Madagascar : la peste a déjà fait 39 morts

Madagascar : la peste a déjà fait 39 morts

    La peste connue depuis l'Antiquité n'a jamais disparu de la planète*. Cette année, Madagascar y est particulièrement confrontée. Quatre-vingt six personnes ont attrapé cette maladie et 39 sont décédées depuis septembre dont plus d'une vingtaine ces derniers jours. Ce problème sanitaire, qui surgit en pleine campagne électorale, alimente une instabilité socio-économique que la crise politique qui s'éternise depuis début 2009 n'a pas arrangée. Les Malgaches sont appelés aux urnes vendredi 20 décembre pour le deuxième tour de l'élection présidentielle couplé aux législatives.

    L'épidémie, qui concerne cinq districts sur 119, est propagée par les rats poussés vers les habitations notamment par la déforestation incontrôlée de l'île, dans un pays ravagé par la pauvreté et une invasion de criquets sans précédent cette année.  Un médecin de la direction générale de la Santé à Antananarivo, la capitale, a précisé que 90% des cas prenait la forme de la peste pulmonaire qui est plus grave que la forme plus répandue -la peste bubonique ou peste noire- car elle peut tuer en trois jours. Elle peut aussi se transmet par voie aérienne d'homme à homme, par l'inhalation des gouttelettes expectorées par les malades.

    Le premier décès déclaré quelques semaines plus tard

    Le premier décès est survenu dans un village en pleine forêt à 150 kilomètres de la localité de Mandritsara (nord), accessible en moto puis à pied. La personne est morte avant le mois de novembre, mais son décès n'a été déclaré officiellement que le 23 novembre. Le ministère a invité la population à «consulter en cas de fièvre, migraine». «Il y a des médicaments pour traiter cette maladie et les soins sont gratuits», a-t-il ajouté. Les antibiotiques traitent l'infection.

    Des feux de brousse très politiques

    «Cette année, il y a une recrudescence des feux de brousse», selon le directeur général des forêts au ministère de l'Environnement Jean Claude Rabemanantsoa. A cause de la sécheresse, de la mode de certains jeunes d'enflammer la brousse lorsqu'ils ont bu, explique-t-il. En outre, dit-il, «nous sommes en période électorale» et «à Madagascar, les feux de brousse peuvent être utilisés comme un mode d'expression politique».

    Phénomène qui n'étonne plus les Malgaches eux-mêmes, les paysans ont pris l'habitude depuis plusieurs années de mettre le feu à la végétation quand ils sont mécontents de l'insécurité, du coût de la vie, etc.

    Des mesures prises avec l'OMS

    De plus, «avec les pluies et les ordures qui s'entassent, cela attire les rats dans les villes et villages», ajoute ce responsable. Antananarivo, où aucun cas de peste n'a été enregistré, croule sous les ordures au point que la délégation de l'Union européenne a lancé des actions d'urgence d'assainissement pour les zones basses de la ville, souvent inondées, la capitale étant elle-même entourée de rizières.

    Le ministère a précisé que «les mesures requises ont déjà été prises en partenariat avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'institut Pasteur de Madagascar» avec «des équipes déjà sur place pour prendre en charge les malades».

    * Des foyers et des cas de peste ont été relevés en Asie, notamment en Chine ou en Afghanistan, d'après une récente étude d'experts. En Afrique, la République démocratique du Congo est également affectée par la maladie.