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Départementales : les huit points chauds du second tour

Corrèze, Nord, Vaucluse, Essonne, Val-de-Marne, Isère, Pyrénées-Orientales et Finistères... tour d’horizon des départements à surveiller tout particulièrement pour le second tour des élections départementales dimanche.

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Par Hubert Vialatte, Pierre-Alain Furbury, Stanislas du Guerny, Gabriel Nédélec, Paul Molga, Olivier Ducuing

Publié le 26 mars 2015 à 16:51

Christian Favier.

Jean-Marc Pujol.

André Vallini.

Bernadette Malgorn.

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Jerome Guedj.

Gérard Bonnet.

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- Un second tour à quatre inconnues - Le mode d’emploi du scrutin, les résultats du premier tour, les enjeux du second tour, les départements à surveiller, les candidats tête d’affiche... plus d’informations dans notre DOSSIER Les élections départementales 2015

Corrèze : le fief de François Hollande menacé

Lors des municipales, l’an dernier, François Hollande avait été marqué par la perte de Limoges, aux mains de la gauche depuis un siècle. Ce dimanche, au second tour des départementales, c’est la Corrèze, dans le même Limousin, que l’UMP rêve de faire tomber dans son escarcelle. Le trophée serait de taille. Le département est le fief du chef de l’Etat, après avoir été jadis celui de Jacques Chirac. C’est là que le leader socialiste s’est implanté dans les années 1980 et a construit sa carrière politique. C’est aussi sur cette terre qui « fait pousser des champignons et des présidents » – selon sa propre formule – qu’il s’est officiellement lancé dans la course à l’Elysée en mars 2011, juste après avoir été réélu à la tête du conseil général (qu’il a présidé de 2008 à 2012). A l’époque, la gauche l’avait emporté de peu, comme en 2008. Cette fois, la majorité sortante, conduite par le socialiste Gérard Bonnet, est en difficulté. Victime de la désunion de la gauche. Malgré une participation relativement élevée, de 59,6 %, le PS n’a remporté aucun canton au premier tour. Et un seul de ses binômes a viré en tête : celui de Bernard Combes, maire de Tulle, premier vice-président du conseil général et conseiller à l’Elysée, à qui il n’a manqué que 8 voix pour l’emporter. La droite, rassemblée, a déjà gagné 4 cantons sur 19 – dont 2 arrachés à la gauche – et est en ballottage favorable dans au moins 5 autres. Beaucoup sont indécis. « La Corrèze se joue à rien », dit-on Rue de Solferino. Mais l’inquiétude domine : seule la mobilisation des électeurs de toute la gauche peut encore permettre au PS de renverser la vapeur.

Nord : l’UMP se prépare déjà à prendre les commandes

« Au pire nous aurons 21 cantons, ce qui est déjà la majorité, au mieux nous pouvons en viser 26 ou 27 . » Jean-René Lecerf, sénateur UMP, élu au premier tour dimanche dernier, est déjà certain d’être le prochain président du Conseil départemental du Nord. Une prise majeure sur les terres de Martine Aubry (pas candidate elle-même). La gauche a été sortie au premier tour de 24 des 42 cantons, et le président sortant, le PS Didier Manier, en ballottage favorable dans son canton, ne pourra pas se succéder à lui-même. Patrick Kanner, ministre de la Ville, est lui aussi en ballottage très favorable, mais certains s’interrogent sur sa survie au gouvernement après la perte du Nord, dont il était l’ancien président. L’autre donne politique est la forte avancée du FN, en tête dans l’ensemble du département, qualifié au second tour dans 37 cantons. Dans 23 d’entre eux, il sera en duel contre l’alliance UMP-UDI et pourrait bien emporter un ou plusieurs sièges. Jean-René Lecerf s’est déjà installé mentalement dans l’habit du futur président, qui sera élu le 2 avril. Il prépare des mesures immédiates pour éviter l’impasse budgétaire. Les finances du département sont sous très haute tension du fait de l’envolée de ses dépenses sociales. L’UMP prévoit déjà un audit, le non-remplacement systématique des départs en retraite, la suppression des présidences de commission et des « emplois politiques », une vigilance renforcée dans le renouvellement des contractuels. Il entend aussi lancer au plus vite une table ronde avec l’ensemble du monde patronal ou consulaire sur le RSA.

