La montre Lip, pied de nez à l’Apple Watch

Sur le modèle Mach 2000 version 2015, les trois couronnes-boules de couleurs primaires ont été remplacées par trois boules d’acier poli, le boîtier est légèrement plus gros que l’original et la montre est équipée d’un bracelet de cuir perforé fauve, brun, blanc ou noir. Classique des classiques, le modèle Himalaya n’a pas été oublié. Philippe Bérard, le patron de l’entreprise de Châtillon, dans l’agglomération de Besançon (Doubs), a travaillé dans le secret pendant un an, avant de dévoiler la bonne nouvelle au salon mondial de l’horlogerie de Bâle : Jean-Claude Sanssemat, le propriétaire de la marque Lip depuis la liquidation, en 1977 – après quatre longues années de conflit social –, lui a confié pour mission de la relancer à Besançon.

Un retour dans l’ancienne capitale horlogère après un détour par le Gers où la société MGH l’exploitait principalement en grande distribution, et avec laquelle SMB a signé un contrat de sous-licence exclusif pour l’exploitation chez les horlogers-bijoutiers des modèles historiques et de designers. Une annonce qui fait écho au lancement le 24 avril prochain de l’Appel Watch.

Interpréter les modèles

Le patron de cette entreprise horlogère de 120 personnes rêve de faire avec les modèles Lip ce que BMW a fait avec la Mini Cooper ou Fiat avec la Fiat 500 : « Reprendre tout ce qu’il y a d’imaginatif et de meilleur dans ces créations en arrondissant les formes, en grossissant certaines pièces, en apportant de la couleur, du polissage, de nouvelles matières ». C’est cette piste de l’infime interprétation de ces modèles protégés qu’il suit depuis un an. Il travaille avec Pierre-Alain Bérard, son fils, qui a travaillé sur les modèles historiques (Himalaya, Churchill, Henriette, de Gaulle…), tandis que lui se penchait sur ceux des designers comme Roger Talon, qui a aussi dessiné le TGV (Mach 2000, TV, Big TV, Mini Moon…).

A Bâle, où son stand faisait se côtoyer les montres féminines Go et ces Lip remises au goût du jour, sous le logo inaltérable dessiné par Fred Lip, la cohabitation « a bien fonctionné », a constaté le dirigeant. La marque parle encore aux Français et aux Suisses – mais assez peu au-delà –, et c’est le modèle Himalaya qui s’est le plus vendu.

Un contrat de 5 ans

Le contrat signé avec MGH il y a un peu plus d’un an et pour cinq ans pourra être reconduit pour la même durée si l’entreprise bisontine le souhaite, avec une option d’achat à la fin. « Nous voulons être prudents, vérifier que la marque Lip n’est pas abîmée, ne pas mettre en danger SMB », poursuit Philippe Bérard, qui avait fondé sa société horlogère en 1978 en faisant le pari de la montre d’entrée de gamme et accessoire de mode. Détenue à 100% par la famille Bérard, l’entreprise s’était fortement développée dans la grande distribution dans un premier temps puis chez les horlogers-bijoutiers.

Forte d’un réseau de 5.000 clients, elle conçoit et vend aujourd’hui 1,5 million de montres par an. SMB a réalisé un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros dont 30% à l’export (essentiellement en Europe) en 2014. Les modèles à quartz ou automatiques vendus entre 200 et 500 euros et pourraient être distribués dans le réseau Maty, autre fleuron de l’horlogerie-bijouterie bisontine. Dans un premier temps, les modèles Lip seront fabriqués comme les autres de SMB, qui se fournit en composants en Asie tout en s’appuyant sur les acteurs locaux de la filière, notamment pour l’assemblage et le conditionnement, réalisés à Besançon. « Nous verrons ensuite, en fonction des ventes, comment les industrialiser », avance Philippe Bérard. Le patron de SMB est prêt à dédier à la marque créée par Fred Lip son bâtiment des horlogers aujourd’hui réservé au stock et au SAV des montres Go, Certus Paris, Action, Inotime… « On essaiera de rattacher Lip le plus possible à l’histoire locale », promet-il.