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Santé

Cerveau : pourquoi l'arrêt du tabac rend anxieux

Une équipe américaine a découvert un nouveau circuit cérébral qui s'active lors d'un sevrage de la nicotine et qui augmente l'anxiété.
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Cerveau : pourquoi l'arrêt du tabac rend anxieux
De nombreux fumeurs ressentent de l'anxiété lorsqu'ils arrêtent de fumer.
© ALEXANDER KLEIN / AFP

DÉCOUVERTE. C'est presque inéluctable : arrêter de fumer rend anxieux, au point de conduire parfois à une rechute. Une mystérieuse relation de cause à effet que des neuroscientifiques de l'Université du Massachusetts et du Scripps Research Institute viennent d'élucider. "Nous avons identifié un nouveau circuit dans le cerveau qui s'active lors du sevrage de la nicotine et qui augmente notamment l'anxiété", a déclaré Andrew Tapper, professeur de psychiatrie et principal auteur de cette étude. Leurs résultats ont été publiés dans Nature Communications.

Une zone dédiée normalement au plaisir... qui induit du stress

En 2013, Andrew Tapper avait découvert que lorsqu’un fumeur s’arrête, les symptômes du sevrage à la nicotine sont gérés par un groupe très spécifique de neurones, localisés dans une région très précise du cerveau, le noyau intrapédonculaire. Dans cette nouvelle étude, son équipe est allée plus loin en constatant qu'une sous-région du noyau intrapédonculaire est responsable de l'anxiété, et l'autre sous-région, à l'origine des autres symptômes du sevrage nicotinique, comme les maux de tête, les nausées et les insomnies.

Ils ont aussi découvert que des neurones provenant d'une autre région du cerveau, l'aire tegmentale ventrale, convergeaient vers le noyau intrapédonculaire afin de stimuler les neurones anxiogènes. Un résultat très étonnant puisque cette zone joue un rôle majeur dans le circuit de la récompense (voir schéma ci-dessous), induisant du plaisir, et non de l'anxiété. Les chercheurs ont toutefois constaté qu'elle activait les récepteurs neuronaux de la corticolibérine, un neurotransmetteur libéré en réponse au stress.

Le circuit de la récompense occupe un rôle central dans la mise en place et le maintien d’une addiction. Trois systèmes de neurones (dopaminergiques, sérotoninergiques et noradrénergiques) interviennent pour réguler le circuit : le dysfonctionnement de l’un d’entre eux peut générer l'addiction. © Inserm, F. Koulikoff, Fotolia

Deux voies possibles

Autre découverte surprenante : les neurones d'une autre région du cerveau, l'habenula médian, stimulent aussi les neurones du noyau intrapédonculaire, en libérant du glutamate, le principal neurotransmetteur excitateur dans le cerveau, ce qui a pour effet d'augmenter la libération de la corticolibérine. Les chercheurs estiment qu’il est possible de mettre au point un traitement pouvant aider à l'arrêt du tabac."Il est possible d'atténuer l'anxiété lors d'un sevrage de nicotine soit en intervenant sur l'aire tegmentale ventrale, soit sur l'habenula médian, explique Andrew Tapper.

"Il existe déjà des médicaments bloquant le récepteur CRF, qui contribue à l'activation de neurones anxiogènes, précise le chercheur. Il nous reste à déterminer si le circuit que nous avons identifié est impliqué dans l'anxiété induite par le stress en général, ou dans l'anxiété induite seulement par le sevrage de nicotine", conclut-il. 

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