36% des enfants non scolarisés vivent dans des zones de conflit
- Publié le 09-04-2015 à 07h45
Plus d'un tiers (36%) des enfants non scolarisés dans le monde vivent dans des zones de conflit, phénomène qui s'est aggravé depuis l'an 2000 et dans lequel les filles sont particulièrement vulnérables, s'alarme jeudi l'Unesco.
L'éducation en "situation d'urgence complexe", c'est-à-dire dans des contextes de guerre, troubles civils, déplacements de population à grande échelle, représente un "problème d'ampleur croissante", relève l'organisation onusienne dans un rapport de suivi de l'Education pour tous (EPT), initiative dans laquelle s'étaient engagés 164 pays réunis à Dakar en 2000.
Ces situations "peuvent entraîner la multiplication d'attaques d'école, de viols et de violences sexuelles, qui accentuent la marginalisation de groupes déjà défavorisés. Garçons et filles risquent d'être recrutés de force, parfois dans leur classe, et utilisés pour se battre en première ligne, commettre des attentats suicides ou servir d'espions ou d'esclaves sexuels", déplore-t-elle, relevant que "les filles sont particulièrement vulnérables".
Le Nigeria, où plus de 200 lycéennes ont notamment été kidnappées il y a un an par le groupe islamiste Boko Haram, est le théâtre d'attaques contre les établissements scolaires, tandis qu'au plus fort de la guerre en Afghanistan, les écoles pour filles étaient la cible de violentes attaques.
"Je suis partie à cause de tous ces événements, avec les rebelles", témoigne dans le rapport Sita, élève au Nigeria. "Ils ont détruit notre école, on ne pouvait plus y aller. Ils n'aimaient pas la façon dont certaines filles étaient habillées. Ils nous ont hurlé dessus, en disant que nos vêtements étaient indécents. Ils ont cassé nos pupitres, détruit nos livres d'école et nos affaires. L'école est censée être un lieu pour apprendre".
En Syrie, certains craignent que la crise aboutisse à une "génération perdue". Fin 2013, 2,2 millions d'enfants Syriens en âge d'aller à l'école sur 4,8 millions n'étaient pas scolarisés, de même qu'un demi-million d'enfants réfugiés en Egypte, Irak, Jordanie, Liban et Turquie, précise l'Unesco.
Contre toute attente, certains pays ont réalisé d'énormes progrès, comme la Sierra Leone, qui après onze ans de conflit a réussi depuis 2005 à diviser par deux le nombre d'enfants qui n'étaient jamais allés à l'école, tout en réduisant le travail des enfants.
Ce n'est qu'en 2000 que l'éducation est devenue un volet à part entière de l'action humanitaire, avec la création du Réseau interagences pour l'éducation en situation d'urgence (INEE), auquel participent agences internationales, ministères, ONG et bailleurs de fonds, aussi bien dans des situations de conflit que de catastrophe naturelle.
Toutefois, "la faible part de l'aide humanitaire allouée à l'éducation continue à poser un problème majeur", souligne l'Unesco.
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