Le Premier ministre, Manuel Valls, lors des questions à l'Assemblée, le 7 avril 2015

Ce lundi 13 avril, Manuel Valls a salué le travail constructif de l'opposition concernant le projet de loi renseignement.

afp.com/ERIC FEFERBERG

Un peu plus de trois mois après les attentats de Paris, la lutte contre le terrorisme fait son entrée au Parlement. L'examen du projet de loi sur le renseignement a débuté aujourd'hui à l'Assemblée nationale. Un peu plus tôt, plusieurs dizaines de manifestants s'étaient retrouvées devant le palais Bourbon pour dénoncer les atteintes aux libertés individuelles de ce texte. Des revendications portées avant tout par des associations et des juges. Sur le terrain parlementaire, en revanche, le débat devrait être beaucoup moins animé.

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Réserves contenues à l'UMP

Certains indices ne trompent pas. Lorsque le Premier ministre salue le soutien et le "travail constructif" de l'opposition, c'est parce que l'opposition politique ne se constate qu'à la marge sur le dossier.

A l'UMP, on attend davantage une évolution du texte qu'une remise en cause du projet gouvernemental. A la tribune, Eric Ciotti a bien déposé une motion de renvoi en commission aux côtés de Christian Jacob. Mais leurs critiques sonnent creux. Le premier explique en effet dans le même temps que ce "texte marque des avancées positives". Pour lui, ce débat "exige l'unité nationale en soutenant très majoritairement ce projet de loi." Bruno Lemaire a aussi fait savoir que l'on pouvait "encore faire avancer le texte". Même ton chez Christian Estrosi, qui votera pour le projet malgré ses nombreuses réserves. Son argument? La nécessité de "renoncer à certaines libertés pour sauvegarder la liberté".

Une trentaine d'amendements des frondeurs socialistes

A chaque fois que le gouvernement présente un projet de loi marquant, les prises de position des frondeurs de la majorité sont scrutés avec attention. Une trentaine d'amendements ont été signés par les principaux animateurs de ce mouvement. Leurs requêtes portent sur les points de débat du texte. Ils réclament une réduction de son champ d'application et la révision de dispositifs consacrés par le texte, comme les boîtes noires intégrées dans les infrastructures réseau des opérateurs. Pour les prises de position publiques, il faudra encore patienter un peu.

L'UDI et EELV posent leurs conditions

A côté de ses camarades de l'UMP, Hervé Morin s'est montré beaucoup plus critique vis-à-vis du gouvernement. Le député UDI a ainsi formulé plusieurs requêtes, qui détermineront selon lui son vote. A savoir une révision de la conservation des données personnelles ou un plus fort encadrement des pratiques de surveillance par des organismes indépendants tels que la Commission nationale informatique et libertés (Cnil).

Certains élus Europe écologie Les verts (EELV) assument plus facilement leur opposition au texte. Cécile Duflot était d'ailleurs présente devant l'Assemblée ce lundi midi lors de la manifestation soutenue par plusieurs syndicats et associations. A la tribune, Sergio Coronado dit attendre de nombreuses corrections au texte pour écarter le risque de surveillance généralisée.

Le FN farouchement opposé

Le Front national se montre quant à lui très fermement opposé au texte. Le parti a en effet lancé une pétition nationale contre la loi, sur son site. A la Tribune, Marion Maréchal Le-Pen a construit son argumentaire autour du "risque islamiste", que le gouvernement serait incapable de gérer au niveau politique. Avec le projet de loi renseignement, le Front national a trouvé un débat sur lequel il peut se retrouver, loin des querelles familiales.

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