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En PACA, élus et militants sont déjà passés à « l’autre Le Pen »

Les cadres du FN préfèrent Marion Maréchal-Le Pen à son grand-père comme tête de liste aux régionales.

Par  (Marseille, correspondant)

Publié le 09 avril 2015 à 09h05, modifié le 19 août 2019 à 12h52

Temps de Lecture 4 min.

Marion Maréchal-Le Pen et son grand-père Jean-Marie Le Pen, le 29 mars à Carpentras (Vaucluse), après l'annonce des résultats des élections départementales.

« J’ai du mal à croire que je suis en train de vous dire cela, mais il faut désormais que le Front national s’éloigne de Jean-Marie Le Pen. Et que nous choisissions une autre tête de liste pour les régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur… » Sénateur et maire FN du 7e secteur de Marseille, Stéphane Ravier semble groggy face à la polémique entre Jean-Marie Le Pen et la direction du FN qui éclate ce mercredi 8 avril : « Cette histoire me touche personnellement. Jean-Marie Le Pen est l’homme qui m’a donné envie de m’investir en politique. De 1990 à 2011, j’ai milité à ses côtés. Aujourd’hui, je ne le comprends pas. Il n’y a aucune logique politique à son attitude. »

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A l’image des autres responsables fédéraux de la région PACA, l’élu marseillais est directement concerné. Dans son interview au journal Rivarol daté de jeudi, Jean-Marie Le Pen réitère son souhait de mener les listes frontistes lors des élections régionales de décembre 2015. Une ultime campagne sur un territoire où il a récolté sur son nom 28 % des voix aux élections européennes, en mai 2014.

« Jean-Marie Le Pen tête de liste, ce n’est plus envisageable ni raisonnable »

Dans son bureau du Sénat à Paris, Stéphane Ravier a attendu l’accord de Marine Le Pen avant de parler à la presse. Le « feu vert » étant parvenu mercredi en début d’après-midi, il s’est rangé avec discipline dans la ligne tracée par la présidente du FN. « Jean-Marie Le Pen tête de liste, ce n’est plus envisageable ni raisonnable, note le responsable du FN des Bouches-du-Rhône. Il faut être cohérent. La fidélité ne doit pas conduire au suicide collectif. M. Le Pen joue la dernière scène du dernier acte d’une pièce politique. »

Comme la plupart des élus frontistes de la région, M. Ravier n’avait pas lu, mercredi, l’interview  : « Des extraits seulement, dans lesquels je n’ai pas reconnu le président. Défendre le monde blanc, c’est une conception racialiste que je n’ai jamais entendue dans sa bouche. Il a toujours parlé de défendre le bleu-blanc-rouge avant tout. » Un tel désaveu est inédit chez cet élu qui a toujours déployé l’étendard du « lepénisme historique » face aux nouveaux venus du Rassemblement bleu marine, l’avocat Gilbert Collard en tête.

« Une autre génération »

En PACA, la candidature annoncée de Jean-Marie Le Pen – écartant du même coup celle de sa petite-fille Marion Maréchal-Le Pen – faisait partie des sujets tabous au FN. Ces dernières semaines, en coulisses, certains s’interrogeaient sur l’âge du leader frontiste, 86 ans, un handicap pour un FN régional qui brandit fièrement la carte du renouveau. « Peut-on être à la fois le parti du plus jeune sénateur – David Rachline dans le Var – et de la plus jeune députée de France – Marion Maréchal-Le Pen dans le Vaucluse – et présenter une tête de liste aussi âgée ? » questionnait, hors micros, un responsable fédéral.

Mercredi, la page semblait déjà tournée. David Rachline, sénateur et maire de Fréjus, qui annonçait qu’il « serait ravi, quel que soit le Le Pen désigné comme tête de liste », dit désormais : « Le bureau politique sera amené à tirer les conséquences politiques pour les régionales. Mais la clarification a déjà été effectuée par Marine Le Pen, qui a montré son total désaccord avec les déclarations de Jean-Marie Le Pen. Au Front national, moi, je n’ai jamais vu “d’ardents pétainistes”. Ce sont des provocations dont je ne comprends pas l’utilité. Si ce n’est, peut-être, de ralentir la progression de la présidente. »

« Qu’on cesse de faire passer Marion Maréchal-Le Pen pour une charognarde ! »

Si Catherine Rouvier, conseillère municipale FN à Aix-en-Provence et proche de Marine Le Pen, reconnaît « un malaise », Damien Guttierez, nouveau conseiller départemental du Var, parle, lui, d’un « soulagement » : « Nous avons fait un immense travail de crédibilisation, d’implantation, que les dérapages réitérés de M. Le Pen plombent complètement… Il appartient à une autre génération et aurait dû accepter la situation. »

Dans le Var, le maire de Cogolin, Marc-Etienne Lansade, se montre encore plus brutal : « Je n’ai jamais caché que la candidature de Jean-Marie Le Pen allait être compliquée à défendre sur le terrain. Je regarde avec désolation ses différentes interventions. La plupart de mon entourage est de confession juive et je me sens peiné de devoir justifier mon engagement politique après des propos d’une telle maladresse. » Proche de Marion Maréchal-Le Pen, M. Lansade s’agace aussi des critiques qui touchent la députée : « Qu’on cesse de la faire passer pour une charognarde ! Marion n’est absolument pas en embuscade dans cette histoire. »

Dans le Vaucluse, fief de Marion Maréchal-Le Pen, une réunion fédérale évoquera les régionales dès vendredi : « Vous imaginez bien pour qui notre cœur balance, lâche Thierry d’Aigremont, responsable des élections à la fédération FN du Vaucluse. Je suis persuadé qu’une dynamique plus forte se créera si c’est Marion qui est désignée. Les saillies historiques de Le Pen n’intéressent plus personne : la moitié de nos adhérents sont nés après les années 1950. »

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