Attentat évité à Villejuif : les secrets d'un projet téléguidé

 

Attentat évité à Villejuif : les secrets d'un projet téléguidé

    Un visage juvénile, un parcours scolaire salué par ses professeurs, un casier judiciaire vierge... Rien ne laissait présager les projets d'attentats de Sid Ahmed Ghlam. C'est en 2014 que que le nom de cet étudiant algérien de 24 ans apparaît pour la première fois dans les radars des services de renseignement. Puis une seconde fois en février dernier. Il est alors en voyage pour dix jours en Turquie et a évoqué auprès d'un proche ses velléités de départ pour le jihad en Syrie. Il s'en vante auprès d'un fonctionnaire qui, immédiatement, alerte la police. Informés, les services de renseignement s'intéressent de près à l'étudiant modèle. Pendant plusieurs semaines, son environnement est passé au crible : fréquentations, échanges de mails, communications, consultations de sites... En vain. « Aucun élément probant n'a été découvert lors de ces enquêtes », confie une source judiciaire, qui ajoute qu'une fiche de surveillance dite « S13 » est alors établie, destinée à contrôler ses déplacements hors de France.

    Dans les premiers jours de mars, pourtant, le jeune homme matérialise ses projets d'attaque, sous l'impulsion d'au moins un homme non identifié, suspecté de se trouver en Syrie. Le message est clair : cibler une église sur le sol français, comme l'a révélé l'analyse de ses deux téléphones, saisis après son interpellation. Sur l'un, dédié à communiquer avec sa compagne, Emilie, rebaptisée Jennifer dans son répertoire, apparaissent de nombreux échanges de SMS avec le donneur d'ordre. Les premiers éléments de l'enquête ont montré qu'entre le 13 et le 16 avril le portable de Ghlam a « born? dans les environs d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Il s'y rend sur les indications de son mystérieux interlocuteur, toujours transmises par SMS. Là, dans une Renault Mégane stationnée dans la rue, un arsenal l'attend. En ouvrant le coffre grâce aux clés dissimulées dans une cachette, il rafle plusieurs fusils automatiques, des chargeurs approvisionnés et des gilets pare-balles. Un impressionnant stock qu'il ramène le soir même dans la chambre de sa résidence universitaire à Paris. Une caméra de vidéosurveillance le filme avec ce paquetage.

    Quelques jours avant la date programmée de l'attaque, qui doit viser au moins une église de Villejuif (Val-de-Marne), Sid Ahmed Ghlam émet des réticences. Convaincu -- ou sans doute menacé par son ou ses complices --, il se rend dimanche matin à Villejuif. Il y croise la route d'Aurélie Châtelain, qui, assise sur le siège passager de son véhicule, consulte son ordinateur portable. Il cherche sans doute à dérober son véhicule, une Mégane également, pour assurer sa fuite, avancent des sources proches de l'enquête. Cette voiture aurait pu lui servir à rejoindre Saint-Dizier (Haute-Marne), où vivent ses proches.

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    Dans les minutes qui suivent la mort d'Aurélie, il reprend le volant de sa voiture mais se blesse à la jambe avec son pistolet en entrant dans l'habitacle. Sur le chemin de son domicile, il appelle le Samu, victime d'une importante hémorragie. Prévenus par les secouristes de la présence d'un blessé par balles, les policiers inspectent son véhicule, qu'il a garé non loin de chez lui. Un gyrophare trône sur la plage avant. En ouvrant le coffre, ils mettent la main sur un fusil AK47, un chargeur, un pistolet automatique, un ordinateur et des plans de deux églises de Villejuif, dont l'une située à 2 km du lieu où a été tuée Aurélie Châtelain. Des coordonnées des commissariats de Villejuif et des environs sont également saisies, ainsi qu'une liste de notes manuscrites où apparaît notamment à plusieurs reprises la mention « Par Dieu nous nous vengerons ». Dans sa chambre, trois fusils automatiques, autant de gilets pare-balles, des cartes SIM françaises et turques sont découverts, ainsi que de la littérature jihadiste, à la gloire du groupe Etat islamique et d'Al-Qaïda. Confondu par les expertises balistiques et son ADN retrouvé dans la voiture et sur la parka d'Aurélie Châtelain, Sid Ahmed Ghlam a été placé en garde à vue, qui devrait se prolonger jusqu'à samedi. Lors de ses premières auditions, il aurait reconnu une partie des faits, tout en livrant des explications fantaisistes sur sa possession d'un tel arsenal qu'il comptait jeter dans la Seine... Il observe depuis un mutisme complet. Les enquêteurs, eux, s'attachent à identifier ses complices présumés et à éclaircir ses motivations.

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