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La pollution atmosphérique perturbe-t-elle l’esprit ?

Des épidémiologistes américains ont mis en évidence un lien entre exposition aux particules fines et troubles de l’anxiété.

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Publié le 26 mars 2015 à 19h57, modifié le 19 août 2019 à 13h11

Temps de Lecture 2 min.

La tour Eiffel noyée dans la pollution aux particules fines, le 18 mars.

Vous sentez-vous anormalement angoissé, oppressé ou anxieux depuis l’épisode de pollution qui a touché une large part de la France métropolitaine, du 15 au 22 mars ? Incongrue au premier abord, la question n’est peut-être pas si absurde, à en croire une large étude épidémiologique publiée, mardi 24 mars, dans le British Medical Journal (BMJ). Conduits par Melinda Power (université Harvard, université Johns Hopkins), les auteurs de ces travaux suggèrent que la pollution atmosphérique aux particules les plus fines peut favoriser l’anxiété, par le biais de processus purement biochimiques.

Surprenante pour le béotien, la conclusion n’étonnera pas outre mesure les spécialistes. Si les effets négatifs des particules fines sur la fonction respiratoire et le système vasculaire sont connus, des travaux expérimentaux récents suggèrent que le passage des particules fines dans la circulation sanguine, par le système pulmonaire, est susceptible de provoquer un stress oxydatif et une inflammation des tissus cérébraux. Ces mécanismes sont suspectés de pouvoir générer ou accentuer des troubles mentaux, ou une légère érosion des capacités cognitives (attention, mémoire de travail, etc.).

Cohorte de 70 000 infirmières

Cependant, c’est la première fois qu’une étude épidémiologique d’ampleur met en évidence un lien, dans la population générale, entre pollution atmosphérique et anxiété.

Les auteurs ont utilisé les données issues d’une cohorte de plus de 70 000 infirmières américaines, suivies depuis 1976. Parmi les nombreux questionnaires auxquelles ces femmes ont répondu, il s’en trouvait un, rempli en juillet 2004, cherchant à évaluer leur niveau d’anxiété à travers une série de questions. Ressentent-elles « une peur déraisonnable des espaces confinés » ? Sont-elles « réticente[s] à sortir de chez [elles] seule[s] » ? Ont-elles des pensées « à propos d’une maladie incurable » qu’elles auraient contractée ? Sont-elles exagérément inquiètes « lorsque [leurs] proches rentrent tard à la maison » ? Une note de 0 à 16 (dit « indice de Crown-Crisp ») a ainsi été affectée à chaque participante. A indice fort, anxiété élevée.

Comment mettre à profit cette information ? Les chercheurs ont eu l’idée d’utiliser l’adresse de résidence des participantes. Ils ont ensuite consulté les archives des mesures de deux types de particules fines (PM10 et PM2,5) et ont même mis à profit les données météorologiques de l’époque, pour estimer le plus finement possible l’exposition de chacune à ces deux polluants. Résultat : les femmes enrôlées dans l’enquête ont un niveau d’anxiété proportionnel à leur niveau d’exposition aux PM2,5, au cours du mois ayant précédé le remplissage du questionnaire. En revanche, avoir été plus ou moins exposé dans les trois, six ou douze mois précédents ne modifie pas le niveau d’anxiété. L’effet observé est donc à court terme. Plus notable : aucun impact associé aux PM10 n’a été mis en évidence.

Les chercheurs demeurent prudents sur l’interprétation de leurs résultats et appellent à d’autres recherches pour confirmer la causalité entre PM2,5 et anxiété. « Ces découvertes s’ajoutent à une littérature scientifique de plus en plus nourrie sur les effets de la pollution de l’air sur la santé mentale, estime Michael Brauer, professeur de santé publique à l’université de Colombie-Britannique (Canada), dans un commentaire publié par le BMJ. Y compris un petit mais intrigant corpus de recherche qui fait le lien entre la variabilité à court terme de la pollution de l’air et le taux de suicide. »

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