PRIMAIRE UMP - C'est un bureau politique stratégique qui s'est joué ce mardi 7 avril au siège de l'UMP. Après débat, le BP (le conseil d'administration du parti d'opposition) a entériné les règles de la primaire qui se jouera en novembre 2016 pour départager les candidats à la candidature pour la présidentielle de 2017.
Sarkozy, Juppé, Fillon... Au-delà des favoris, les postulants sont déjà nombreux à se bousculer au portillon. Encore faut-il qu'ils puissent se qualifier pour le premier tour. C'était d'ailleurs le principal point de divergence sur lequel le BP de l'UMP devait statuer: combien faudra-t-il de parrainages, notamment parlementaires, pour avoir le droit de concourir?
La semaine dernière, l'avant-projet dévoilé par Le Monde fixait à 25 le nombre de députés, sénateurs et eurodéputés requis pour gagner son ticket pour la primaire. Un seuil jugé bien trop élevé par les "petits" candidats moins bien implantés à l'Assemblée nationale et au Sénat. Au final, le compromis de 20 parrainages a été arrêté. Pas sûr que tous les prétendants parviennent à atteindre ce nouveau plancher.
La question de la participation des partis alliés (PCD, UDI et Modem) est un autre sujet de tension. Pour l'heure, seul Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France et en rupture de ban avec l'UMP, a formellement exclu de participer à ce qu'il considère comme "un travestissement de la Ve République". Pour satisfaire tout le monde, le nombre de bureaux de vote a été relevé de 8 à 10.000.
Enfin, ultime clarification: les candidats auront jusqu'au 9 septembre pour se déclarer et tout candidat devra abandonner ses fonctions à l'UMP à l'annonce de sa candidature. Autrement dit, certains,à commencer par Nicolas Sarkozy, vont avoir intérêt à retarder le plus longtemps possible leur entrée dans la campagne.
Etat des lieux des chances des candidats déclarés et officieux à la première primaire de l'histoire de la droite parlementaire.
LES QUALIFIÉS D'OFFICE (À MOINS QUE)
Qu'ils soient déjà en lice ou qu'ils se réservent pour la suite, ils ont toutes les chances de remplir toutes les conditions pour postuler en temps voulu.
Fort de son statut d'ancien chef de l'Etat et d'actuel président de l'UMP, Nicolas Sarkozy ne devrait avoir aucun souci pour réunir les parrainages nécessaires pour se présenter en 2016. Pour la course à la présidence du parti, l'ancien maire de Neuilly avait obtenu la signature d'un cinquième des parlementaires UMP. Et depuis son élection à la tête de sa formation politique, ce dernier n'a eu de cesse de cultiver ses réseaux politiques et militants. Au point d'étouffer la concurrence en monopolisant les parrainages? "Seul son agenda judiciaire chargé pour 2016 peut encore l'empêcher. Et encore...", pronostique un cadre non-sarkozyste de l'UMP.
Grâce à son écurie personnelle constituée lors de l'élection du président de l'UMP en 2012, François Fillon n'aura lui non plus aucune difficulté à réunir les soutiens requis pour la primaire UMP. Déjà déclaré, l'ancien premier ministre a vu nombre de ses amis, comme Laurent Wauquiez, se rallier à Nicolas Sarkozy. Mais il a réactivé son club Force Républicaine, multiplie les propositions programmatiques et dispose d'appuis précieux au Sénat, et ce malgré des sondages peu flatteurs pour la primaire.
S'il ne dispose pas d'un courant étendu au Parlement, Alain Juppé devrait lui aussi se qualifier pour la primaire sans coup férir. Sa plateforme électorale (Agis pour la France) est prête. Et son statut de favori du scrutin associé à sa très forte popularité devraient convaincre un nombre suffisant de parlementaires de lui apporter leur parrainage. Mais le doute demeure quant à sa volonté d'aller jusqu'au bout. "Il y a indiscutablement une bulle Juppé. On verra ce qu'il adviendra lorsqu'il tombera sur une arête", prévient un député UMP.
S'il n'est pas encore officiellement en lice, Bruno Le Maireprépare activement sa candidature pour 2016. Son bras droit, le député Thierry Solère, se dit d'ailleurs "certain" que le député de l'Eure ira quoi qu'il arrive. Signe qu'il ne se considère pas comme un candidat de témoignage, la révélation de la dernière élection du président de l'UMP fait savoir qu'il est d'ores et déjà certain de réunir les parrainages requis pour concourir en 2016.
PETITS CANDIDATS VEULENT DEVENIR GRANDS
En retard dans les sondages et moins bien implantés à l'UMP, ce sont eux qui ont le plus à perdre si le nombre de parrainages requis est trop élevé.
Vice-présidente de l'UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet n'exclut pas de se lancer dans la bataille de 2016. Elle a un argument de taille: elle est, pour l'heure, la seule femme (et la plus jeune) en mesure de disputer la compétition. Mais malgré l'activation de son club, La France Droite, la députée de l'Essonne n'est pas encore sûre de pouvoir réunir le nombre requis de parlementaires, même ramené à 20. Ce qui explique pourquoi elle n'a cessé de plaider pour un rabaissement du seuil à 10 ou 15 grands élus.
Premier candidat déclaré, l'ancien ministre Xavier Bertrand risque lui aussi de se heurter à la montagne des soutiens parlementaires. L'ancien secrétaire général de l'UMP a bien des relais au sein du parti. Mais ses attaques contre Nicolas Sarkozy ne lui ont pas attiré que des amis. Chef de file de l'UMP aux régionales dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, le député-maire de Saint-Quentin mise sur une victoire face à Marine Le Pen pour s'installer comme un challenger crédible en 2016.
Officiellement en lice, le député-maire de Nice Christian Estrosi n'est lui non plus pas certain de pouvoir réunir les signatures exigées. Et pour cause: ce sarkozyste historique rallié à François Fillon en 2012 ne dispose pas d'une écurie personnelle. Même son fief des Alpes-Maritimes lui est contesté par le député et patron du conseil général Eric Ciotti, bras droit de François Fillon.
SUSPENSE SUR LES PARTIS ALLIÉS
Une primaire ouverte ne le serait pas totalement si elle était réservée aux seuls membres de l'UMP. C'est pourquoi ses statuts prévoient la participation des partis centristes alliés ou cofondateurs de l'UMP. Encore faut-il que ceux-ci envoient des candidats.
Parti fondateur de l'UMP avec Christine Boutin, le Parti chrétien-démocrate dirigé par le député Jean-Frédéric Poisson pourrait être tenté par une candidature de témoignage en 2016. Manière pour le PCD, bras politique de la Manif pour tous, de peser sur les débats tout en s'offrant une visibilité à peu de frais.
Principal allié de l'UMP, l'UDI présidée par Jean-Christophe Lagarde devrait en toute logique présenter un candidat à la primaire, ceci afin d'éviter une élimination de la droite dès le premier tour de la présidentielle. Reste à désigner un candidat, poste que pourraient se disputer l'actuel président, son rival Hervé Morin, voire selon certaines rumeurs l'ancienne ministre Rama Yade. L'UDI tranchera lors d'un prochain congrès si elle participe ou non à la primaire.
Allié à l'UMP lors des dernières départementales, le Modem de François Bayrou est techniquement éligible pour présenter un candidat lors de la primaire, malgré les réticences exprimées par Nicolas Sarkozy. Soutien affiché d'Alain Juppé, François Bayrou ne semble toutefois pas séduit à l'idée de participer à la primaire.