Mal de dos, migraines, et si ça venait des dents ?

En cette Journée mondiale de la santé bucco-dentaire, Stéphane Demorand se penche sur les liens entre les dents et le mal de dos.

Par

Migraine, fibromyalgie, fatigue chronique ou mal de dos... Auriez-vous imaginé un seul instant que certaines de ces maladies auraient pu provenir d'un simple serrement de dents trop intense, trop fréquent, trop durable ?
Migraine, fibromyalgie, fatigue chronique ou mal de dos... Auriez-vous imaginé un seul instant que certaines de ces maladies auraient pu provenir d'un simple serrement de dents trop intense, trop fréquent, trop durable ? © DR

Temps de lecture : 4 min

Le 20 mars est la Journée mondiale de la santé bucco-dentaire. Voilà une excellente occasion de nous arrêter sur le lien entre les dents et des douleurs périphériques telles que le mal de dos ou encore les migraines. Le professeur Francis Hartmann nous livre un essai convaincant sur le sujet intitulé "Mal de dos, fatigue, migraine... si vous serrez les dents" paru aux éditions Kawa. Chirurgien-dentiste, professeur à la faculté d'odontologie de Marseille de 1975 à 1996, Francis Hartmann a été praticien libéral et il a aussi enseigné la physiologie générale et la neurophysiologie.

La newsletter santé

Tous les mardis à 9h30

Recevez notre sélection d’articles issue de notre rubrique Santé ainsi que les Palmarès des hôpitaux et cliniques, dossiers spéciaux, conseils et astuces…

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Le professeur Hartmann nous fait voyager au plus près de la mécanique dentaire et nous fait découvrir que celle-ci est anatomiquement indissociable du reste du corps. Ainsi, il nous apprend que la dent est, comme la peau, dotée d'une double innervation qui délivre des informations tactiles (ce qui équivaut au toucher avec la main) et des informations douloureuses (le mal de dent). La sensibilité tactile a longtemps été sous-estimée, or, elle est d'une incroyable importance. L'auteur nous raconte que "les humains ont hérité de cette qualité sensitive discriminative : ainsi, en Orient, les marchands de perles calibrent celles-ci entre les incisives avec une précision avoisinant quelques microns, c'est-à-dire quelques millièmes de millimètre ! C'est une perception encore plus fine qu'entre le pouce et l'index." Cette fonction "tactile" de la dent est méprisée par la médecine, regrette l'auteur, ainsi que ses rôles dans les diverses fonctions physiologiques de l'organisme. Et le professeur Hartmann d'ajouter que "dès lors que l'on parle de dents, l'archétype dent = douleur, archétype appartenant à l'inconscient collectif, s'impose d'emblée aux médecins et bloque sans doute leur raisonnement. Ils ne parviennent pas à concevoir la dent autrement que comme un organe de douleur ou d'infection. Au diable son rôle essentiel d'organe de tact !"

Couramment observé chez les gens stressés

"Mal de dos, Fatigue, Migraine ...si vous serrez les dents !" Francis Hartmann - Editions Kawa ©  DR
"Mal de dos, Fatigue, Migraine ...si vous serrez les dents !" Francis Hartmann - Editions Kawa © DR
L'ouvrage, grâce à une iconographie riche, s'évertue à démontrer les liens physiologiques entre les dents et le reste du corps. Dès le plus jeune âge, le lien se manifeste, entre autres, à travers la fièvre qui accompagne bien souvent la poussée des dents de lait des nourrissons. Je cite l'auteur : "Les dents qui poussent sont bien la cause de la fièvre du nourrisson. [...] Ce sont les mamans qui ont raison face aux pédiatres : lorsque le nourrisson perce ses premières dents (incisives), il développe, la plupart du temps, un tableau de signes assez impressionnants tels qu'agressivité (pleurs, râles...), troubles digestifs (diarrhée), troubles respiratoires (toux) et fièvre. Le pauvre chéri ! Il n'est en rien responsable de tous ces symptômes. La mère interpelle le pédiatre : Docteur, mon petit a de la fièvre, il vient de "mettre une dent. Elle s'entend répondre, le plus souvent de manière sentencieuse : Non, madame, ça n'est pas les dents. Qu'en sait-il ? Combien d'heures d'enseignement a-t-il reçues dans son cursus sur les caractéristiques fonctionnelles des dents des mammifères (être humain compris) ? Réponse : 0. Par là même, nous voulons déculpabiliser le pédiatre. Il ne savait pas. Ce n'est pas le professeur de faculté dentaire qui parle. Non, c'est le neurophysiologiste."

À travers une démonstration rigoureuse, le professeur Hartmann tisse la toile des liens entre les dysfonctions temporo-mandibulaires (DTM) et leurs conséquences sur le corps. Les DTM sont des dysfonctions de l'articulation temporo-mandibulaire pouvant se traduire par des douleurs de la mâchoire et s'étendre de la tête jusqu'au cou, causées par des troubles de l'occlusion (mauvais alignement des dents, dents manquantes), ou par un serrement trop important, la nuit comme le jour, des dents. Ce phénomène de serrement est couramment observé chez les gens stressés. Le professeur Hartmann démontre comment les DTM peuvent se répercuter sur tous les organes du corps et provoquer des troubles auditifs (acouphènes), des troubles posturaux (vertiges, sensations d'instabilité), des troubles du comportement alimentaire, des douleurs au cou et au dos, et j'en passe...

Enfin, l'auteur nous propose une réponse thérapeutique aux DTM à travers la "thérapie modératrice et relaxante" qui est un quatuor d'actions thérapeutiques : injection locale d'anesthésique, prise de médicaments myorelaxants, mise en oeuvre de principes de comportement et réalisation d'exercices fonctionnels. L'ouvrage s'adresse à tout le monde mais aussi aux chirurgiens-dentistes qui sont invités à dépister au quotidien le serrement de dents, ils y trouveront les fondements d'une approche encore mineure en France contrairement aux pays anglo-saxons.


À ne pas manquer

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaire (1)

  • Top gone

    Depuis que mon dentiste m'a mis des implants et rehausser les sinus je n'ai plus de migraine, super