Essonne : le « frondeur » Jérôme Guedj sur la sellette

La bataille n’est pas encore gagnée, mais la droite est aux portes de l’Essonne. Elle est arrivée en tête au premier tour dans 9 cantons sur 21 et elle est en ballottage favorable dans plusieurs autres. Une dynamique qui se vérifie depuis les municipales de 2014, à l’issue desquelles elle avait raflé de nombreuses villes, dont Palaiseau, à la gauche, qui contrôle le département depuis 1998. L’ancien ministre UMP Georges Tron, candidat à la présidence du conseil départemental, s’est imposé avec 10 points d’avance dans le canton dont il détient la mairie, Draveil. Mais le Front national pourrait jouer les arbitres après sa percée dimanche dernier. Le parti d’extrêmedroite est arrivé en tête à Corbeille-Essonne et se maintient au second tour dans sept autres cantons. Face à la menace de la droite, la gauche est parvenue à s’unir dès le premier tour dans 8 cantons. Et elle s’est au final qualifiée dans 17 cantons. Jérôme Guedj, le président sortant PS du conseil général, veut donc y croire et martèle son message de rassemblement. Mercredi, ce leader de la fronde au PS, rejoint par la patronne des Verts, Emmanuelle Cosse, a accompagné deux secrétaires d’Etat, Thierry Mandon (Réforme de l’Etat) et Pascale Boistard (Droit des femmes), venus tracter pour faire barrage à Georges Tron sur son propre canton.

Val-de-Marne : les communistes s’accrochent

Manuel Valls était en meeting dans le Val-de-Marne mercredi soir. Une fois n’est pas coutume, il était venu soutenir le président communiste sortant du conseil général, Christian Favier. Pour le second tour, l’heure est au rassemblement à gauche après un premier tour douloureux, car placé sous le signe de la division. Le PCF a bon espoir de conserver ce bastion. Le regain de participation dimanche dernier (49 % contre 36 % en 2011) a permis au Front de gauche de se qualifier dans 11 cantons, dont 7 en tête, et, grâce à un accord de désistement avec les forces de gauche, de se présenter seul au second tour à Ivry-sur-Seine et au Kremlin-Bicêtre. Le PS, lui, devrait conserver les deux cantons de Créteil et ceux d’Alfortville et de Cachan. A l’annonce des résultats sur son canton, Christian Favier, savourait ses 1.300 voix d’avance : «  Ce département peut rester à gauche ». Attention à l’excès de confiance, cependant. La droite a décroché le canton de Maison-Alfort dès le premier tour et a devancé le PCF à Villejuif, bastion communiste que l’UMP a gagné l’an dernier lors des municipales. En tout, la droite peut encore prétendre à une bonne moitié des sièges. Le report des voix du Front national, qui a réussi à se maintenir sur 5 cantons, devrait déterminer l’issue du scrutin, qui sera serré.

Vaucluse : le Front national croit en ses chances

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C’est dans le Vaucluse que le Front national a réalisé ses meilleurs scores au premier tour des départementales, en arrivant en tête dans 11 des 17 cantons et en remportant au passage celui du Pontet avec 53,7 % des voix au premier tour. L’extrême droite a capté 41 % des voix (37,4 % FN, 3,6 % Ligue du Sud), devant la gauche (31,4 %) et la droite (26,5 %). Le parti de Marine Le Pen considère la conquête de ce département rural dirigé par la gauche depuis quatorze ans comme « une hypothèse crédible ». C’est pour lui un enjeu majeur : il disposerait ainsi d’une nouvelle vitrine après avoir conquis plusieurs villes importantes l’an passé. Pour l’emporter, le FN compte sur la porosité entre son électorat et celui de la droite et sur la lassitude de ce dernier vis-à-vis des querelles intestines qui agitent l’UMP locale. Sourds aux consignes parisiennes, une dizaine d’élus de droite se sont ralliés à l’extrême droite. Dans un canton où il est arrivé troisième, l’UMP s’est également désisté sans donner de consignes de vote. La gauche qui s’est présentée unie a mieux résisté, arrivant en tête dans 6 cantons. Elle a retiré ses candidats dans deux triangulaires au profit de l’UMP. Le FN a de son côté conclu une trêve dans la guerre fratricide qui l’oppose à la Ligue du Sud. Arrivé en troisième position à Bollène, le parti lepéniste s’est retiré devant le binôme dissident de l’extrême droite, arrivé deuxième (32,66 % des voix) derrière la gauche (36,45 %). Il affrontera en revanche la Ligue du Sud à Orange. Les électeurs devront arbitrer au total 13 duels et 3 triangulaires.

