L’enquête de L’Espresso traduite en français exclusivement pour Courrier international sous le titre : “Où sont les 100 000 migrants disparus en Italie ?” offre un bon exemple de collaboration entre un journaliste de terrain (Fabrizio Gatti) et une datajournaliste (Francesca Sironi). Ce nombre impressionnant de 100 000 personnes “disparues” ou plus exactement ayant échappé à toute forme de recensement a été obtenu en comparant les données disponibles sur l’arrivée des migrants et celles concernant leur prise en charge dans les centres d’accueil. Ces dernières informations ont été particulièrement difficiles à obtenir.

“C’était titanesque, explique la journaliste Francesca Sironi à Courrier international, car très peu d’organismes ont accepté de répondre à nos questions. Pour les chiffres des préfectures, j’ai dû créer ma propre base de données et leur adresser des demandes d’accès à leurs informations, alors même que depuis 2012 la loi les oblige à mettre en ligne leurs dépenses budgétaires.” Les auteurs de l’enquête ont par ailleurs croisé les données de Frontex, du ministère de l’Intérieur, d’Eurostat, de la police, des auditions parlementaires, des centres d’accueil ou des préfectures, etc.

Cette enquête de L’Espresso a eu un important retentissement au moment de sa publication en Italie. “Les lacunes des autorités italiennes concernant l’identification des réfugiés et la vidéo de la fuite du centre d’accueil de Bari ont suscité de vives critiques de la part des partis de droite, qui réclament plus de contrôle, comme des mouvements de gauche, qui revendiquent le droit pour les migrants à se mouvoir librement en Europe”, a indiqué de son côté Fabrizio Gatti à Courrier international.

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