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Publics ou privés, les orchestres s'inquiètent pour leur avenir

• •La manifestation Orchestres en fête se termine ce week-end.•Réforme territoriale, baisse des subventions, crise : les nuages s'amoncellent.

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Par Martine Robert

Publié le 27 mars 2015 à 01:01

Si les formations symphoniques de Radio France font actuellement l'actualité, le paysage des ensembles musicaux en France est très varié. On peut s'en rendre compte à l'occasion de la septième édition d'Orchestres en fête, qui réunit ce week-end à la Philharmonie de Paris de nombreuses phalanges régionales. Lancée par l'Association française des orchestres (AFO), qui regroupe les formations subventionnées, la manifestation est relayée notamment par le Collectif culture Bar-bars (Fédération des cafés cultures) et par la branche de la SNCF, Gares et Connexions, pour mettre la musique classique au coeur des villes.

L'Hexagone est riche en fait d'un double réseau d'orchestres. Le premier, mis en oeuvre à la fin des années 1960 par l'Etat et les collectivités locales, comporte 24 formations disposant de musiciens permanents. Leur budget varie de 600.000 euros par an pour le plus modeste à 15 millions pour l'Orchestre de Paris, en passant par 11,5 millions pour celui du Capitole à Toulouse, mais la plupart sont subventionnés à 80 %. Autant dire que la réforme territoriale, comme la baisse des subventions, les inquiètent beaucoup. Philippe Fanjas, directeur de l'AF0, souligne cependant à quel point, « en vingt ans, les orchestres ont profondément évolué ». Ces derniers ont appris à chercher à bénéficier du mécénat, ou à coproduire pour mutualiser leurs coûts, à l'instar de l'Orchestre de Picardie.

Géométrie variable

Le second réseau est celui des orchestres non permanents, au modèle économique opposé. « En moyenne, ils dégagent 66 % de ressources propres, mais parfois bien davantage encore », souligne Catherine Desbordes, déléguée générale de la Fevis, l'association qui fédère une centaine de ces ensembles indépendants. Parmi eux, quelques fleurons comme les Musiciens du Louvre ou les Arts Florissants, qui ont des budgets de plusieurs millions d'euros. Mais la plupart de ces structures à géométrie variable, qui réunissent des musiciens intermittents, ont des moyens de l'ordre de 400.000 euros. Plus encore que les orchestres permanents, ils sont aujourd'hui fragilisés par la crise.

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Pourtant, selon Jacques Toubon, président de la Fevis, si la musique en France est devenue si vivante, elle le doit largement à ces équipes artistiques nées autour du projet personnel d'un instrumentiste, d'un chanteur, d'un chef. Certaines sont nées il y a cinquante ans, mais plus du quart d'entre elles ont été créées après 2005. « Ce perpétuel renouvellement est le gage d'une rencontre avec tous les publics, en particulier les plus jeunes », souligne-t-il.


Les formations non permanentes

On compte 116 adhérents à la Fevis.Leur budget varie de 80.000 à 7 millions d'euros, avec une moyenne de 450.000 euros. Ces ensembles dégagent 66 % de ressources propres en moyenne (billetterie, mécénat...).Ils comptent généralement de 1 à 3 salariés administratifs et engagent 5.000 artistes par saison, ce qui représente l'équivalent d'une entreprise de 785 personnes à temps plein, pour 62 millions d'euros de chiffre d'affaires. Ces orchestres ont donné 3.300 concerts l'an dernier, dont 20 % à l'étranger, et vendu plus de 1, 3 million de places. Ils sont à l'origine de près d'un millier de propositions artistiques différentes par an.Ils ont également assuré 2.400 actions de sensibilisation auprès de 70.000 personnes.

Les orchestres permanents (*)

On compte 24 orchestres, dont 3 ont leur propre auditorium (Bordeaux, Lille et Lyon) et 3 encore sont intégrés à des maisons d'opéra (Bordeaux, Montpellier et Nancy).Ils reçoivent 125 millions d'euros de subventions (21,1 % Etat, 45,6 % villes, 28,6 % régions, 4,7 % départements), représentant 80,4 % de leur budget.De statuts divers (droit privé, régie, association, EPCC...), ces phalanges font travailler 2.000 permanents, dont 1.500 musiciens, mais emploient aussi 4.500 artistes supplémentaires en fonction des oeuvres jouées.Elles donnent 2.500 concerts par an devant 2 millions de spectateurs. (*) Hors orchestres de Radio France, des opéras de Paris, Lyon et Marseille

Martine Robert

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