer l'achat d'un billet d'avion par internet si l'acheteur présente le profil d'une personne susceptible de rejoindre un réseau de combattants jihadistes comme le groupe Etat islamique.


"Dangereux"
Cela "va beaucoup trop loin", a mis en garde la semaine dernière le Commissaire à la protection de la vie privée Daniel Therrien, haut fonctionnaire relevant du Parlement.
Votée en l'état, la loi "donnerait à 17 organismes fédéraux des pouvoirs pratiquement illimités en matière de contrôle et de profilage des Canadiens ordinaires", un risque pour la vie privée avec des organismes sans "aucune surveillance indépendante", a-t-il mis en garde.

Une analyse partagée par le NPD (Nouveau parti démocratique, gauche), principal parti d'opposition qui juge que non seulement "le projet de loi antiterroriste des conservateurs va trop loin", mais il ternit l'image du Canada en ouvrant "la voie à des violations des droits de la personne". Pour le chef du NPD, Thomas Mulcair, ce projet de loi est "dangereux".

D'anciens Premiers ministres libéraux comme Jean Chrétien ou de hauts magistrats comme Louise Arbour, ex-juge de la Cour suprême et ancienne procureure du tribunal pénal international pour le Rwanda et la Yougoslavie, ont également dénoncé le texte qui, "au nom du secret", viendrait bafouer les libertés individuelles.

En campagne pour les législatives de l'automne, le chef du parti libéral Justin Trudeau n'avait pas emboîté le pas de ses pairs. Mais après avoir affirmé un peu rapidement en janvier que son parti voterait cette loi, il a durci sa position. Il a ainsi accusé lundi le Premier ministre Stephen Harper d'"attiser l'anxiété et de fomenter la peur". C'est un jeu risqué, selon lui, car le raccourci est vite pris entre "la méfiance envers nos concitoyens et la prise de mesures pour restreindre leurs libertés".

Au-delà d'une réponse à une menace externe, les détracteurs craignent que les services du renseignement étendent leurs tentacules sur les activités de groupes de défense des autochtones ou de l'environnement. Ceux-ci viendront également dénoncer ce projet législatif dans les prochains jours devant le comité parlementaire. C'est le cas des ONG comme Amnesty international ou la fondation David Suzuki. Cette loi "pourrait être utilisée contre les peuples autochtones et les environnementalistes engagés dans des manifestations non violentes contre des projets destructeurs", a dénoncé cette fondation dédiée à la défense de l'environnement.

 

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