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Soudan

Le Soudan discret partenaire des Etats-Unis contre le terrorisme

Des chefs des renseignements et des services de sécurité africains se sont réunis du 23 au 24 mars 2015 dans un grand hôtel de Khartoum. Les participants ont planché notamment sur les implications sécuritaires et économiques des sanctions imposées par la communauté internationale sur un certain nombre de pays africains, en particulier le Soudan.

Les participants à la réunion du Comité des services de renseignements africains, entourent le vice-président du Soudan. Khartoum, le 23 mars 2015.
Les participants à la réunion du Comité des services de renseignements africains, entourent le vice-président du Soudan. Khartoum, le 23 mars 2015. RFI / Tirthankar Chanda
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De notre envoyé spécial à Khartoum

Organisé dans le cadre des réunions du Comité des services de renseignements de l’Union africaine (Cissa) et coordonnée par le National Intelligence and Security Services du Soudan (le Niss), cette rencontre a rassemblé des décideurs de haut niveau des principales agences de contre-espionnage provenant de l’ensemble de l’Afrique. Ils étaient venus des quatre coins du continent, même lorsque leur pays n'est pas directement frappé par les sanctions, comme l’a rappelé un délégué tanzanien dans une discussion off the record avec les journalistes. 

« Les sanctions sont une nouvelle forme de colonisation »

La rencontre a été ouverte par le vice-président de la République soudanaise, Hassabo Mohamed Abdul Rahman, qui a comparé ces sanctions à « une nouvelle forme de colonisation ». La presse soudanaise n’est pas moins tendre. L’éditorialiste de la Sudan Vision évoque, dans sa tribune du 23 mars, « les politiques hostiles des puissances internationales qui sont en train d’œuvrer pour maintenir l’Afrique divisée et économiquement faible afin que celle-ci ne s’oppose pas à leurs ambitions consistant à contrôler les immenses ressources du continent vierge ».

Ce n’est sans doute pas accidentel si cette réunion panafricaine sur les sanctions économiques a lieu à Khartoum. Frappé par un embargo américain depuis bientôt deux décennies, le Soudan s’y connaît en matière de sanctions. D’ailleurs, en arrivant à la salle de réunion où se déroule la rencontre, la première chose que les participants voient, ce sont des panneaux qui ont été installés dans le hall de l’hôtel racontant avec force, détails et illustrations parfois sanglantes à l'appui, les effets des sanctions sur le pays hôte : crashs d’avions qui n’ont pas pu être réparés faute de pièces de rechange, lignes vitales de chemin de fer fermées, détérioration des services de santé faute de médicaments… La séance inaugurale de la réunion a même été précédée d’un film retraçant de long en large les impacts économiques et sécuritaires de l’embargo.
 
Derrière la virulence

C’est en 1993 que Khartoum a été classé par les Etats-Unis comme « Etat parrainant le terrorisme », ouvrant la voie aux sanctions économiques, imposées au Soudan quatre années plus tard. En réalité, les relations entre les deux pays s’étaient dégradées à partir de 1989 lorsqu’Omar el-Béchir avait pris le pouvoir par un coup d’Etat, soutenu par l’armée.

Paradoxalement, malgré le long embargo économique, les relations entre les services de renseignements des deux pays se sont poursuivies voire intensifiées depuis les événements du 11-Septembre. Le Soudan fut un très précieux partenaire des Etats-Unis pendant sa longue guerre contre le terrorisme en Afghanistan et en Irak, fournissant des informations sur les insurgés et sur al-Qaïda grâce à son réseau d’informateurs très efficace à travers le Moyen-Orient. La grande dépendance des Etats-Unis par rapport au service contre-terroriste soudanais explique en grande partie, selon les ONG américaines, les réactions modérées de l’administration Bush pendant le génocide du Darfour. Cela étant dit, le gouvernement soudanais n’a jamais réussi à convaincre les administrations américaines successives à sortir leur pays de la liste des Etats terroristes.

Or, le Soudan a besoin d’investissements américains et occidentaux pour se développer, surtout depuis qu’il a été privé de 80% de ses ressources pétrolières suite à la sécession du Soudan du Sud. Le président soudanais a donné des instructions à son ministre des Affaires étrangères pour mettre tout en œuvre pour améliorer les relations avec les Américains. Une première percée a été réalisée avec la visite en février à Khartoum de Steven Feldstein, secrétaire d’Etat adjoint américain du Bureau pour la démocratie, les droits de l’homme et le travail. Depuis, les Américains ont modifié les sanctions pour permettre aux Soudanais d’importer du matériel informatique et des logiciels, tels que les ordinateurs portables et les smartphones.

La réunion de Khartoum sur les sanctions s’inscrit dans cette démarche, surtout dans la perspective des élections présidentielle et législatives prévues pour mi-avril. Enfin, si l’organisation de cette réunion a été confiée au service de renseignements, le Niss, c’est sans doute parce que celui-ci à une longue tradition de collaboration avec les Occidentaux. La virulence de ses agents cache une intimité insuffisamment récompensée.

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