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L’ombre du Dr Mengele plane sur le procès du « comptable d’Auschwitz » Oskar Gröning

Eva Kor, rescapée du camp d’extermination, est venue témoigner au procès du SS. Elle y a raconté comment, avec sa jumelle, elle a subi les expérimentations du médecin nazi.

Par  (Berlin, correspondant)

Publié le 22 avril 2015 à 21h28, modifié le 23 avril 2015 à 07h44

Temps de Lecture 2 min.

Oskar Gröning quitte le tribunal mardi 21 avril.

C’est une petite femme de 81 ans qui, mercredi 22 avril, a ému le tribunal de Lunebourg (Basse-Saxe). Celui-ci juge depuis la veille Oskar Gröning, 93 ans, accusé en tant que « comptable d’Auschwitz » d’avoir participé à la mort d’au moins 300 000 personnes entre mai et juillet 1944, exterminées au cours de l’opération « Hongrie ». Justement, cette femme, partie civile et non témoin, faisait partie de ces déportés.

« Je m’appelle Eva Kor. En mai 1944, quand on nous a amenés à Auschwitz, je m’appelais encore Eva Mozes. Ma famille et moi faisions partie d’un convoi de Hongrois. » A bord, son père, Alexandre Mozes, 44 ans, sa mère, Jaffa, 38 ans, ses sœurs – Edit, 14 ans ; Aliz 12 ans – sa sœur jumelle, Miriam, et elle, 10 ans. « Après trente minutes sur la rampe, Miriam et moi avons été séparées pour toujours de notre famille. Nous seules avons survécu parce que nous avons été utilisées pour les expériences du Dr Mengele », a-t-elle expliqué. Celui-ci s’intéressait particulièrement aux jumeaux, pour comparer leurs réactions.

« Elle n’a plus que deux semaines à vivre »

Avec les produits qu’on leur a injectés et la fièvre qu’elles ont eue, Miriam et Eva auraient dû mourir. « C’est dommage. Elle est si jeune. Et elle n’a plus que deux semaines à vivre » : Eva se souvient encore du Docteur Josef Mengele et de son rire sarcastique. Sur 1 500 paires de jumeaux utilisés comme cobayes par le « médecin », moins de 250 personnes ont survécu, a rappelé Eva Kor. « Incapable de marcher », rampant sur le sol, elle finit un jour par retrouver sa sœur. Le 27 janvier 1945, les deux jeunes filles sont encore en vie lorsque les Russes libèrent le camp. Ce n’est que plusieurs mois plus tard qu’elles se rendront compte qu’elles sont les seules survivantes de leur famille.

Sa sœur est morte en 1993. Ses reins étaient ceux d’un enfant de 10 ans. Les médecins n’ont jamais su quels produits Mengele lui avait injectés. Aujourd’hui, Eva Kor dit « avoir pardonné aux nazis », mais précise que cela ne « les libère pas ». Venue de l’Indiana pour voir et écouter Oskar Gröning, elle avait, avant l’ouverture du procès, rendu hommage au fait que celui-ci s’exprime. Mais, à l’issue de la déposition de l’accusé, elle a déploré finalement qu’il « n’ait pas dit grand-chose ». « Je suis un peu déçue », a-t-elle ajouté.

Ce mercredi, Oskar Gröning a détaillé le fonctionnement du camp d’Auschwitz et a affirmé qu’il ne s’était rendu qu’à quelques reprises sur la rampe où étaient triés les déportés avant, pour la plupart d’entre eux, d’être envoyés dans les chambres à gaz. « La capacité des chambres à gaz et des fours crématoires était vraiment limitée », a-t-il dit. « On se vantait qu’on pouvait liquider 5 000 personnes par jour », a-t-il poursuivi. « Les juifs qui arrivaient » dans des wagons à bestiaux chargés de 80 à 85 personnes, vidés à tour de rôle, « n’avaient pas à décharger leurs affaires sur la rampe, le personnel le faisait pour eux », a raconté celui qui se décrit comme un « pauvre petit sous-officier » et qui, mardi, lors de la première journée d’audience a reconnu sa « faute morale ».

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