Crimée : Poutine était prêt à mettre en alerte ses forces nucléaires

 

Crimée : Poutine était prêt à mettre en alerte ses forces nucléaires

    Ce n'est pas la crise des missiles de Cuba, mais l'affaire de la Crimée, il y a un an, a dangereusement frôlé l'incident majeur, digne des pires heures de la guerre froide. Dans une émission de télévision diffusée ce dimanche, Vladimir Poutine confirme que la Russie était «prête» à mettre en état d'alerte ses forces nucléaires en mars 2014 en cas d'intervention militaire occidentale en Crimée, la péninsule ukrainienne rattachée à Moscou.

    «Nous étions prêts à le faire», a dit Vladimir Poutine dont des déclarations ont été reproduites par écrit par la chaîne publique de télévision Rossia 1 avant la diffusion du documentaire. La direction russe était prête à faire face «à la tournure la plus défavorable qu'auraient pu prendre les événements», ajoute Vladimir Poutine.

    Il indique notamment que l'armée russe avait positionné en Crimée des batteries de missiles de défense côtière «Bastion», des armes susceptibles de dissuader un navire de guerre américain qui était alors en mer Noire d'intervenir.

    «C'est la batterie de défense côtière la plus efficace à ce jour. Et à un certain moment, pour que tout le monde comprenne que la Crimée est bien défendue, nous avons transféré là-bas ces batteries», a-t-il déclaré.

    «Des Russes habitaient là-bas, nous ne pouvions pas les abandonner»

    «On ignorait alors» si l'Occident allait intervenir militairement, poursuit Vladimir Poutine. «C'est pourquoi j'ai été obligé de donner les instructions qu'il fallait à nos forces armées (...), de donner des ordres sur l'attitude de la Russie et de nos forces armées en toutes circonstances», dit-il aussi.

    «J'ai parlé avec mes collègues

    (NDLR : occidentaux)

    et je leur ai dit que c'était notre territoire historique, que des Russes habitaient là-bas, qu'ils étaient en danger et que nous ne pouvions pas les abandonner», a raconté le président russe.

    «C'était une position franche et ouverte. Et c'est pourquoi, je ne pense pas que quelqu'un ait eu envie de déclencher un conflit mondial», a-t-il ajouté.

    Le rattachement, en mars 2014, de la Crimée à la Russie a cependant provoqué la pire crise diplomatique entre Moscou et l'Occident depuis la chute de l'URSS et un conflit armé dans l'est de l'Ukraine qui a déjà fait plus de 6000 morts.

    Martelant que la Russie n'avait pas eu l'intention, avant la chute, en février 2014, du président ukrainien prorusse Viktor Ianoukovitch, d'annexer la Crimée, Vladimir Poutine a déclaré avoir agi pour éviter une «effusion de sang» au cours du référendum de mars de la même année, à l'issue duquel cette péninsule ukrainienne a été rattachée à la Russie.

    La Russie a «agi de manière assez ferme»

    «Nous devions renforcer notre présence militaire en Crimée pour que le nombre de nos soldats permette de créer les conditions propices à l'organisation d'un référendum», a jugé Vladimir Poutine.

    Il a toutefois assuré que le nombre des militaires russes envoyés sur cette péninsule n'avait pas dépassé celui des «20 000 personnes autorisées» par un traité avec l'Ukraine sur la base navale russe de Sébastopol, le port d'attache de la Flotte russe de la mer Noire en Crimée.

    «L'objectif final n'était pas la prise de la Crimée ou son annexion. L'objectif final, c'était de donner aux gens une possibilité d'exprimer leur opinion sur comment ils veulent vivre dans l'avenir», a-t-il insisté.

    Un commando prorusse a pris le 27 février 2014 le contrôle du parlement de Crimée et a convoqué à la hâte les députés pour qu'ils votent en faveur d'un gouvernement favorable à Moscou et de l'organisation d'un référendum sur le rattachement à la Russie. Le président Poutine a reconnu que la Russie avait «agi de manière assez ferme» en Crimée.

    Mais «je suis sûr que si nous ne l'avions pas fait, les événements en Crimée se seraient déroulés sur un scénario similaire à celui que nous voyons aujourd'hui dans le Donbass», bassin minier de l'est de l'Ukraine où un conflit armé entre Kiev et séparatistes prorusses a fait près de 6000 morts en onze mois, a martelé Vladimir Poutine.