Pyrénées-Orientales : le FN brouille les cartes

En meeting jeudi soir à Perpignan, Nicolas Sarkozy devait rappeler la consigne de l’UMP pour le second tour : ni vote pour FN, ni vote pour le PS. Une ligne pas toujours respectée : mercredi Jean-Marc Pujol, le maire UMP de Perpignan, avait affirmé que « pas une voix ne doit manquer aux seuls candidats qui peuvent faire échec au FN à Perpignan ». Avec 31,4 % des suffrages, le FN est passé au premier tour devant le PS (24,2 %) et l’Union de la droite (23,6 %), et s’est qualifié dans 16 des 17 cantons. Dimanche, le second tour des départementales s’annonce très indécis. Il sera marqué par sept triangulaires FN/PS/Union de la droite, et dix duels – cinq FN/Union de la droite, quatre FN/PS et un Union de la droite/PS. Nicolas Lebourg, spécialiste des radicalités politiques de l’Université de Perpignan voit dans la montée du FN le signe de la « décomposition du leadership local des autres formations politiques », après la mort de Christian Bourquin (PS) et le retrait de Jean-Paul Alduy (UDI). « Mais malgré son bon score, il y a très peu de chances que le FN, dépourvu d’alliés, prenne ce département », estime toutefois l’universitaire. Le grand nombre de triangulaires pourrait profiter à la socialiste Hermeline Malherbe (36,5 % au premier tour dans son canton), présidente sortante du conseil général et candidate à sa réélection.

Isère : la droite bien partie pour remporter la mise

Le réveil risque d’être amer lundi pour André Vallini. Le département qu’il a dirigé de 2001 à son entrée au gouvernement l’an dernier, après l’avoir arraché à la droite, a de grandes chances de rebasculer. Le secrétaire d’Etat chargé de la Réforme territoriale n’a pourtant pas ménagé sa peine durant la campagne. Ce proche de François Hollande s’est qualifié pour le second tour dans son canton de Tullins, mais il a perdu 10 points par rapport à 2011. Et la gauche a, elle, été éliminée dans 11 cantons sur 29. Le président PS du conseil général, Alain Cottalorda, fait partie de ceux qui n’ont pas franchi le premier tour. Dimanche soir dernier, il ne cachait pas son désespoir : « Le département va basculer, oui. » La gauche paye cher sa désunion. Son rassemblement, seul moyen d’éviter le changement de majorité, n’est pas à l’ordre du jour. Les écologistes et le Parti de gauche, réunis au sein du Rassemblement citoyen, affrontent le PS dans trois cantons. Et les tensions sont toujours vives sur le projet de Center Parcs de Roybon entre les socialistes et les Verts. La victoire annoncée de la droite, arrivée en tête dans 9 cantons, pourraient cependant être gâchées par les très bons résultats du FN. Le parti d’extrême-droite est lui aussi arrivé premier dans 9 cantons, et est parvenu à se maintenir au second tour dans 17 autres.

Finistère : le PS et la droite au coude-à-coude

Le Finistère va-t-il basculer à droite après dix-sept années de règne socialiste? L’ancienne préfète UMP Bernadette Malgorn, conseillère municipale de Brest, veut y croire. L’union de la droite est arrivée en tête au premier tour, mais de peu. L’UDI et l’UMP ont totalisé 33,99% des suffrages, contre 33,53% pour le PS. Avec un score de 15,73% le Front national sera présent au second tour uniquement dans le canton de Plouzané. Depuis les municipales et l’élimination à Quimper de Bernard Poignant, l’un des proches conseillers de François Hollande, le PS est affaibli. Mais la vague bleue annoncée n’a pas déferlé dimanche dernier, notamment à Brest. Les socialistes disposent de réserves de voix du côté des Verts et du Front de gauche, quand la droite semble avoir fait quasiment le plein. Chacun va à la pêche aux abstentionnistes. Les regards se tournent du côté de la commune de Carhaix, où le trublion Christian Troadec, sous l’étiquette régionaliste, arrive largement en tête, avec Corinne Nicole, syndicaliste CGT chez Tilly-Sabco. Avec 35,56% des votants, le leader de la fronde des « bonnets rouges » et maire de Carhaix a mis KO le tandem de droite (19,04%) et éliminé le PS. Il rêve de jouer les arbitres dimanche soir en cas d’égalité entre les différents élus des deux bords...

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